Une deuxième greffe du visage réalisée à Amiens par le professeur Devauchelle
Notice
Invité en plateau, Bernard Devauchelle professeur du CHU d'Amiens, commente la deuxième greffe partielle de visage qu'il vient de réaliser au CHU d'Amiens. L'opération a eu lieu, jour pour jour, quatre ans après la première greffe réalisée sur Isabelle Dinoire. Le reportage (images exclusives de l'opération par France 3) montre les différences de cette greffe avec la première. Cette nouvelle réussite est le résultat du travail de toute une équipe, dont les compétences sont aujourd'hui largement reconnues. Le Pr Devauchelle espère maintenant mener à bien la création d'un centre de recherche consacré à ce secteur.
Éclairage
Le 27 novembre 2005, le Centre hospitalier universitaire d'Amiens voit se dérouler un événement capital dans l'histoire des transplantations : la première greffe partielle du visage, pratiquée à l'initiative du chirurgien Bernard Devauchelle, en étroite collaboration avec ses collègues Sylvie Testelin et Benoît Langelé et l'équipe du service de chirurgie maxillo-faciale du CHU d'Amiens, et en partenariat avec le service de transplantologie du Centre Hospitalier Édouard-Herriot de Lyon (Pr Dubernard). Spécialiste en matière d'allogreffe, ce service lyonnais a été responsable de l'établissement du traitement immunosuppresseur et du suivi immunologique.
La patiente, Isabelle Dinoire, avait été blessée par son chien dans la soirée du 27 mai 2005. La partie inférieure du visage (nez, joue, lèvres, menton) avait été emportée. Elle avait été hospitalisée à Amiens le 30 mai et le remplacement des tissus manquants par une allogreffe de tissu composite avait été rapidement envisagé comme étant la meilleure solution. L'été 2005 est consacré à la préparation de la greffe et à l'attente des autorisations de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé.
Le succès de la greffe provoquera une forte pression médiatique — dont témoignera en particulier le livre de Noëlle Chatelet, Le Baiser d'Isabelle, paru en 2007 — tandis qu'un important travail scientifique est mené à Amiens autour de la question du visage, avec en janvier 2007 l'organisation d'un colloque international "Un visage, œuvre de main", la publication en 2010, aux éditions Brepols, de La fabrique du visage, de la physiognomie antique à la première greffe, sous la direction de François Delaporte, Emmanuel Fournier et Bernard Devauchelle et la création de l'Institut Faire Faces, lauréat en 2011 du programme "Investissements d'avenir" pour un Equipex.
Le reportage a été diffusé à l'occasion de la seconde greffe, réalisée le 27 novembre 2009, quatre ans jour pour jour après la première greffe, avec la nécessité de greffer de l'os, car le patient avait perdu son maxillaire.
L'entretien diffusé est l'occasion pour Bernard Devauchelle de rappeler que la Grande Guerre, si présente en Picardie, fut la matrice de la chirurgie maxillo-faciale, avec le traitement des gueules cassées dans des "hôpitaux de l'avant" destinés aux blessés de la face, comme l'hôpital auxiliaire d'Amiens, installé dans un édifice religieux loué à la Communauté des Dames de Louvencourt puis agrandi en 1916 au Palais de justice, où travaille le docteur Blot, aidé de 137 personnels, au service des 550 blessés que son service peut accueillir
Une troisième greffe sera réalisée à Amiens le 13 juin 2012 au bénéfice d'une patiente âgée de 52 ans qui présentait, préalablement à l'opération, une grave défiguration des étages moyen et inférieur du visage liée à une malformation artério-veineuse tumorale bénigne agressive.
Cette dernière opération constitue la 22ème transplantation faciale réalisée dans le monde.