May B. de Maguy Marin
Notice
Dans le cadre de l'émission d'Eve Ruggieri, des extraits de May B., pièce chorégraphiée en 1981 par Maguy Marin, sur des musiques de Bach et de Gavin Bryars, sont présentés. May B. est l'un des best-seller de la compagnie et pépite absolue de la danse contemporaine.
Éclairage
Incontestablement l'une des pièces-phares de la danse contemporaine. Mais aussi, le spectacle best-seller de la chorégraphe Maguy Marin. Créé en 1981, au théâtre d'Angers, May B. met en scène une chenille de dix humains défigurés qui hoquètent et tremblotent, vision cruelle et lucide de l'humain. Inspirée par l'œuvre de Samuel Beckett, cette saga tragique, entre danse et théâtre, fait grimper le nom de Maguy Marin (née en 1951) en haut de l'affiche.
Si les réactions du public sont très réservées, voire hostiles au début - les salles se vident devant cette danse macabre -, elles basculent peu à peu. Loin de la tendance abstraite américaine à la mode, l'écriture expressive et acérée de Maguy Marin sonne singulièrement crue et réaliste. Trois ans après la création, les directeurs de théâtre commencent à programmer le spectacle. Depuis, le succès de May B. n'a jamais faibli. Régulièrement repris par la compagnie, la pièce est devenue le code d'accès à l'univers de Maguy Marin. Une cinquantaine de danseurs ont interprété May B. depuis 1981. Ulises Alvarez, présent sur le plateau dès 1983, le transmet aujourd'hui aux nouveaux venus. Régulièrement, la chorégraphe elle-même se joint à ses danseurs pour retrouver en quelque sorte ses fondamentaux et conserver le contact avec sa compagnie.
D'un point de vue économique, cette pièce est aussi le garde-fou de la troupe, assurant des rentrées financières importantes. Au point que Maguy Marin a suspendu trois fois sa production pour ne pas se laisser piéger dans une seule œuvre. Au point aussi où, lorsque la compagnie a besoin d'argent, elle la reprenne immédiatement. Quarante et un pays des cinq continents ont vu passer May B. qui a été dansé quelque cinq cents fois en trente ans.
A l'origine de May B., il y a la passion de lectrice de Maguy Marin. Bouleversée par l'œuvre de Samuel Beckett, elle rêve pendant des années d'un spectacle autour de l'écrivain. Après un rendez-vous avec Paul Puaux, du Festival d'Avignon, en décembre 1980, elle passe à l'acte et conçoit en une heure les grands motifs de son futur spectacle. Elle décide de rencontrer Samuel Beckett, alors âgé de 75 ans, pour évoquer son projet. Beckett la soulage de l'obligation d'utiliser des textes et lui glisse un conseil : prendre toutes les libertés avec son œuvre. May B., dont le titre évoque une pièce écrite par Beckett adolescent, correspond aussi au prénom de la mère de l'écrivain et à son nom réduit à une seule lettre. Avec May B., Maguy Marin est devenue l'une des figures emblématiques de la danse contemporaine française dans le monde entier.
D'origine espagnole, Maguy Marin (née en 1951) a fait ses apprentissages à l'école Mudra de Maurice Béjart, à Bruxelles. Interprète au Ballet du XXe siècle dirigé par Béjart, elle fonde une première compagnie avec Daniel Ambash et décroche un prix au Concours de Bagnolet en 1978 avec Nieblas de Nino sur des mélodies populaires espagnoles. Installée à la Maison des arts de Créteil, entre 1980 et 1990, sa compagnie devient Centre chorégraphique national en 1985. Avec le musicien et compositeur Denis Mariotte depuis 1987, Maguy Marin creuse une langue très personnelle, fouillant le geste et les sons du corps, la danse et le texte, la musique live, en se cherchant des alliés du côté de la littérature.
Installée depuis 1998 à Rillieux-la-Pape, en banlieue lyonnaise, elle est redevenue compagnie indépendante depuis 2011, date à laquelle elle décide de quitter la direction du Centre chorégraphique. Depuis 1976, Maguy Marin a réalisé plus d'une quarantaine de spectacles. Collaborant parfois avec des troupes autres que la sienne comme l'Opéra de Paris ou le Het Nationaal Ballet Amsterdam, elle a mis en scène une version de Cendrillon (1985), succès international, et de Coppélia (1993) pour le Ballet de l'Opéra de Lyon.