Les façades du début du XXe siècle
18 décembre 1999
02m 05s
Réf. 00069
Notice
Résumé :
L’architecte Richard Klein nous emmène rue Gounod, dans le quartier Saint-Maurice à Lille, avec ses façades de maisons bourgeoises du début du XXe siècle. L’urbaniste Dominique Mons évoque à propos des façades du Grand Boulevard, un "étalage des richesses" de la bourgeoisie industrielle. Cet axe qui relie Lille à Roubaix et Tourcoing a permis de structurer l'espace urbain au début du XXe siècle.
Date de diffusion :
18 décembre 1999
Personnalité(s) :
Thèmes :
Lieux :
Éclairage
Les façades font le paysage urbain. L’architecte Richard Klein nous emmène rue Gounod dans le quartier Saint Maurice à Lille où l’exubérance mesurée du décor des façades joue une vraie partition musicale. Il nous rappelle que ce sont là des maisons de ville qui dans toutes les villes du nord s’emploient à faire la ville. Ce sont des maisons individuelles accolées et construites sur une trame étroite (4 à 7 ou 8 mètres) qui définissent la rue. Une bourgeoisie aisée du début du siècle a fait construire les maisons de la rue Gounod pour montrer qu’elle avait les moyens et a utilisé l’architecture pour se distinguer.
Initialement baptisée "avenue du Beau Séjour", la rue Gounod s’est lotie de 1903 à 1911 à partir de la division parcellaire d’une grande propriété du faubourg Saint Maurice. C’est au départ une rue dite particulière, c’est-à-dire privée, qui obéit à un règlement de lotissement contrôlé par l’architecte Armand Lemay : la chaussée de six mètres de large est longée de part et d’autre par des trottoirs de deux mètres. Devant chaque maison, un jardinet de trois mètres fermé par une grille, identique pour toute la rue, devance la façade qui elle s’anime en forme et en matériaux au gré des choix architecturaux des différents concepteurs, de l’art éclectique à l’Art nouveau.
Nombre de rues ont ainsi été tracées à l’aube du XXe siècle dans la banlieue lilloise, à La Madeleine, Lambersart, Mons ou Marcq-en-Baroeul , où s’exprime "le charme discret de la bourgeoisie".
A la hiérarchie des axes de voirie, correspond aussi la hiérarchie sociale et la grande bourgeoisie industrielle choisit les nouvelles grandes artères pour édifier son habitat. Le premier exemple est l’ouverture de l’avenue de l’Hippodrome à Lambersart en 1886 qui crée une entrée magistrale à Lille par la Porte de Dunkerque. Le lotisseur Edmond Ory crée une émulation entre propriétaires en décernant chaque année le prix de la plus belle réalisation. Les vastes villas au cœur de leurs jardins se signalent par leur style éclectique très orné, tout en respectant le linéaire de l’avenue. Mais la réalisation la plus spectaculaire reste le Grand Boulevard. L’urbaniste Dominique Mons nous décrit ce phénomène urbain : projeté en 1896 et réalisé de 1905 à 1911, le Grand Boulevard est la première grande structure communautaire. Large de cinquante mètres et s’étirant sur prés de cinquante kilomètres, il réunit les villes de Lille, Roubaix et Tourcoing pour former la tri-ville et dessert huit communes sur son passage en dessinant une fourche au lieu-dit le Croisé Laroche sur la commune de Marcq-en-Baroeuil. Son profil associe une chaussée centrale pour la circulation rapide, des chaussées latérales pour la desserte locale, un tramway électrique en site propre (le Mongy, du nom de l’ingénieur concepteur du projet), une piste cavalière devenue cyclable et de vastes trottoirs longeant le linéaire bâti. Quatre lignes d’arbres donnent sa qualité paysagère à l’ensemble. Les classes bourgeoises viennent s’y établir dans une continuité de maisons de maîtres de style éclectique ou Art nouveau. Ainsi, la ville se structure en dehors de la ville historique en un urbanisme continu à partir de l’axe en faisant miroiter aux yeux du public une architecture privée imposante et de qualité.
Initialement baptisée "avenue du Beau Séjour", la rue Gounod s’est lotie de 1903 à 1911 à partir de la division parcellaire d’une grande propriété du faubourg Saint Maurice. C’est au départ une rue dite particulière, c’est-à-dire privée, qui obéit à un règlement de lotissement contrôlé par l’architecte Armand Lemay : la chaussée de six mètres de large est longée de part et d’autre par des trottoirs de deux mètres. Devant chaque maison, un jardinet de trois mètres fermé par une grille, identique pour toute la rue, devance la façade qui elle s’anime en forme et en matériaux au gré des choix architecturaux des différents concepteurs, de l’art éclectique à l’Art nouveau.
Nombre de rues ont ainsi été tracées à l’aube du XXe siècle dans la banlieue lilloise, à La Madeleine, Lambersart, Mons ou Marcq-en-Baroeul , où s’exprime "le charme discret de la bourgeoisie".
A la hiérarchie des axes de voirie, correspond aussi la hiérarchie sociale et la grande bourgeoisie industrielle choisit les nouvelles grandes artères pour édifier son habitat. Le premier exemple est l’ouverture de l’avenue de l’Hippodrome à Lambersart en 1886 qui crée une entrée magistrale à Lille par la Porte de Dunkerque. Le lotisseur Edmond Ory crée une émulation entre propriétaires en décernant chaque année le prix de la plus belle réalisation. Les vastes villas au cœur de leurs jardins se signalent par leur style éclectique très orné, tout en respectant le linéaire de l’avenue. Mais la réalisation la plus spectaculaire reste le Grand Boulevard. L’urbaniste Dominique Mons nous décrit ce phénomène urbain : projeté en 1896 et réalisé de 1905 à 1911, le Grand Boulevard est la première grande structure communautaire. Large de cinquante mètres et s’étirant sur prés de cinquante kilomètres, il réunit les villes de Lille, Roubaix et Tourcoing pour former la tri-ville et dessert huit communes sur son passage en dessinant une fourche au lieu-dit le Croisé Laroche sur la commune de Marcq-en-Baroeuil. Son profil associe une chaussée centrale pour la circulation rapide, des chaussées latérales pour la desserte locale, un tramway électrique en site propre (le Mongy, du nom de l’ingénieur concepteur du projet), une piste cavalière devenue cyclable et de vastes trottoirs longeant le linéaire bâti. Quatre lignes d’arbres donnent sa qualité paysagère à l’ensemble. Les classes bourgeoises viennent s’y établir dans une continuité de maisons de maîtres de style éclectique ou Art nouveau. Ainsi, la ville se structure en dehors de la ville historique en un urbanisme continu à partir de l’axe en faisant miroiter aux yeux du public une architecture privée imposante et de qualité.
Dominique Mons
Transcription
(musique)