Interview with Patrick Dewaere

27 mai 1979
04m 36s
Ref. 00207

Information

Summary :

Interview with Patrick Dewaere on the Cannes Festival, himself and his cinematic desires.

Media type :
Broadcast date :
27 mai 1979
Source :
FR3 (Collection: Ciné regards )

Transcription

(Musique)
Journaliste
Ca t'amuse, le festival de Cannes ?
Patrick Dewaere
Oui, j'aime bien ça. C'est les dessous du cinéma. Je veux dire c'est formidable à quel point on arrive à faire du cinéma à Cannes sans matériel, juste en causant, comme ça, à table. C'est marrant. C'est bien.
Journaliste
Mais ça te plait, comme ça, cinquante interviews par jour ?
Patrick Dewaere
Oh non. Ca, au bout d'un moment, ça me gonfle un peu. Ca, c'est sûr. Parce que ça fait chier de s'expliquer, s'expliquer. Si les gens ont envie d'aller voir le film, ils vont le voir et puis c'est tout. Je n'ai pas à m'expliquer. Je fais du cinéma.
Journaliste
Tu te vois en vieil acteur, quand tu vieilliras, à quoi tu vas ressembler ? Il y a les vieux du cinéma : il y a Brasseur, il y a Simon.
Patrick Dewaere
Je ne serais jamais vieux, moi.
Journaliste
Comment tu seras quand tu seras vieux ? C'est-à-dire ?
Patrick Dewaere
Moi, vieux, ce n'est pas dans... On dit vieux à partir du moment où on a peur du lendemain. C'est à ce moment-là qu'on devient vieux. Je n'ai jamais peur... j'essayerais de ne jamais avoir peur du lendemain.
Journaliste
Tu aimes ta tête ?
Patrick Dewaere
Oui, oui. Je me trouve beau.
Journaliste
Et si tu deviens chauve ?
Patrick Dewaere
Je suis déjà chauve. Je me trouve beau.
Journaliste
Chauve, tu te plais ?
Patrick Dewaere
Oui, très bien. Je trouve que ça me donne un certain charme.
Journaliste
Est-ce qu'il y a des acteurs qui t'intéressent à part toi ?
Patrick Dewaere
Bien sûr.
Journaliste
Qui ?
Patrick Dewaere
C'est mes rêves d'enfant, je veux dire c'est Marlon Brando, c'est Dustin Hoffman, c'est Jane Fonda, c'est Shelley Duvall.
Journaliste
Comme on tombe deux jours, ou trois jours, ou une semaine avant le palmarès, tu as des petits rêves, comme ça, de grand prix d'interprétation ou tu t'en fous complètement ?
Patrick Dewaere
De toute façon, moi, j'ai toujours raté tous mes examens et je suis très très habitué. Parce que je n'ai jamais été choisi par un jury, jamais, moi. Alors, cela dit, j'ai envie d'avoir un prix d'interprétation parce que je suis français et que je représente la France. Alors, vive la France !
Journaliste
C'est un numéro "café de la Gare" ça, c'est retour aux vieilles sources ?
Patrick Dewaere
Non, pas du tout, c'est vrai, c'est ce que je pense. Parce que le prix d'interprétation, de toute façon, moi, je sais ce que je suis. Je veux dire ce n'est pas parce qu'on va me décerner un truc, et les gens savent ce que je suis. Je veux dire, il y a les spectateurs aussi qui sont là et qui viennent. Alors, à partir du moment où ils viennent, qu'est-ce que vous voulez qu'un prix d'interprétation fasse ? Donc, que j'aille beaucoup plus loin. Mais en tout cas, j'espère. Je ne prends pas le public pour des cons. Ca ne me fera pas perdre un pouce ni en gagner un. Parce qu'un prix d'interprétation, je ne sais pas. Les gens, ils en jugent. Ils n'ont pas besoin d'un jury.
Journaliste
Est-ce que tu comprends que tu puisses exaspérer aussi des gens par ta manière de jouer tellement violente, tellement comme ça, bouillonnante, enfin ce qui ravit complètement Françoise Chalais. Tu n'aimes pas les acteurs sobres ?
Patrick Dewaere
Si si. J'aime bien. J'aimerais bien. Mais j'ai l'impression que je suis sobre, moi. J'essaye d'être sobre au maximum. C'est pour ça que je dis que j'essaye d'en faire un minimum. Je ne sais pas, peut-être que ce n'est pas mon tempérament, peut-être. J'aimerais bien jouer comme Marlon Brando. Il ne fait rien et il est fou. Mais j'aimerais bien jouer avec Dustin Hoffman, aussi. Il en fait beaucoup et qui est vraiment tellement vrai. Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que je dois faire. Je fais toujours au mieux. Une autre question ?
Journaliste
Pourquoi tu as tant de diamants sur toi ?
Patrick Dewaere
Parce que je trouve ça beau. C'est des vrais ? Non, ça, c'est du strass.
Journaliste
Et l'oreille ?
Patrick Dewaere
Ca, c'est du diamant.
Journaliste
Pourquoi des diamants dans l'oreille ?
Patrick Dewaere
Parce qu'hier, c'était en smoking. Alors, l'or, ça ne va pas !