Festival d'Aurillac, L'Arène foraine

1993
05m 02s
Réf. 00638

Notice

Résumé :

Les "nouveaux saltimbanques" rendent hommage aux traditions du théâtre forain et les renouvellent. Michel Crespin revient sur la fonction du bonimenteur.

Date de diffusion :
1993
Source :
Avec l'aimable autorisation de :
Compagnie :

Éclairage

1993 apparaît comme une année charnière. Le ministère de la Culture reconnaît les arts de la rue comme secteur artistique à part entière et élabore en sa faveur un plan d'intervention (publiquement annoncé par Jacques Toubon en 1994 lors de Chalon dans la rue) incluant des aides au projet et à l'écriture, la reconnaissance de compagnies et de festivals et la structuration de lieux de fabrique. Lieux publics est défini comme Centre national de création, l'édition, la documentation et l'organisation de rencontres professionnelles désormais confiées à Hors les Murs, nouveau centre de ressources sous la responsabilité de Jean-Luc Baillet. La huitième édition d'Éclat, à Aurillac, est la dernière que dirige Michel Crespin avant de passer le témoin à son adjoint, Jean-Marie Songy (voir ce document).

Née de la collaboration entre trois festivals, Éclat, Grains de folie et Éclanova, L'Arène foraine est un hommage contemporain à la fête traditionnelle et aux théâtres de foire des XVIIIe et XIXe siècles. Elle rassemble dans un enclos scénographié attractions, loteries, baraques, entresorts et "bagatelles de la porte" (numéros et boniments qui incitent le passant à entrer). L'humour et le second degré sont la règle. Michel Crespin présente Roger et Lucie avec Annick Hémon, dite Puce, Burattini, associé avec le groupe Douze balles dans la Peau, rénove le roman populaire avec L'Extraordinaire Histoire de Jack le manchot et de son tragique amour pour la belle Dolly, la Compagnie Off questionne la notion de monstruosité dans une visite du Palais des découvertes menée par le minuscule Jean-Claude Grenier, Oposito orchestre un redoutable Massacre de famille, le collectif Turbulence anime une Chenille fantastique...Décors et accessoires sont pour l'essentiel fabriqués à Marseille, dans les ateliers de Lieux Publics.

Documentation

- Dir. Jean-Luc Baillet, Jean-Marie Songy, Catherine Laulhère-Vigneau : Le Théâtre de rue. 10ans d' Éclat à Aurillac, éditions Plume, 1995.

Sylvie Clidière

Transcription

Comédien
Attention mesdames et messsieurs, ils sont là tous derrière, ils vous attendent, ils vont vous émouvoir [émouvoir] [inaudible]. Ils vont vous étonner, ils sont époustouflants, c’est la [inaudible] vous voulez les voir ?
Public
Oui.
Comédien
Vous voulez les voir ?
Public
Oui !
Comédien
Et c’est parti. On y va les amis. Rémy ouvre les portes, fais sauter les cadenas, ça va souffler sous les paillassons, [inaudible], on y va c’est parti.
(Musique)
Comédien
Mesdames et messieurs je vous demande [inaudible] d’applaudir, musique [inaudible] ainsi que les superbes majorettes et les joueurs magnifiques de la compagnie [inaudible], la compagnie Off, [inaudible] à la porte les voici, les voilà, les Off, ils présenteront le palais de la découverte. Un spectacle phénoménal. On les applaudit !
Michel Crespin
Le bonimenteur est historique, c’est…c’est lui qui vante le rêve, devant, avant que on le voit. C’est celui qui… des superlatifs plein la bouche, la plus extraordinaire, la plus grosse… c’est toujours le plus, c’est toujours de plus en plus extraordinaire. Et le bonisseur ou le bonimenteur qui sont deux mots et deux fonctions différentes étaient sur l’estrade. Ils sont sur l’estrade, ils sont sur le devant de la scène et euh… à la fin, il fait rêver les gens avec ce que les gens vont voir dedans et il fait rappeler le public.
Comédien
Je vole, mais oui, je m’envole. Hahahehe, et c’est pas de prouesse technique, ni de jeu d’adresse, de, du sensationnel, haha. Le phénomène qui se trouve à l’intérieur n’est autre que la honte de la famille. Il a une tête sur un corps, il a deux jambes.
Comédiennes
Bonjour Philippines, Philippines, Philippines bonjour.
Comédienne
Approchez, approchez, venez voir le palais des découvertes. Allons-y ne soyez pas timides, allons-y. Y a les premières classes, le 9,75 et deuxième classe 4,50 ! Allons-y, allons-y. il y a des tickets rouges, des tickets jaunes. 9,75, 4,50. Approchez, approchez, venez par ici ! Le gros bébé que voilà qu’il est mignon. Bonjour m on petit loup, moi je cherche un fiancé, ah ! Il a déjà une fiancée, alors je m’en vais hein !
Inconnue
Et oui !
Comédienne
Mais nous on prendra un seul garçon pour nous deux. On s’est arrangé toutes les deux. Approchez, approchez. La caissière ne peut pas tout encaisser.
(Musique)
Comédien
15 francs les 10 minutes, ce n’est pas grand chose. Demain ce sera 20 francs. Vous êtes 50 mille, [inaudible] image d’image, pourquoi ne pas en profiter. Les bons spectacles sont rares, alors n’hésitez pas. Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, on commence à rentrer pour la deuxième séance de l’incroyable histoire du manchot.
(Musique)
Comédien
C’est beau le théâtre de rue ! Et oui messieurs, dames, bafoué. Cet homme, ce soir là s’est senti bafoué. A partir de cet instant, cette femme devient pour lui, une véritable obsession. Il ne dort plus, il ne mange plus, pire messieurs, dames, il ne jongle plus. Et un jongleur qui ne jongle plus est un jongleur qui jongle pas 10 heures pas jours, tout le monde le sait, c’est un jongleur fini. Alors, à cause de ses déceptions, il s’engage à son tour dans l’armée américaine. Il croit qu’il va pouvoir s’en sortir, il pense qu’il ne peut pas tomber plus bas, que la vie n’a plus rien à lui prendre, et pourtant cette fois-ci, la vie aussi va le rattraper au tournant. Le jour où il s’engage dans l’armée, il obtient son premier vol, il pense à [inaudible], il est content, et pourtant ce jour-là, l’armée japonaise bombardait Pearl Harbourg. Rappelez-vous.
(Bruit)