Inauguration de l'Opéra Bastille le 13 juillet 1989
Notice
Pour l'inauguration de l'Opéra Bastille, entrée des grands du monde d'alors (Helmut Kohl, Brian Mulroney, Margaret Thatcher, George Busch), accueillis par Michel Rocard, et invités de François Mitterrand. Extraits du spectacle de Robert Wilson, La nuit avant le jour, dirigé par Georges Prêtre, avec parmi les vedettes Ruggero Raimondi et Manuel Legris.
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Éclairage
C'est en 1982, sur proposition de Jack Lang, que le Président François Mitterrand décide de la construction d'une nouvelle salle d'opéra pour Paris, jugeant le Palais Garnier trop petit en jauge, et trop daté en matière technique, et souhaitant ainsi proposer pour cet art trop souvent taxé d'élitisme une salle moderne et populaire, par son nombre de places et son niveau d'accessibilité financière.
Le site retenu, plus pour sa valeur de symbole républicain que pour son côté pratique, du fait de ses lourdes contraintes urbanistiques, est celui de l'ancienne Gare de la Bastille, désaffectée en 1969. Le concours, auquel participent 1700 cabinets d'architecte, est remporté par un architecte canadien, Carlos Ott, et la construction, un temps menacée par la première cohabitation avec Jacques Chirac, est menée à terme pour que la nouvelle salle soit inaugurée le 13 Juillet 1989, comme part des manifestations du bicentenaire de la Prise de la Bastille.
Le spectacle inaugural, La nuit avant le jour, signé Bob Wilson, dirigé par Georges Prêtre - succession élégante de tableaux lyriques et chorégraphiques, interprétés par de grandes vedettes populaires, comme Ruggero Raimondi, Barbara Hendricks, Manuel Legris - est l'inverse d'une manifestation populaire, avec ses invités de marques et sommités d'État présentes au sommet du G7 concomitant, et marque bien moins les esprits que le défilé organisé le lendemain par Jean-Paul Goude sur les Champs Elysées devant un million de spectateurs, et 800 millions de téléspectateurs.
La véritable mise en service de l'Opéra Bastille a effectivement lieu neuf mois plus tard, le 17 mars 1990, avec Les Troyens de Berlioz.
La salle comporte 2703 places, le bâtiment 160 000 m2 construits, et fait 80 mètres de haut, dont 50 mètres au dessus du sol. La scène, une des plus modernes au monde, est composée d'un plateau principal, de 45 mètres de haut, 30 mètres de large et 25 mètres de profondeur, posé sur 9 élévateurs, et flanqué de plusieurs plateaux mobiles identiques, permettant l'alternance aisée de plusieurs spectacles, ou l'utilisation de plusieurs décors construits lors du même spectacle, luxe rarement utilisé en fait.
L'amphithéâtre de 500 places (sous la salle) et le studio de 237 places (dans le bâtiment annexe) servent de salles de complément, mais la salle modulable de 300 à 1300 places initialement prévue, jamais achevée, et un temps salle de répétition pour l'orchestre, est finalement mise à disposition de la Comédie-Française en 2013.
Il a fallu plusieurs années pour régler définitivement les problèmes acoustiques, la technologie sophistiquée des plateaux de scène, et plus encore pour venir à bout des défauts de construction, comme les pierres agrafées des façades risquant de tomber au sol. Il en faut presque autant pour que la direction de l'Opéra de Paris, EPIC créé en 1994, regroupant désormais l'Opéra-Bastille et le Palais Garnier, ce dernier dédié les premières années à la danse et au concert, trouve - entre soubresauts politiques et enjeux artistiques et personnels - un équilibre et une sérénité, longtemps incertains sous la présidence de Pierre Bergé, les administrations de Georges-François Hirsch (1989-1992) et Jean-Marie Blanchard (1992-1994), et la direction musicale de Myung-Whun Chung.