Le Rock à Rennes

27 décembre 1985
03m 09s
Réf. 00356

Notice

Résumé :

Rennes est reconnue pour sa scène rock. Ce phénomène a débuté grâce notamment au groupe Marquis de Sade, puis a été renforcé par le festival des Transmusicales. Ce festival est un réel tremplin pour les jeunes groupes de rock.

Date de diffusion :
27 décembre 1985
Source :
A2 (Collection: JA2 20H )

Éclairage

A l'origine du festival Les Trans-Musicales, aujourd'hui internationalement reconnu, il faut souligner l'importance du mouvement associatif rennais. C'est l'association Terrapin qui invente les premières Trans-Musicales en 1979. Créé en 1976, ce collectif entend participer à la vie socioculturelle de Rennes en proposant une alternative à la diffusion des seuls groupes de musique parisiens.

Terrapin organise tout au long de l'année des concerts dans différents lieux de la ville, révélant l'existence de nombreux groupes de rock locaux et suscitant par là même la formation de plusieurs autres. Le terme rock ne reflète pas tout à fait l'éclectisme et la diversité de tous ces groupes, mais il semble bien avoir une résonance pour les médias qui en parlent comme d'un phénomène à Rennes, correspondant, au-delà de la musique, à un mode de vie. Mais c'est bien avant cet écho médiatique de plus en plus important que l'association Terrapin décide d'organiser ces premières rencontres. Celles-ci ne sont pas imaginées comme un festival, mais plutôt comme une suite de concerts qui donnent un coup de projecteur à l'association, en grande difficulté financière. Ces concerts de soutien se tiennent le 14 et 15 juin dans la salle de la Cité, à Rennes, et ont pour but de donner une plus grande visibilité à des groupes rennais jusque-là peu reconnus. C'est aussi un temps de réflexion sur l'organisation des concerts, sur les questions techniques et matérielles, un temps où l'on s'interroge sur les possibilités de construire un espace musical où public et groupes sont partie prenante de l'événement. Les concerts sont à la libre participation de chacun et, dans les tracts de ces premières Trans-Musicales, on parle "d'autogestion". Le pari est réussi, le public répond présent. Dans un premier temps, il n'est pas question d'instituer ces rencontres et d'en faire un rendez-vous annuel. Le mois de juin 1980 se passe sans que les Trans-Musicales ne soient reconduites. Mais les sollicitations pour que l'événement soit réitéré sont grandes. L'association donne donc rendez-vous aux spectateurs rennais en décembre 1980. Le succès est confirmé, et dès lors les Trans-Musicales se tiennent au mois de décembre de chaque année. L'horizon s'élargit, des groupes et des labels indépendants de toute la France sont conviés. Une exposition est organisée à la maison de la culture, des documentaires musicaux sont projetés. Les Trans-Musicales reflètent alors un engagement militant fort en offrant un espace à une musique jusque-là confidentielle.

En 1985, Terrapin cède la place à l'association Trans-Musicales (ATM) qui se resserre sur la seule organisation du festival. Sous la houlette de ses programmateurs audacieux, Jean-Louis Brossard et Hervé Bordier, le festival s'ouvre à l'international et devient à la fin des années 1980 un rendez-vous incontournable d'aventures musicales singulières. Pour ces quinze ans, en 1993, les Trans-Musicales effectuent un retour aux sources avec une large programmation de groupes de rock français. Parallèlement, on trouve des têtes d'affiche, censées convaincre le grand public de participer au festival. Le développement des Trans-Musicales est constant, chaque année, des milliers de spectateurs arpentent les rues de Rennes à la découverte de nouveaux groupes mais aussi de formations plus connues. Ce mélange fait encore aujourd'hui la particularité des Trans-Musicales.

Soline Levaux

Transcription

(Musique)
Journaliste
Strasbourg a ses saucisses, Le Mans ses rillettes et Rennes ses rockers. Certains sont des natifs de la ville, d'autres sont attirés par l'idée qu'ils pourraient s'épanouir plus facilement là qu'ailleurs. C'est le cas du chanteur du groupe Ubik.
Philippe Maujard
Moi j'ai vu que beaucoup de journalistes écrivaient sur Rennes, c'était à cause de Marquis de Sade, parce qu'il faut reconnaître que c'était un des premiers groupe français disons, qui avait un potentiel international, tout ça, donc ben oui je suis venu à Rennes puisque je me suis dit puisque tout le monde parle Rennes, je vais y aller ça va être beaucoup plus simple, c'est normal.
Journaliste
Le Rennais, Philippe Pascal, chanteur du groupe Marquis de Sade, aujourd'hui Marc Seberg, estime que les transmusicales ont fait aussi beaucoup pour l'image branchée de la ville.
Philippe Pascal
Ce que je déplore, c'est que cette manifestation devra avoir lieu dans chacun des pays de l'Europe continentale. Ça permettrait à des groupes de, je dirais de série B, sans que ce soit péjoratif, pas très connus mais suffisamment intéressants pour accrocher le public de se faire connaître. C'est le cas à Rennes et je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas le cas à Vienne, à Berlin ou à Prague.
Journaliste
En effet, ce festival rock pas comme les autres, a été un tremplin pour beaucoup de groupes. Cette année, on a ouvert le bal avec Beau Ténébreux, une formation rennaise. Nerveux après la prestation ?
Chanteur
Non, non, non je suis calme.
Journaliste
Ça s'est bien passé ?
Chanteur
Oui, c'était bien.
Journaliste
Beau Ténébreux, c'est l'un des 50 groupes rennais recensés. Evidemment, tous ne sont pas au top niveau mais il y en a une bonne dizaine qui tiennent la route. Pour le leader des Kalachnikov, ce foisonnement est dû à l'iode.
Dominic Sonic
La ville doit s'y prêter, le cadre, non, peut-être le passé... Ouais, l'iode de toute façon, ça renfloue, d'une part, et le passé de la ville du point de vue rock, déjà.
Journaliste
Rock, rock, mais quand même.
Passante
Parlez-moi de Luis Mariano, parlez-moi de Tino Rossi.
Journaliste
Vous avez des enfants ?
Passante
Oui.
Journaliste
S'ils étaient rockeurs ?
Passante
Eh bien, j'en serais malheureuse.
Journaliste
Heureusement elles ne sont pas toutes comme çà.
Passante 2
Bon, moi, il vit quelque chose de passionnant, il le fait de tout son coeur, il est heureux, c'est l'important.
Journaliste
Oui, dans rockeur, il y a aussi le mot coeur.
Pierre Thomas
L'important c'est de bien aimer sa maman. C'est toujours valable même en 85.
Journaliste
Bon, alors Philippe, là parmi la cinquantaine de groupes qu'on peut recenser à Rennes, quels sont ceux qui marchent ?
Philippe Tuffigo
Ceux qui ont marché en 85, je dirais Kalashnikov, Evening Legions, Marc Seberg, et puis 86 ça sera certainement l'année de Tohu.
Journaliste
Tohu Bohu, c'est le groupe de Daniel Paboeuf, le dernier-né des enfants du rock rennais. Et il espère bien réussir car son estomac ne se limite pas au cheeseburger.
(Musique)