Revendication des mineurs CGT

28 janvier 1975
01m 33s
Réf. 00116

Notice

Résumé :

La fédération CGT des travailleurs du sous sol a présenté son programme revendicatif en six points axé sur les conditions de travail et la sécurité. Augustin Dufresne, responsable syndical insiste sur le métier dangereux de mineur et la nécessité de mettre en place des commissions d'hygiène et de sécurité.

Date de diffusion :
28 janvier 1975
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Éclairage

En ce mois de janvier 1975, lorsque la Fédération CGT du sous-sol présente son programme revendicatif, l'accent est mis sur la problématique de la sécurité, ce fil rouge de l'histoire des "gueules noires" et de leur mouvement syndical. Rien d'étonnant à cela, au regard des événements récents qui ont endeuillé la profession, particulièrement dans le bassin du Nord-Pas-de-Calais. Le 10 avril 1974, un éboulement à la fosse Agache de Denain a fait deux morts. Surtout, le 27 décembre 1974, un coup de grisou à la fosse 3 bis, dite de Lens mais creusée à Liévin, a tué 42 mineurs. L'émotion s'est révélée très vive face à cette nouvelle catastrophe, la dernière du bassin minier de la région, mais l'une des plus meurtrières. Dans la foulée de cet événement, les syndicats ont mis en accusation les Houillères. La Fédération des mineurs CFDT a ainsi rappelé "à tous ceux qui ont des responsabilités dans la gestion des entreprises minières, que rien ne doit être négligé dans le domaine de l'amélioration des conditions de sécurité et d'hygiène au fond.
 Nul ne doit ignorer que pendant trop longtemps, les impératifs techniques et économiques ainsi que la politique de liquidation des Houillères ont mis cette exigence au second plan". De leur côté, la Fédération nationale du sous-sol et l'Union des syndicats CGT du Nord-Pas-de-Calais ont évoqué "la nécessité d'une vigilance permanente dans le domaine de l'hygiène et de la sécurité".

Quelques semaines seulement après cette tragédie, l'ensemble des demandes émises par la CGT, dominante dans la profession, doit être lu à l'aune de cet impératif de sécurité et d'amélioration des conditions d'exploitation. Il en va ainsi par exemple des revendications de suppression des formes de rétribution assises sur un rythme de production accéléré tel le travail à la tâche, d'une formation professionnelle plus poussée, ou encore de l'exigence de prérogatives accrues pour les délégués mineurs. Depuis le XIXe siècle, ces derniers sont au cœur de la démarche syndicale en matière de sécurisation de la production au fond. Leur fonction, instituée par la loi du 8 juillet 1890, est unique en son genre ; ils sont notamment chargés de tenir un registre d'informations concernant la sécurité et signalent les manquements aux règles dans ce domaine aux ingénieurs responsables des contrôles.

Interrogé au terme de ce reportage des actualités du 28 janvier 1975, Augustin Dufresne, le secrétaire général de la Fédération CGT, insiste sur la demande de création d'une commission d'hygiène et de sécurité (CHS) pour chaque puits. Au plan national et interprofessionnel, le décret du 1er août 1947 a rendu obligatoires les CHS dans les établissements industriels d'au moins 50 salariés. La vigilance plus spécifique sur les conditions de travail, confiée aux Comités d'entreprise, a en outre été renforcée en 1973 avec l'institution d'une commission spécialisée en leur sein.

Dans les Charbonnages, à la suite de la grève de 1948, très dure et marquée par un échec cinglant pour les mineurs, les comités d'entreprise ont été supprimés en représailles. A la faveur de la mobilisation de mai-juin 1968, les syndicats des "gueules noires" ont obtenu leur rétablissement. Aux yeux du premier dirigeant de la Fédération CGT, il y a là manifestement l'occasion d'étendre les capacités d'intervention des représentants du personnel et de réclamer également une présence systématique des CHS.

Si la conjoncture oriente alors avec acuité la revendication syndicale vers la protection renforcée de l'exercice du métier des professionnels de la mine, il n'en reste pas moins que le processus de fermeture des puits, déjà bien entamé et en passe de s'accélérer, conduit les organisations du sous-sol à centrer de manière de plus en plus prégnante leur action sur la défense de l'emploi et la poursuite de la production charbonnière.

Stéphane Sirot

Transcription

Journaliste
A trois jours de la réunion au Conseil National, la fédération CGT du sous-sol a présenté son programme revendicatif. Un programme en six points qui est axé sur les conditions de travail et la sécurité, deux questions prioritaires pour la CGT. Les salaires tout d’abord, il faut abandonner le système du travail à la tâche au profit du salaire minimum garanti. La CGT demande 3000 francs par mois pour un mineur. L’embauche, il faut réviser la politique actuellement pratiquée dans les Houillères et développer la formation professionnelle, surtout pour la main d’œuvre étrangère. La prévention, le service des mines doit jouer véritablement le rôle de l’inspection du travail et ne pas dépendre d’un ministère. Le règlement d’exploitation doit être adapté aux techniques modernes et au travail du fond. Enfin, le rôle du délégué mineur doit être revu et ses pouvoirs accrus. C’est lui le véritable intermédiaire entre le mineur au fond et la direction. Un dernier point, la CGT demande la création d’une commission d’hygiène et de sécurité pour chaque puit.
Augustin Dufrenne
Les comités d’entreprise ont été remis en place en 69, nous avons demandé, comme la loi générale le prévoit, la mise en place de commissions d’hygiène et de sécurité au niveau des puits et services, ça nous a été catégoriquement refusé, là aussi, c’est absolument inacceptable. Le métier de mineur, le danger qu’il représente, exigent que l’on mette en place immédiatement ces commissions d’hygiène et de sécurité qui, en travaillant en étroite collaboration avec le délégué mineur, permettraient de prévoir et d’améliorer la condition générale du mineur au fond de la mine. Ça, c’est absolument indispensable.