L'ange musicien de Saint François d'Assise d'Olivier Messiaen
Notice
Extrait du 2e acte de l'opéra de Messiaen, lors de sa création en 1983, avec l'apparition de l'Ange musicien (Christiane Eda-Pierre) à Saint François (José van Dam).
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Éclairage
Lorsque Rolf Liebermann propose à Olivier Messiaen d'écrire un opéra pour l'Opéra de Paris, celui-ci choisit, en fervent catholique qu'il est, d'illustrer la vie de son saint préféré, François d'Assise. Les Fioretti di San Francesco et les Réflexions sur les stigmates, à la base de la légende dorée du saint, lui fournissent les éléments de son opéra, comme les fresques de Giotto à Assise, dont le fameux Sermon aux oiseaux qui ne pouvait qu'inspirer l'ornithologue Messiaen, sans oublier une fresque de Fra Angelico, qui marque pour lui l'image de l'Ange musicien. Véritable cheminement spirituel du personnage - autant sans doute que de l'auteur - vers la sainteté, l'ouvrage n'est en rien un opéra à la dramaturgie classique, mais une suite de tableaux statiques à la simplicité dépouillée et naïve qui en font un véritable Mystère moderne, d'une puissance expressive hors du commun. C'est aussi, avec 119 musiciens d'orchestre et 150 choristes, un énorme ouvrage de quatre heures, qui offre la synthèse grandiose et puissante de toute l'œuvre antérieure du compositeur, marquée par ses sept modes de composition, sa recherche obstinée de la couleur sonore, l'utilisation de nombreuses percussions, xylophones, marimba, vibraphone et d'ondes Martenot, la notation des chants d'oiseaux (34 dans l'opéra, dont certains servant de leitmotifs, comme le chant de la Gerygone qui précède les apparitions de l'Ange). L'écriture vocale, simple, refuse les prouesses, privilégie l'intelligibilité, et évoque le plain-chant, refusant l'artifice de la théâtralité pour la faire surgir par la force même de la musique dans l'imagination du spectateur.
L'extrait présenté ici montre les trois interprètes majeurs de la création.
Le baryton belge José van Dam débute à l'Opéra de Paris en 1960 dans de petits rôles. Sa carrière devient internationale avec ses débuts à la Deutsche Oper de Berlin en 1967 et au Festival de Salzbourg en 1968, puis au Festival de Pâques où il est plus de 30 ans durant l'un des chanteurs préférés d'Herbert von Karajan, pour qui il interprète Jochanaan, Figaro, Le Hollandais, Amfortas... puis de Gérard Mortier - dont il a été l'un des piliers à La Monnaie de Bruxelles entre 1981 et 1992 - et pour qui il reprend Saint François en 1992 et 1998. À l'Opéra de Paris, il revient chanter pour Rolf Liebermann dès l'ouverture de sa première saison, dans Les Noces de Figaro, et participe à de nombreuses productions de ses successeurs jusqu'au début du XXIe siècle (Don Giovanni, Les Contes d'Hoffmann, Le Vaisseau fantôme...).
La martiniquaise Christiane Eda-Pierre débute à l'Opéra de Nice dans Les pêcheurs de perles de Bizet en 1957, et à l'Opéra de Paris en 1960, où elle interprète le grand répertoire de soprano colorature jusqu'au début des années 1980. Mozartienne insigne, Constance célébrée, créatrice d'Erzebeth de Charles Chaynes, elle est aussi l'Antonia saisissante des Contes d'Hoffmann signés de Patrice Chéreau.
Le chef d'orchestre japonais Seiji Ozawa, lauréat des concours de Besançon en 1959 et Mitropoulos en 1960, devient l'assistant d'Herbert von Karajan puis de Leonard Bernstein avant de prendre la direction de nombreux institutions, comme le Festival de Ravinia, les Orchestres symphoniques de Toronto, de San Francisco, et surtout de Boston - qu'il dirige de 1973 à 2002- ainsi que du Saito Kinen qu'il crée en 1984. Il fait ses débuts lyriques en 1969 au Festival de Salzbourg avec Cosi fan tutte mis en scène par Jean-Pierre Ponnelle, et se produit régulièrement à l'Opéra de Paris en particulier dans le répertoire français qu'il affectionne particulièrement - y débutant sous Rolf Liebermann avec L'enfant et les sortilèges de Maurice Ravel et Oedipus Rex d'Igor Stravinski en 1979 - ainsi qu'à La Scala de Milan et au Covent Garden. Fervent défenseur de la musique de Messiaen, il dirige partout sa Turangalîla-Symphonie.