Historique des sources

L’audiovisuel, source historique

La fresque numérique Au fil de l’Alzette... territoires et destins partagés, raconte l’histoire d’un territoire transfrontalier traversé par l’Alzette, une rivière qui suit son cours entre la France et le Luxembourg. Elle a été élaborée à partir d’extraits issus des fonds d'archives audiovisuelles de l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) en France et du Centre national Audiovisuel (Cna) au Luxembourg.

L’Ina (Institut National de l’Audiovisuel) est détenteur des droits sur les archives de l’audiovisuel public français. À ce titre, il conserve la production des chaînes de télévision et radio publiques depuis leurs origines. Cette fresque contient des extraits de ses fonds de presse filmée, d’archives de télévisions publiques régionales, quelques sujets de la télévision publique nationale et un extrait sonore radiophonique.

Le Cna (Centre National de l’Audivisuel), acquiert ses collections d’images animées de deux façons : le dépôt légal et le dépôt volontaire. La collection RTL est constituée de milliers d’heures de programmes et documente tous les événements qui ont marqué la vie du Luxembourg et de la Grande Région de 1955 à nos jours. A cela s’ajoutent les documents nativement numériques produits aujourd’hui, non seulement par RTL mais aussi par des chaînes de télévision locales. Outre la production télévisée, le CNA conserve l’ensemble de la production cinématographique nationale, de même que plus de 12 000 films amateurs et de nombreux enregistrements de spectacles. L’archive la plus ancienne de la fresque date de 1921 et provient des archives du CNA. Il s’agit d’un film de la Columeta, filiale de l’ARBED (Aciéries Réunies de Burbach, Eich et Dudelange).

La source audiovisuelle est une richesse irremplaçable pour la compréhension des XXe et XXIe siècles. La presse filmée puis la télévision se sont fait l’écho de l’évolution de notre société sur les plans politique, économique, social et culturel. Elles ont accompagné, en images et en sons, les événements majeurs de l’Histoire de nos régions. L’interrogation et la mise en avant de ces sources constituent donc aujourd’hui, avec le recul, un formidable outil de compréhension pour tous, de pédagogie et d’éducation aux médias au service de cette Histoire.

La presse filmée 1944-1969

Certains documents sont issus du fonds de presse filmée "Les Actualités Françaises" (AF) acquis par l'ORTF en 1969 et dont a hérité l'Ina. Ces Actualités cinématographies débutent au tout début du XXe siècle, soit près de 50 ans avant la télévision et perdurent jusqu'à la fin des années 60. Diffusées dans les salles de cinéma, elles offraient au public un panorama, généralement hebdomadaire, de l'actualité nationale et mondiale et, plus rarement régionale.

La télévision régionale en Lorraine depuis 1959

L'apport de documents de la télévision régionale lorraine à la fresque est largement majoritaire et couvre la période 1959 – 2019. Ceux-ci ont été produits par la station de Nancy. Si la télévision nationale débute en 1949, si les premières télévisions régionales commencent à diffuser en 1953, il faudra attendre 1959 pour que la télévision régionale s’installe à Nancy. Néanmoins, dès janvier 1957, le programme Est Magazine commun à l’Alsace et la Lorraine est diffusé depuis Strasbourg, et ce jusqu’en 1959.

Le Ministre de l’Information, Alain Peyreffite, décide à partir de 1963 de développer la régionalisation des journaux télévisés autour de la création des Centres d’Actualités Télévisées. C’est ainsi que sera créé en 1963 à Nancy le Centre de Production Télévisée de Lorraine - Champagne Ardenne. Ces centres sont inaugurés en personne par le Ministre de l’Information marquant ainsi une volonté de prise en main de cet outils de communication pour contrebalancer le poids jugé trop important et incontrôlé de la presse quotidienne régionale.

Imprégnée des mutations de la société qui touchent le paysage audiovisuel français, la télévision régionale s’ouvre plus sur les questions de société et de mutations économiques à partir de la fin des années 60. Progressivement, dans les années 70, sous les coups de boutoirs conjugués de Mai 68, du départ de De Gaulle et de l’éclatement de l’ORTF, un changement de ton est observé dans le traitement de l’information. La télévision s’interroge alors plus ouvertement sur les questions de société, les conflits sociaux, tout en continuant à s’intéresser, surtout grâce aux stations de FR3, aux mutations économiques régionales.

Un territoire, deux pays, des téléspectateurs par-delà les frontières

Parallèlement à l’évolution générale de l’audiovisuel, l’ancrage territorial à la lisière de la frontière franco-luxembourgeoise marque la singularité des télévisions sur ces territoires.

Cette fresque numérique réalisée à l’occasion de la manifestation Esch’2022, capitale européenne de la culture, en témoigne. Une des particularités de cet événement est qu’il dépasse les frontières nationales en partant d’Esch-sur-Alzette au Luxembourg et en associant des communes du territoire lorrain. Cette singularité d’un territoire où les femmes et les hommes vivent, travaillent et échangent par-delà les frontières nationales, impreigne également l’histoire de l’audiovisuel de cette région. En effet, depuis les années 50, le long de cette frontière, le téléspectateur est habitué à regarder la télévision française et luxembourgeoise. Dès la construction de Télé Luxembourg en 1954, un émetteur a été placé à Dudelange, site approprié à la diffusion des programmes vers la Lorraine.

La télévision luxembourgeoise

Créée le 23 janvier 1955, Télé Luxembourg deviendra RTL Télé Luxembourg puis RTL Télévision, RTL TV et enfin RTL 9. Les archives sont conservées par le Centre National de l’Audiovisuel (CNA) basé à Dudelange.

RTL Télévision a longtemps expérimenté des dispositifs tournés vers les spectateurs en créant des programmes particuliers : pour les enfants (L’école buissonnière, 1955), pour les femmes (Ram-Dames, 1970, pour la jeunesse (Citron grenadine, 1979) ou à destination de communautés arrivées sur ces territoires pour travailler dans les mines ou la sidérurgie (Buona Domenica, 1982).

Sur Télé Luxembourg est né en 1969 RTL Hei Elei Kuck Elei,  un programme hebdomadaire d’informations présenté en  luxembourgeois. Chaque dimanche après-midi, ce magazine de 90 minutes résumait l’actualité politique, sociale, culturelle et sportive de la semaine au Grand-Duché. En 1991, le programme deviendra  quotidien préfigurant « RTL Télé Lëtzebuerg » première chaîne en luxembourgeois créée en 1995  proposant une « heure d’information » entre 19h00 et 20h00. Depuis, RTL Télé Lëtzebuerg est devenu un rendez-vous quotidien pour les résidents du Grand-Duché de Luxembourg avec une mission de service public définie dans un cahier des charges établi entre RTL et l’État luxembourgeois.

Ces programmes sont devenus de véritables moments de télévision et de vie partagés par la population, qu’elle habite d’un côté ou de l’autre de la frontière franco-luxembourgeoise. Les animateurs vedettes de la chaîne sont aussi célèbres en Lorraine qu’au Grand-Duché (Marylène Bergman, Jean-Luc Bertrand ou Georges Lang)

C’est dans ces archives que nous avons sélectionnés des extraits pour donner à revoir sous forme de fresque audiovisuelle les moments clés de l’histoire de ces territoires bordant le cours d’eau de l’Alzette. Ils ont été diffusés à un moment donné dans le flux de l’actualité et peuvent parfois être difficilement compréhensibles aujourd’hui.

Le travail de sélection et de rédaction d’éclairages par des spécialistes, permet de dépasser la forme journalistique initiale. Ces enrichissements culturels et éducatifs font d’Au fil de l’Alzette… territoires et destins partagés un outil de compréhension d’une population vivant, travaillant et s’éduquant par-delà les frontières.

Anne Gerhard-Masson,
Responsable documentaire, Ina Grand-Est