L'influence gothique dans l'architecture de la métropole lilloise au XIXe siècle

02 décembre 1977
04m 55s
Réf. 00066

Notice

Résumé :
Au XIXe siècle on utilise les décors gothiques. Le style néo-gothique devient le ralliement des milieux catholiques avec l'université catholique de Lille, la cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille construite en 1860. Cependant le beffroi de la ville de Lille édifié en 1826, la Caisse d'épargne de Roubaix, le bureau de poste d'Armentières s'inspiraient aussi de ce style.
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Date de diffusion :
02 décembre 1977
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Éclairage

Le courant néogothique est apparu en Angleterre au XVIIIe siècle et s’est répandu au XIXe siècle sur le continent. Mouvement à la fois national et romantique, il prend des caractéristiques différentes selon les pays. En France, l’écrivain Prosper Mérimée devient inspecteur général des Monuments Historiques en 1834, et fait recenser les bâtiments remarquables sur le territoire français. (La base Mérimée créée en 1978 qui recense l’ensemble du patrimoine architectural remarquable pour le ministère de la culture est un hommage à ce précurseur). Ami d’enfance de l’architecte Viollet-Le-Duc, il lui confit la restauration de nombreux bâtiments dont la cathédrale Notre-Dame de Paris. L’engouement pour l’art gothique se propage alors dans tous les arts, littérature, peinture, décoration et architecture. C’est le style "Troubadour" qui répond en France au style "Gothic Revival" de l’Angleterre mené entre autre par John Ruskin, défenseur de Venise. Mais les écrits théoriques de Viollet-Le-Duc sur la structure gothique ont eu un retentissement bien au delà du décor et ont permis l’essor d’une architecture rationnelle moderne issue du langage gothique : le néogothique qui se diffuse tant dans les édifices publics que privés au XIXe et début XXe siècles.

 A Lille, le beffroi de l’hôtel de ville construit en 1825 par Amé Leplus, participait de ce courant gothique romantique mais n’était guère aimé de ses contemporains et fût détruit en 1857 lors de la construction par Benvignat de la nouvelle mairie en place du Palais Rihour.

C’est pourtant le style néogothique remettant à l’honneur les formes ogivales et verticales qui devient le ralliement des milieux catholiques lillois dans la seconde partie du XIXe siècle. Le choix stylistique du gothique de la première moitié du XIIIe siècle dans l’énoncé du concours de 1854 pour l’édification de la future cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille est suivi d’une vague néogothique pour tous les édifices diocésains et universitaires catholiques à la fin du XIXe siècle.

 Sous l’impulsion de l’historien du Moyen Âge Mgr Hautcoeur, la première pierre de l’Université Catholique est posée le 22 novembre 1879. Les premiers plans de l’architecte courtraisien Jean-Baptiste Béthune d’Ydewalle, spécialiste du renouveau gothique, sont repris et modifiés par l’architecte valenciennois Louis Dutouquet. Celui-ci est, durant dix années, l’artisan des principaux bâtiments des facultés catholiques, en particulier de l’Hôtel Académique où les baies ogivales, les tourelles, les pinacles, les gargouilles...contribuent à l’ambiance gothique de tout le quartier Vauban à Lille.

Mais ce style se diffuse aussi hors des milieux catholiques : le sujet fait état de la Caisse d’épargne de Roubaix aujourd’hui disparue, ou du bureau de poste d’Armentières pourtant de 1925. Ce sont aussi des maisons de ville qui suivent cette mode jusqu’au XXe siècle : la maison du 61 rue Jean sans Peur à Lille anime sa façade biaise du pittoresque gothique ; la maison de grès rose d’Albert Baert rue de Valmy emprunte le langage "troubadour" ; quelques hôtels particuliers du Grand Boulevard se parent de rosaces et murs en colombage. Du néogothique, on passe au florentin, à la Renaissance flamande, au rococo, au mauresque ... c’est à dire à l’éclectisme !
Dominique Mons

Transcription

Jenny Clève
Le décor gothique du XIXème siècle naît en effet d’un désir enthousiaste d’imitation, ici, une apparence extérieure, là, un portail.
(musique)
Jenny Clève
Mais le mouvement néogothique connaît une grande impulsion, un grand développement avec la restauration des cathédrales entreprise par Viollet-le-Duc, et on l’oublie trop souvent, Prosper Mérimée, l’auteur de Colomba et de Carmen, alors inspecteur des monuments historiques. Le style néogothique devient évidemment l’enseigne, le ralliement des milieux catholiques, l’Université Catholique de Lille date de cette époque.
(musique)
Jenny Clève
Mais le témoin essentiel de cette renaissance du passé est, à Lille, la Cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille, inachevée, qui date des années 1860,
(musique)
Jenny Clève
Peu de bâtiments publics laïcs s’inspirent du néogothique. Pourtant, le beffroi de l’Hôtel de Ville de Lille, édifié en 1826 et détruit avant la fin de l’Empire, la Caisse d’Epargne de Roubaix, aujourd’hui disparue.
(musique)
Jenny Clève
Le bureau de Poste d’Armentières, beaucoup plus récent, sont des pièces ajoutées au dossier du style néogothique du XIXème siècle.
(musique)
Jenny Clève
Les particuliers suivront cette mode jusqu’au début du XXème siècle. Rue Jean Sans Peur, à Lille, une maison s’inspire directement du gothique flamboyant.
(musique)
Jenny Clève
Tandis que sur le boulevard de la Marne, près de Tourcoing, un hôtel particulier fleure le goût anglais et gothique. Mais ce style commence à se démoder au moment même où il semble triompher. La Restauration a vu nos pendules, nos fauteuils, nos commodes se couronner d’ogives et simuler les cathédrales. Aujourd’hui, nous devenons florentins et byzantins, dit un critique. On pourrait y ajouter bien d’autres styles, comme la Renaissance Française ou la Renaissance Flamande. Ainsi, boulevard du Maréchal Leclerc à Roubaix, rue du Lieutenant Colpin,
(musique)
Jenny Clève
L’École Michelet rue Fabricy,
(musique)
Jenny Clève
L’actuel Consulat de Belgique, rue du Maréchal de Lattre de Tassigny, à Lille.
(musique)
Jenny Clève
Mais sa fureur des imitations conduit ce morceau de siècle à courtiser le Rococo. Sur ces bow-windows du centre de Lille, par exemple,
(musique)
Jenny Clève
Ou à rechercher l’inspiration orientale, ou néo-mauresque, comme dans les Bains de l’Arsenal, aujourd’hui transformés,
(musique)
Jenny Clève
Ou dans cette maison curieuse de la rue Parmentier à Roubaix, ou encore rue Thiers à Lille.