Discours pour le deuxième anniversaire de la France Libre
Notice
Debout devant une haie de drapeaux, le général de Gaulle s'adresse aux membres du Comité national et aux Français libres de Grande-Bretagne. De son long discours (huit pages dans l'édition Plon du tome 1 des "Discours et Messages"), le document ci-joint ne présente que les deux premiers paragraphes dans lesquels le chef de la France libre salue l'engagement corps et âme, éventuellement jusqu'au sacrifice suprême, de celles et ceux qui, comme lui, ont "la passion de la France". Dans la suite de son discours, de Gaulle rappelle les principes et les constats - toujours valables, souligne-t-il - sur lesquels il a fondé son action depuis le 18 juin 1940, montre l'importance et la constance de l'effort allié - en particulier britannique -, évoque le combat résistant aussi essentiel que celui des Forces françaises libres, et insiste sur l'importance de son Empire pour la France de demain, une France qui devra retrouver son juste rang dans le monde de l'après-guerre. Il conclut par ces mots qui, aux dires des témoins, transportent son auditoire : "Alors, notre tâche finie, notre rôle effacé, après tous ceux qui l'ont servie depuis l'aurore de son Histoire, avant tous ceux qui la serviront dans son éternel avenir, nous dirons à la France, simplement, comme Péguy : "Mère, voici vos fils, qui se sont tant battus".
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Éclairage
Pour le deuxième anniversaire de l'appel du 18 juin 1940, Charles de Gaulle prend la parole dans l'immense salle de concert londonienne de l'Albert Hall. En deux années, la situation des Français libres s'est sensiblement améliorée. Créé à l'automne précédent, le Comité national français fait plus que jamais figure d'embryon de gouvernement provisoire. Présentes depuis l'été 1940 sur les champs de bataille terrestre, maritime et aérien, les Forces françaises libres viennent de s'illustrer à Bir Hakeim ; du 27 mai au 10 juin, la 1ère brigade française libre du Général Koenig a résisté aux furieux assauts germano-italiens et gagné un temps précieux pour les Britanniques en retraite, avant de briser l'étau ennemi et de se replier. Par le truchement d'agents en mission, au premier rang desquels Jean Moulin, et grâce à la venue à Londres de résistants (Christian Pineau, Pierre Brossolette, Emmanuel d'Astier de la Vigerie notamment), des relations ont été établies entre la France libre et la Résistance intérieure ; de Gaulle a rédigé à l'intention des mouvements de résistance une importante déclaration dans laquelle il a exposé ce que sont à ses yeux "les buts de guerre du peuple français" : rétablissement de la souveraineté nationale et des "libertés intérieures", élection d'une "Assemblée nationale" qui, après la libération, "décidera souverainement des destinées du pays", important programme de réformes économiques et sociales, mise en place d'un "système international" rénové dans lequel la France occupera la "place éminente qui lui est assignée par sa valeur et par son génie" ; cette déclaration a été emportée en France par Christian Pineau et publiée début juin par la presse clandestine, elle sera diffusée les 23 et 24 juin à la radio ; quelques semaines plus tard, à la mi-juillet, de Gaulle transformera la France libre en France combattante afin de symboliser l'union sous sa bannière de l'ensemble des Français en lutte contre Vichy et contre l'occupant. Tout n'est pourtant pas rose. Depuis le début du mois de mai, l'allié anglais a débarqué à Madagascar où il joue sa partition sans tenir compte de la France libre. Un rapprochement est en cours avec le gouvernement soviétique, mais celui-ci ne reconnaîtra le Comité national français que le 28 septembre suivant. Quant aux Américains, ils n'envisagent d'accorder leur soutien que très progressivement et du bout des lèvres. Serrer les rangs et ranimer la flamme n'en est que plus important. C'est l'objectif de réunions telles que celle du 18 juin 1942.