Historique des sources

Les documents sélectionnés proviennent des fonds d’archives gérés par l’Ina : archives de la télévision publique nationale et régionale, archives de la presse filmée (Actualités Françaises) et du ministère de l’Agriculture.

Grace à la variété et la qualité des sujets produits par les équipes de la télévision régionale dès 1967, la plus grande partie des documents illustrant cette fresque proviennent de l’ORTF, de FR3 et de France 3 Picardie. Ils reflètent et accompagnent l’émergence de la région administrative puis l’affirmation de son identité et de son développement et, en quelque sorte, de son indépendance vis-à-vis des deux pôles d’attraction que sont la région parisienne et le Nord Pas-de -Calais.

La période 1945-1967

De 1945 au début des années 1960, les documents proviennent essentiellement des fonds de presse filmée des Actualités Françaises. Dans cette période on va suivre, entre autres, la reconstruction d’Amiens.

La Picardie administrative avec ses trois départements telle qu’on l’a connaît aujourd’hui est née à la fin des années 50. Pour la télévision nationale RTF puis ORTF, c’est un territoire encore assimilé à l’ancienne province : Amiens, sa cathédrale, ses hortillonnages et ses cabotans et l’Aisne des cathédrales… Les actualités filmées ou télévisées couvrent les manifestations paysannes ou les voyages du Général. Pour la télévision encore très « parisienne », la Picardie c’est très (trop) proche et finalement bien loin des écrans. Il est probable que bien des téléspectateurs français ont découvert avec étonnement en 1966 dans le journal de 2OH de la 1ère chaîne nationale un sujet de sept minutes sur la maison de la culture d’Amiens (lors de son inauguration) et ses 7000 abonnés.

La télévision régionale naît à Lille en 1950. Avec le développement des émetteurs, une partie de la Somme reçoit les émissions de Télé Lille. Le sud de l’Oise est couvert par la région parisienne et la région de Château-Thierry par la Champagne-Ardennes (le CAT de Reims est créé en 1965).

1967 la naissance d’une télévision régionale en Picardie accompagne l’affirmation d’une Région

Ce n’est que trois ans après le début du maillage de la France avec la création de Centres d’actualités télévisées (CAT) chargés de diffuser un journal télévisé régional chaque soir, qu’est créé celui d’Amiens en avril 1967. Il est rattaché à une direction régionale de l’ORTF à Lille. Dès le départ, le contenu du journal va se distinguer par de longs sujets couvrant différents aspects économiques, culturels et historiques de la jeune région.

En mai 1968, Picardie Actualités accompagne les mouvements revendicatifs et, comme dans de nombreux CAT, les équipes se mettent en grève, mais fait remarquable, non seulement elles accompagnent le mouvement en proposant chaque soir un journal de la Picardie en lutte, mais ces journaux sont « kinescopés » (le direct est enregistré). Aussi les archives de cette période sont-elles exceptionnelles et presque uniques en France. Ainsi, peut-on suivre pratiquement en direct, entre autres, la « démocratisation » de la Maison de la Culture.

Dans la période qui va suivre les événements de mai, et le projet de création de collectivités territoriales dans les régions (référendum d’avril 1969), le journal régional va mener dans les trois départements une longue enquête auprès de la société civile, de l’homme ou la femme de la rue aux chefs d’entreprise, sur la Région Picarde. Cette implication de la télévision régionale dans la confortation d’une Picardie administrative s’affirme en décembre 1968. A la suite de l’annonce du projet du maire de Reims Jean Taittinger de rattacher l’Aisne à la Champagne-Ardennes, le président de la CODER est invité le soir même dans le journal pour défendre la cohérence historique et économique de la Région picarde.

De la maturité à l’autonomie

Avec la création de la 3ème chaîne en 1973 puis de FR3 Nord-Pas-de-Calais-Picardie en 1975, la télévision picarde va élargir sa programmation avec des magazines et va prendre en charge pour les deux régions les magazines agricoles.

Les sujets sont tournés sur support film jusqu’en 1977, en noir et blanc. La couleur arrive donc avec la vidéo.

Dans les années 80 FR3 Picardie va affirmer l’identité régionale avec Vous êtes en Picardie produit par Jacques Darras en 1983 puis Picardie Picardieries (1983-1984) produit par Laurent Devime ; émissions qui nous font découvrir auteurs, créateurs , musiciens picards et picardisants comme Pierre Garnier, Armel Depoilly, JP Faquier, Marc Montsigny…

Attachés à la station régionale, les journalistes sont fiers de leur région et de ses valeurs culturelles. On pense à Philippe Dessaint qui accompagne l’émergence d’une jeune génération de défenseurs du picard, ou plus tard à l’insatiable Thierry Bonté qui fait découvrir les richesses du patrimoine dans le magazine Millénaire, ou encore les toiles de Clovis Trouille conservées dans les penderies de la maison du petit fils du peintre… Il est difficile de ne pas évoquer ici le regretté Patrice-Thedy Colleuille –PTC-, historien, sociologue, ethnologue avec le magazine Pour Mémoire entre 1984 et 1991, magazine qui sera ensuite décliné au-delà de la Picardie dans la collection documentaire Mémoire. Dans un magazine agricole Plein champ, consacré à la langue picarde, il nous fait entendre un enregistrement qu’il avait effectué, avant sa carrière journalistique, du tout dernier locuteur en picard du village d’Oresmeaux près d’Amiens.

Dans les années 1990-2000, il faudrait citer Témoins un magazine d’information réalisé conjointement avec Lille, les « 6 minutes » Picardie Première, Picards d’ici, puis Vu d’ici…

A partir de 2010, France 3 Picardie devient autonome au sein du pôle Nord-Est de France Télévisions. Ses programmes continuent de refléter la diversité des territoires et des hommes de la région avec en particulier Picardie matin et une politique intelligente de coproductions de documentaires.

Une thématique singulière

Comme nulle part ailleurs, les reportages d’actualités ont suivi d’année en année jusqu’à aujourd’hui les chantiers de fouilles archéologiques. C’est que l’Histoire depuis la Préhistoire et l’homme d’Acheul est riche en Picardie ; d’ailleurs c’est à Abbeville qu’est née avec Boucher de Perthes la science préhistorique. Cette région recèle nombre d’archéologues de renom comme Roger Agache, un des « pionniers » de l’archéologie aérienne qui a découvert de nombreux sites dans les plaines picardes. Pour la première fois dans une fresque de l’Ina, une entrée thématique spécifique a été créée pour l’archéologie. La richesse et la multiplicité des sujets sont telles qu’il a fallu se limiter de la période allant du Paléolithique à l’Antiquité gallo-romaine. Il reste encore beaucoup à traiter des Mérovingiens jusqu’à la Grande Guerre.

Des fonds au service de la mémoire et de l’Histoire d’une région

Ce rapide tour d'horizon des sources et de leur contenu montre que les documents sélectionnés dans la fresque Images de Picardie, sont le reflet de la diversité, géographique, économique, sociologique … des territoires qui constituent aujourd’hui une Région et une identité.

Remis dans leur contexte et mis en perspective les uns par rapport aux autres, ils offrent une source patrimoniale singulière et remarquable pour la compréhension de l’Histoire, des Hommes et de la culture picarde.

Jean-Noël Marquet

Responsable documentaire

Ina - Délégation régionale Nord