L'exploitation du terril de Wallers-Arenberg

février 1981
04m 12s
Réf. 00190

Notice

Résumé :

A Wallers, le puits d'Arenberg est un des trois derniers en exploitation dans le Valenciennois. Il a produit en un siècle un gigantesque terril qui a été mis en exploitation. Les engins de travaux public en extraient les schistes pour les transporter sur le chantier de l'autoroute Lille-Valenciennes. Les Houillères ont entrepris de vendre en concession certains terrils à des sociétés d'exploitation. Daniel Gaveau, responsable de l'exploitation explique comment on procède pour l'extraction de schistes dans des conditions d'exploitation difficiles : poussières, roche brûlante...

Date de diffusion :
19 février 1981
Date d'événement :
février 1981
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

L'exploitation du terril de Wallers-Arenberg témoigne à la fois de la reconversion tous azimuts qui se développe dans le bassin minier, et des limites de ces initiatives.

Wallers-Arenberg est un site exploité depuis 1899 par la compagnie d'Anzin. Cette dernière a été la première a être fondée dans la région, et ce dès le début du XVIIIe. Elle a été une des pionnières dans l'exploitation du bassin charbonnier, qui a commencé dans les années 1730, puis dans le développement de la sidérurgie et du chemin de fer, dès les années 1830. La compagnie d'Anzin est la première compagnie par la production, avant d'être dépassée par Lens au début du XXe siècle. La ville est également connue pour la "trouée d'Arenberg" qui accueille le Paris-Roubaix. Plus précisément, le site minier a accueilli, trois ans après la fermeture de la mine en 1989, le tournage du film "Germinal" de Claude Berri. Cela explique qu'il ait aujourd'hui une vocation tournée vers l'image. L'exploitation de la mine explique l'érection du terril, haut de 105 mètres à son maximum. Il s'agit donc d'une région d'ancienne activité minière, et qui continue à être active à la date du reportage, en 1981, alors que de nombreux puits ont déjà fermé à l'ouest du bassin. Toutefois, il est encore prévu à l'époque de fermer les derniers puits très rapidement, d'ici 1985, car l'émission a lieu avant la relance de l'activité charbonnière par le gouvernement Mauroy, qui permettra d'obtenir un sursis jusqu'en 1990. Le prix de la houille française, et en particulier celle extraite des veines du Nord-Pas-de-Calais difficiles à exploiter, était en effet trop élevé, surtout dans une société tournée de plus en plus vers le pétrole et le nucléaire.

L'heure est donc à la reconversion depuis les années 1960, en particulier par le développement de nouvelles activités (automobile, chimie). Il faut attirer les entreprises par la construction de multiples autoroutes destinées à conforter le rôle de carrefour du Nord, au cœur d'une Europe du Nord-Ouest densément peuplée et industrieuse. La réalisation de la rocade minière (A21) participe de la même ambition. Le terril est donc exploité pour ses schistes, qui servent au chantier de la construction de l'A23, l'autoroute Lille-Valenciennes. Les Houillères accordent à l'entreprise exploitante une concession de trente ans. Le terril est arasé par le haut.

Toutefois, cette exploitation pose bien des questions. Sur le plan des conditions de travail tout d'abord, la poussière, le bruit et la chaleur (car le terril continue de brûler) rappellent, dans une certaine mesure, l'harassante condition des mineurs de fond. Les ouvriers affectés à l'exploitation du terril portent des masques et doivent arroser en permanence leur lieu de travail pour limiter l'émission de poussières. Sur le plan patrimonial ensuite, l'émission évoque rapidement les débats ayant entouré l'arasement progressif du terril. Il entraîne en effet la disparition d'un élément important de l'identité visuelle de la région, par ailleurs assez plate. Certains de ces espaces ont d'ailleurs été convertis en espace verts, et des arbres poussent d'ailleurs déjà sur ce terril. Depuis 1974, la préoccupation environnementale a été intégrée aux réflexions de l'État sur la politique de reconversion du Nord-Pas-de-Calais. Il semble pourtant que l'idée générale qui prévaut est celle d'une transition rapide vers l'après-mine, que l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand trois mois après ce reportage va remettre en question pour un temps.

Laurent Warlouzet

Transcription

(Silence)
Marc Drouet
Wallers, à quelques kilomètres de Valenciennes, ici, la mine fonctionne encore. Le puits d’Arenberg est l’un des trois derniers encore en exploitation dans le valenciennois mais résultat d’une exploitation commencée au siècle dernier, un gigantesque terril, 105 mètres de haut, 77000 mètres carrés de superficie au sol, 2500000 mètres cubes de matériaux, peut-être plus. 105 mètres de haut, pas vraiment, car depuis quelques mois, l’exploitation du terril est menée rondement. Deux ou trois engins de travaux publics et une noria de camions qui fait la navette entre le terril et les divers chantiers de l’autoroute Lille Valenciennes. Dans quelques mois, lorsque l’autoroute sera achevée, la société concessionnaire du terril aura fourni quelques 800 000 tonnes de remblais. Pourquoi une telle exploitation ? Tout simplement parce qu’un terril est un immense amas de schistes. Des schistes de première qualité, rouge ou noir selon que le terril a brûlé plus ou moins complètement. Ces schistes représentent un vif intérêt pour les entreprises routières, voilà pourquoi les Houillères ont entrepris de vendre certains terrils à des sociétés capables de les exploiter.
(Bruit)
Daniel Gaveau
Oui, alors, la façon la plus, il y a plusieurs façons mais la façon la plus rationnelle, c’est dans un premier temps, de créer une piste provisoire de bas en haut donc, qui fait à peu près 20 à 25 % de pente enfin même si cest plus si c'est possible on le fait. On le fait à condition que l'engin puisse monter, donc on créé une piste provisoire qui fait une fois et demi la largeur de l'engin qui créé (qui en l'occurence bien souvent est un bull ou un tracks), on monte en haut, rapidement donc le plus rapidement possible c'est une question de sécurité avant tout. Et puis une fois que nous sommes en haut l'engin pousse de chaque coté, il coupe la tête si vous préférez l'engin coupe la tête du terril sur dix quinze vingt mètres voire même de hauteur, de façon à obtenir une plate forme, une circonférence en fait un cercle qui fera au moins une cinquantaine de mètres de diamètre, de laquelle ensuite nous déroulerons, duquel ensuite nous déroulerons la piste définitive qui elle ne fera plus que six sept pour cent, huit pour cent maximum, piste définitive qu'emprunteront les camions qui viendront charger les matériaux, en haut du terril.
Marc Drouet
Le terril n'est pas à proprement parlé vendu. Les Houillères négocient un droit d'exploitation avec une entreprise, l'entreprise vend les schistes de cinq à dix francs la tonne. Sur ce prix les Houillères touchent des royalties. A charge pour l'entreprise de trouver des débouchés et de laisser le terrain nu à échéance de la concession, en l'occurence pour le terril d'Arenberg concession de trente ans, échéance année 2010.
Daniel Gaveau
La principale difficulté du moment, je dirai, c'est les conditions atmosphériques d'exploitation proprement dites. Parce que il n'est pas facile de faire monter des camions et encore plus de les faire descendre, toujours en respectant la sécurité. Il n'est pas facile donc de faire monter du matériel routier à presque une centaine de mètres de hauteur, quand les pistes sont grasses, quand il neige, quand il gèle, etc..
(Bruit)
Marc Drouet
Autre difficulté, ici on travaille dans la poussière. Une poussière qui s'infiltre partout, aussi insidieuse qu'au fond de la mine. Pour éviter cela on arrose. Arrosage incessant et qui pourtant suffit à peine tant le schiste est parfaitement sec. Comment en serait-il autrement puisque le terril se consummait et continue de se consummer par l'intérieur. La roche est brulante, l'évaporation intense. A certains endroits l'eau boue véritablement. Cette disparition progressive du terril ne plait pas à tout le monde, elle a même ses farouches détracteurs. Reste à savoir si cette solution pour trouver des remblais n'est pas la plus rationnelle du moment. Si ce n'était l'exploitation d'un terril il faudrait alors ouvrir une ou des carrières pour trouver l'équivalent en granulat.
(Silence)