Le tir à l'arc : la chasse

22 décembre 1973
04m 55s
Réf. 00104

Notice

Résumé :

Reportage sur une épreuve du tir à l'arc : le tir en campagne. Dans cette discipline, on distingue le field et "la chasse"; cette dernière, au moment du reportage, vient d'être introduite en France. On tire sur des cibles représentant des animaux sur des distances plus courtes qu'au field. Un archer en explique les principes et les règles. C'est avant tout un sport de tir pratiqué en pleine nature.

Date de diffusion :
22 décembre 1973
Source :
Lieux :

Éclairage

Le monde du tir à l'arc picard connaît de profondes transformations au cours des années 1970. Les Compagnies d'arc locales imposaient jusque là leurs propres visions de la discipline, conférant notamment une place centrale aux pratiques traditionnelles comme le tir "Beursault" ou le"tir à l'oiseau". Or, ces formes de tir, ancrées dans la culture locale, sont désormais concurrencées par de nouvelles modalités de pratique .

D'un côté, le tir à l'arc sportif, également dénommé "tir FITA" (en référence à la Fédération Internationale de Tir à l'Arc, qui supervise son organisation), gagne du terrain.

D'un autre côté, les Compagnies d'arc observent la montée d'une nouvelle activité, le "tir en campagne", qui prend la nature comme cadre d'activité. Le "tir field" en constitue la première modalité: les archers se déplacent par pelotons sur un parcours jalonné de cibles dont la distance peut aller jusqu'à 60m. La seconde modalité, "le tir chasse", se singularise non seulement par ses règles mais aussi par le regard que ses pratiquants posent sur leur activité. Apparue en Picardie au début des années 1970, cette discipline consiste à viser des cibles animalières (comprenant deux zones: "tué" ou "blessé") tout au long d'un parcours naturel au relief souvent accidenté. Sa naissance s'inscrit dans un contexte de valorisation, dans les activités sportives, des "espaces écologiques et ouverts" et d'un certain "esprit plein air". La nature est envisagée en effet comme un moyen de se régénérer physiquement à l'écart de la ville mais aussi de se réconcilier avec soi-même (se retrouver ) et avec autrui (communier avec l'autre). Aussi, les adeptes du "tir chasse" cherchent à reproduire au plus près les conditions réelles de pratique. Par-delà l'effort physique (gage d'une véritable "confrontation" avec la nature), ils s'imposent un faible nombre de flèches par cibles, des séquences de tirs très rapides et très rapprochées, ainsi que, pour certains, l'absence de viseur. Ces tirs "dépouillés", quasi instinctifs, ne sont pas sans liens avec le désir de se rapprocher de la nature en s'adaptant à l'environnement et en composant avec l'incertitude du milieu. Ils transigent en tout état de cause avec les conditions de pratique "artificielles" et statiques qui prédominent dans les disciplines traditionnelles du tir à l'arc. Par ailleurs, en insistant bien sur ce qui les sépare de la chasse traditionnelle (notamment le fait de ne pas utiliser de cibles vivantes), les pratiquants du "tir chasse" entendent bien positionner leur discipline du côté de l'écologie, de l'esthétique, du ressenti. Aussi, pour éviter toutes confusions, cette activité sera renommée quelques années plus tard "tir nature" (ou "tir animal" selon les cas) et contribue à l'essor de modalités connexes comme le "tir 3D" (l'archer tire non pas sur une représentation mais sur la réplique d'un animal). Elle est reconnue à ce jour par deux fédérations internationales (la World Archery Federation ( anciennement FITA) et l'International Field Archery Association) qui, par le biais de leurs ramifications nationales (Fédération Française de Tir à l'Arc d'un côté, Fédération Française de Tir Libre de l'autre), proposent des règlements de compétitions distincts.

Sébastien Stumpp

Transcription

Hubert Tilloy
Dans le tir à l’arc, on distingue trois grandes catégories le beursault, le fita et le tir en campagne qui lui-même se sépare en deux avec d’un côté le field et de l’autre, la chasse. Aujourd'hui, il sera question de chasse.
Sauveur§Claude
Il est mort.
Hubert Tilloy
Claude Sauveur, il entend que la chasse fait partie des disciplines du tir à l’arc ?
Sauveur§Claude
Oui, c’est une discipline, disons, la plus récente en France. Elle a deux ans d’existence. C’est une forme de tir que nous avons établie pour être, disons, plus proche de la nature. C’est une extension du tir field que nous… enfin, du tir en campagne qui se pratique sur des cibles noires et blanches et qui sont tirées également en forêt mais sur des distances beaucoup plus longues c'est-à-dire jusqu'à 60 mètres. Alors que dans le tir chasse, nous essayons… enfin, dans la catégorie chasse, nous essayons de nous rapprocher au plus près des conditions de la chasse à savoir un tir n’excèdant pas une quarantaine de mètres et sur des cibles la plupart du temps animales.
Hubert Tilloy
Pas question d’utiliser de vrais animaux ?
Sauveur§Claude
Non, absolument pas. Il est… Certes, la chasse à l’arc est pratiquée très peu en France mais surtout aux Etats-Unis où l’on peut compter des centaines de milliers de chasseurs à l’arc. Enfin, disons qu’en ce qui nous concerne, c’est avant tout un sport, un sport se rapprochant du tir à l’arc et non pas se rapprochant de la chasse. C’est un compromis. Notre volonté étant de s’épanouir dans la nature avec un tir qui est moins statique que le tir en campagne puisque les gens restent sur un pas de tir et lâchent 4 flèches alors que dans la catégorie chasse, nous avons 15 secondes pour tirer chaque flèche et nous ne tirons que 2 flèches par animal à des distances inconnues, bien entendu. Et le gibier, enfin la dimension du gibier dépend de la distance à laquelle il est tiré. Alors nous tirons, des fois, sur des faisans. Là, c’est un sanglier, des renards, des choses comme ça. Un parcours comprend 14 cibles que nous faisons 2 fois, donc 28 cibles. Nous avons un décompte de points. La zone tuée fait 20 points, la zone blessée fait 16 points, et en fin de journée, nous totalisons les scores de chacun.
Hubert Tilloy
L’arc actuel n’a pas la puissance de celui cher à Robin des Bois mais il n’empêche que ces archers du XXe siècle sont des sportifs à part entière même si nombre d’entre eux pratiquent le tir à l’arc en dilettante.
Inconnu
Pour moi, c’est un moyen de me réaliser, de me retrouver. Certains se réalisent avec de la musique, sont musiciens, sont peintres. Moi, je suis archer. C’est un moyen de reprendre contact avec la nature et puis de se défouler, en fait.
(Musique)
Sauveur§Claude
Dans la catégorie chasse, nous utilisons un matériel un peu particulier à savoir, d’une part, en ce qui concerne l’arc, un arc plus court qui permet… son seul avantage est de passer plus facilement entre les branches. Par ailleurs, son poids est beaucoup plus important. Il est de l’ordre de 25 % supérieur aux arcs de tir de cible, pour la raison suivante : nous tirons à une faible distance mais nous avons un besoin d’impact beaucoup plus important qu’avec une flèche classique. Et aussi, nous avons un poids de flèche qui est de l’ordre du double d’une flèche de tir de cible. Alors comment décrire un arc, les branches, la corde ? Certains tireurs chasse utilisent des viseurs qui sont fixes, qui sont réglés sur différentes distances et qui permettent, disons, de viser approximativement la cible. Mais je dis bien c’est très approximatif. Et par contre, certains autres chasseurs préfèrent carrément tirer sans viseur en tir purement instinctif. En ce qui concerne la flèche, vous avez des plumes plus ou moins grandes, hélicoïdales ou non, et vous avez, ici, un [anféron], une pointe qui se dévisse et sur laquelle nous pouvons visser une lame de chasse. L’avantage, justement, de la pratique de ce type de flèche est de pouvoir s’entraîner avec une flèche du même poids avec les mêmes caractéristiques qu’une flèche de chasse.
(Musique)