Maguy Marin et Umwelt

30 novembre 2004
02m 14s
Réf. 00887

Notice

Résumé :

A l'affiche de la Biennale de la danse, de Lyon, en 2004, la chorégraphe Maguy Marin présente son nouvel opus Umwelt sur le plateau du Toboggan, à Decines.

Date de diffusion :
30 novembre 2004
Source :

Éclairage

La présentation par le journaliste en dit long sur la réception de Umwelt, pièce de Maguy Marin à l'affiche du Toboggan, à Decines. "Pas forcément grand public!". La conclusion, par la reporter sur le terrain, enfonce le clou. "Un langage chorégraphique qui semble de plus en plus s'adresser à un public d'initiés". Il est vrai que, lors de la création du spectacle le 3 décembre 2004, l'ambiance parmi les spectateurs n'était pas au beau fixe. A peine une demi-heure après le début de la pièce, l'orage métallique déclenché par Denis Mariotte, musicien et complice de création de la chorégraphe, avait déjà provoqué la colère de certains et fait sortir quelques autres.

Le fracas de Umwelt est sans doute resté un souvenir marquant pour nombre de spectateurs. L'orage levé par Mariotte emportait dans son tourbillon des personnages happés par le quotidien. Au cours du reportage, Maguy Marin résume Umwelt en ces termes : "Des gens qui pleurent, se battent, boivent leur café, une mère qui embrasse son enfant...". Et c'est bien de cela qu'il s'agit, de ces éclats de vie ordinaire où tout un chacun peut se reconnaître.

Umwelt ( « environnement ») met en scène des rangées de miroirs rectangulaires composant un labyrinthe. Neuf danseurs, changeant de costumes et de rôles au quart de tour, apparaissent et disparaissent entre ces plaques métalliques, constituant une chaîne humaine ininterrompue. Un homme promène son chien, une femme se balade avec son bébé... Ces vignettes de quelques secondes, véritables confettis de vie, surgissent dans leur beauté dérisoire. Sauf que la tempête fait rage, que le vent souffle et fait trembler le décor. Sauf que le vacarme sonore renvoie les routines de chacun à un manège terriblement vain. Le grand huit de la course quotidienne prend un air sans issue. Avec Umwelt, Maguy Marin persistait dans sa veine de chorégraphe-philosophe, taillant dans la réalité un répertoire d'images belles et modestes, irradiées par les miroirs mobiles.

Depuis May B. (1981), inspirée par l'œuvre de Samuel Beckett (voir ce document), Maguy Marin a tracé une voie nette et forte. Au fil d'une quarantaine de pièces, dont la plupart sont nourries par des oeuvres littéraires, cette personnalité emblématique de la danse contemporaine tourne et retourne les questions de l'identité, de l'individu dans la société, des formatages en tous genres et du difficile combat pour rester tout simplement humain. Dans la foulée de Umwelt, Turba (2007), s'empare d'écrits du poète latin Lucrèce dit par onze interprètes en différentes langues. C'est Homère qui enfièvre Description d'un combat (2009). Et toujours une danse d'actions portée par des interprètes, danseurs et acteurs.

D'origine espagnole, née à Toulouse en 1951, Maguy Marin a fait ses apprentissages à l'école Mudra de Maurice Béjart, à Bruxelles. Installée à la Maison des arts de Créteil, entre 1980 et 1990, sa compagnie devient Centre chorégraphique national en 1985. Avec le musicien et compositeur Denis Mariotte depuis 1987, Maguy Marin creuse une langue très personnelle, fouillant le geste et les sons du corps, la danse et le texte, la musique live, en se cherchant des alliés du côté de la littérature. Installée en 1998 à Rillieux-la-Pape, en banlieue lyonnaise, elle est redevenue compagnie indépendante depuis 2011, date à laquelle elle décide de quitter la direction du Centre chorégraphique. Depuis 1976, Maguy Marin a réalisé plus d'une quarantaine de spectacles. Collaborant parfois avec des troupes autres que la sienne comme l'Opéra de Paris ou le Het Nationaal Ballet Amsterdam, elle a mis en scène une version de Cendrillon (1985), succès international, et de Coppélia (1993) pour le Ballet de l'Opéra de Lyon.

Rosita Boisseau

Transcription

Présentateur
Evoquons maintenant la dernière création de Maguy Marin, elle s’intitule Umwelt , environnement en allemand. Elle traitait la question des rapports humains dans le monde, un travail de recherche chorégraphique étonnant, pas forcément grand public. Sylvie Adam, Laure Crozat.
(Bruit)
Journaliste
A la fin du spectacle règne le chaos. Alors, les danseurs ramassent les débris, les débris d’un monde qui va de travers. Maguy Marin poursuit sa quête de l’être humain et se pose inlassablement la même question, pourquoi les hommes n’arrivent-ils pas à faire la paix ?
(Bruit)
Journaliste
La musique, électrique, oppressante, donne le ton.
(Bruit)
Journaliste
Les êtres se résument à des gestes simples du quotidien. Maguy Marin a décliné toutes les variations possibles d’une même attitude.
(Bruit)
Maguy Marin
Au milieu d’un tas de débris, dans un autre lieu du monde, ailleurs, des gens pleurent, des gens se battent, des gens meurent, des gens boivent leur café, des gens embrassent leur enfant, des gens achètent un petit chien et des gens prient. Voilà, tout ça se côtoie, tout ça vit ensemble.
(Bruit)
Journaliste
Pas de fioritures, des déplacements très ajustés, une composition presque mathématique et une multitude d’accessoires et costumes en tout genre.
(Bruit)
Journaliste
Sur les 9 interprètes, 4 ne sont pas des danseurs. La chorégraphe repousse sans cesse les limites de sa pratique artistique et frôle la non-danse.
(Bruit)
Maguy Marin
Je ne sais pas où je vais, le fait même de travailler et de chercher me suffit.
(Bruit)
Journaliste
Un langage chorégraphique qui semble s’adresser de plus en plus à un public d’initiés.
(Bruit)