Bérangère MAXIMIN, La Mécanique des ombres
Notice
"Certains sons, longs serpentins d'étoffe gonflée, déploieraient leurs couleurs et caractères au vent. D'autres, réduits en petits éclats, se disperseraient çà et là en route."
Éclairage
Dédiée à Anton Yakutovych.
"Fruits frais, fruits secs, tabac et eau en provision, blue-jean assez large pour être à l'aise ; si je disais que composer débute telle une longue marche, comme cela je me suis installée une nouvelle fois dans mon studio.
Un théâtre populaire d'ombres, voilà ce que je voulais explorer. J'avais tracé mon horizon. Des éléments composites, suspendus à des fils presque invisibles, légèrement grimaçants, viendraient se découper sur un fond mouvant.
Certains sons, longs serpentins d'étoffe gonflée, déploieraient leurs couleurs et caractères au vent. D'autres, réduits en petits éclats, se disperseraient çà et là en route.
Il fallait aussi que je trouve mon rythme de marche. La lecture d'ouvrages populaires orientaux m'ayant procuré pour cela un débit et une certaine forme, manquait encore à baliser le tout, calculer les nivellements, découper les temps de pause, et préparer le bivouac.
Plus qu'une mécanique c'est finalement une machinerie que j'ai mise en marche, faite de personnages plastiques et fluides sans véritable décor. J'ai actionné un spectacle de tréteaux expressionniste dans lequel le simple drame du temps et de la mort se déroule encore, le faux se mêlant au vrai, et où ce qui se raconte s'est tant de fois raconté.
Enfin, en résonances très discrètes, j'ai souhaité rendre hommage aux artistes de scène dont le masque outrageux, le costume clinquant et l'ironique éloquence nous invitent à interpréter un instant notre vie comme une perpétuelle parade."
(Bérangère Maximin)