Wallers-Arenberg : préparation et repérages du film Germinal

Publié en 1885, Germinal incite dès 1903, le réalisateur Ferdinand Zecca, homme de confiance de Charles Pathé, à tourner La Grève, un film muet qui ne consiste qu'en quelques tableaux : le refus de l'arbitrage, l'assassinat du directeur par les grévistes, la reprise du travail, et la réconciliation entre le Capital et le Travail, dont aucune copie n'a été conservée. D'autres versions filmées du grand roman naturaliste suivront, comme Au Pays des ténèbres (1911-1912) de Victorien Jasset et le tout premier Germinal de l'histoire du cinéma, tourné en 1913 par Albert Capellani. En 1963, Yves Allégret, cinéaste engagé à gauche, aux côtés des surréalistes notamment, réalise un nouveau Germinal qui, bien qu'étant l'un des rares films de cette période à évoquer la condition ouvrière, ne rend véritablement hommage ni au roman, ni aux "gueules noires", tant il manque de souffle épique. Dans les années 1990, Le Brasier d'Eric Barbier (1991) et Germinal de Claude Berri (1993) témoignent de l'intérêt que les réalisateurs continuent à porter à la grande saga des mineurs du Voreux, à un moment où l'histoire de l'exploitation du charbon touche à son terme et où toute cette société minière s'apprête à disparaître.

Si Le Brasier, un film à gros budget situe son scenario inspiré d'un roman de Jack London, dans les années 1930, au moment de la grande crise économique, son réalisateur Éric Barbier avoue s'inspirer aussi de Germinal dont, pourtant, l'auteur a placé les épisodes de son drame sous le Second Empire. Le succès obtenu par le Germinal de Claude Berri, illustre la place occupée, dans l'imaginaire des Français, par les mineurs, mais également par le roman que les "gueules noires", elles-mêmes, ont fait leur. Claude Berri a fait appel à de nombreux anciens des Houillères, fils et petits-fils de mineurs, pour jouer dans Germinal, en tant que figurants leur propre rôle ou celui de leurs ascendants. Tous ont éprouvé une grande émotion à participer à cette vaste opération de reconstitution historique à Wallers Arenberg. Claude Berri a su donner à son film une dimension humaine très apprécié du public, tant régional, que national. Renaud, chanteur populaire, originaire de la région et dont le grand-père était mineur, interprète le rôle d'Étienne Lantier. Le chanteur a su gagner le cœur des figurants qui, à la fin du tournage décidèrent de lui dédier quelques vers. Germinal a peut-être, enfin, trouvé là une version cinématographique à sa mesure.