Pierre Soulages et les vitraux de l'abbatiale de Conques
Notice
Reportage sur la conception et la réalisation des vitraux de l'abbatiale Sainte-Foy de Conques par Pierre Soulages et le maître verrier Jean-Dominique Fleury. Vues de la mise en presse de l'ouvrage consacré à ce sujet, coécrit par Christian Heck, Jean-Dominique Fleury, Pierre Soulages et préfacé par Georges Duby.
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Éclairage
L'abbatiale romane de Sainte-Foy de Conques fut construite à partir de 1040 pour accueillir les reliques de Sainte Foy d'Agen. Elle est l'un des lieux de passage et de dévotion des pèlerins de Compostelle et à ce titre classée au titre des monuments historiques en 1840 et au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1998. En qualité d'abbatiale romane, elle est caractérisée par des baies démultipliées, notamment à l'Est, afin de venir baigner de lumière le chevet où se déroule le sacrement eucharistique. La lumière est utilisée comme sublimatrice du sanctuaire, évoquant ainsi l'émanation du sacré.
Depuis 1986, Pierre Soulages travaille à lui offrir des vitraux qui magnifieraient la lumière baignant ses lieux. Dans ce document, extrait de l'émission Pole Sud, diffusée sur France 3 en juin 1995, le maître verrier Jean-Dominique Fleury effectue la pose des derniers vitraux créés par l'artiste pour les 104 ouvertures que compte l'abbatiale. Depuis la conception de ce projet, Pierre Soulages avait pour seul souci de préserver ce lieu et d'allier l'esthétique romane à des procédés techniques et à une sensibilité artistique contemporaine. Grâce au nouveau verre translucide conçu par l'artiste lui-même, le lieu s'habille d'une nouvelle lumière et les raisons artistiques enchâssées dans celle-ci rejoignent les raisons sacrées. Ces vitraux ne sont pas des œuvres à regarder comme des pièces uniques et statiques, mais plutôt comme un ensemble rythmique qui ferait sens au sein même de l'architecture. Les obliques légèrement courbes dessinées sur les vitraux s'appuient sur les barlotières et développent dans chacun d'eux un mouvement qui lui est propre mais qui impacte telle une onde ses voisins. Ainsi, les vitraux des bas-côtés présentent des mouvements plus rapides que ceux de la chapelle axiale qui semblent plus paisible. Ces rythmes sont visibles de l'intérieur comme de l'extérieur de l'édifice et ces vitraux « double face » - comme aime les appeler Pierre Soulages - laissent passer la lumière mais non pas la vue, donnant ainsi l'impression d'un lieu clos. Par ailleurs la technicité du verre permet d'apprécier différentes couleurs du spectre lumineux selon les heures du jour et plus spécifiquement des bleus et des orangés qui répondent aux couleurs des schistes, lauzes, grès et ocres présent dans l'architecture initiale de l'abbatiale.
Le début de ce document montre la mise sous presse du livre relatant la création de ces vitraux coécrit par Christian Heck, Jean-Dominique Fleury, Pierre Soulages et préfacé par Georges Duby. Cet ouvrage parachève sept années de travaux et de recherches et annonce la réussite exceptionnelle de cette alliance entre art ancien et art contemporain, finalement saluée par la critique et le public lors de sa présentation officielle au mois de juillet 1995.