Journaliste
Ces musiciens au large sombrero sont des Mariachis. Guitaristes et chanteurs populaires qui représentent le Mexique traditionnel à l'arrivée du Général de Gaulle.
Le Mexique d'aujourd'hui c'est le Président Lopez Mateos qui l'incarne, ce matin du 16 mars alors qu'il donne "l'abraso", c'est-à-dire l'accolade au Général de Gaulle.
Dans les rues de Mexico, sur le boulevard périphérique d'abord, sur l'avenue du 20 novembre ensuite, qui rappelle la révolution de 1910, bref sur les 8 kilomètres qui séparent l'aéroport de la place centrale de Mexico appelée le Zocalo, ce n'est qu'une succession de guirlandes, de drapeaux, de ballonnets, de confettis bleu, blanc, rouge et aussi vert, blanc, rouge, les couleurs mexicaines.
Ce n'est qu'une succession de témoignages d'enthousiasme et d'amitié, de la part de 800 000 personnes groupées de part et d'autre d'une voix triomphale, une voix triomphale qui aboutit au coeur de la capitale.
Foule
Vive de Gaulle
Journaliste
Du palais national, du balcon d'où le Président Mexicain chaque année, le jour de la fête nationale, évoque la lutte du pays pour son indépendance, un chef d'Etat étranger va parler pour la première fois. Le Président Lopez Mateos le présente à la foule.
Adolfo Lopez Mateos
Mexicano, el senior général Charles de Gaulle
Charles de Gaulle
Gracias senior Presidente. Mexicano ! [Merci, monsieur le Président. Mexicains !]
Traigo a Mexico el saludo de Francia ! [J'apporte au Mexique le salut de la France !]
Francia saluda Mexico son amistad. [La France salue le Mexique avec amitié.]
Francia saluda Mexico con confianza. [La France salue le Mexique avec confiance.]
El mundo en que vivimos está en completa transformación. [Le monde où nous vivons est en complète transformation.]
Pero también, está amenazado de sufrir pruebas espantosas.[Mais aussi, il est menacé de subir d'épouvantables épreuves.]
Desde luego, los problemas que se presentan a todos los Estados se llaman el progresso y la paz. [Les problèmes qui, de ce fait, sont posés à tous les Etats s'appellent le progrès et la paix.]
Para resolverlos nada es (...) [Pour les résoudre, rien n'est (...)]
Journaliste
La substance de cette allocution : tous les Etats doivent résoudre le problème de la paix et être en progrès constant, pour cela, rien de plus important que la coopération de deux pays comme les nôtres, qui hier écoutèrent le même idéal, qui suivent aujourd'hui le même chemin et qui demain seront appelés à un même avenir.
Charles de Gaulle
He aquí, pues, lo que el pueblo francés propone al pueblo mexicano: ¡Marchemos la mano en la mano y viva México!
Journaliste
Manifestation d'enthousiasme, cérémonie du souvenir, visite d'amitié, réception protocolaire, le voyage au Mexique comporte tout cela.
Pendant que le général dépose une gerbe à la colonne de l'Indépendance, les Mexicains sont encore nombreux pour le saluer, et Madame de Gaulle visite une école où les petites filles ont appris à cette occasion de vieilles chansons françaises et où même certaines d'entre elles ont chaussé des sabots.
Au milieu d'un enthousiasme que les images définissent à elles seules, cette même journée deux heures vont être consacrées à la visite d'une cité ouvrière toute nouvelle, la cité de l'Indépendance, construite à l'initiative de l'actuel président, le Président Lopez Mateos et cela grâce à des fonds réunis par la sécurité sociale mexicaine.
Fier de son présent, le Mexique l'est aussi de ses origines. Les héritiers des Aztèques, des Mayas, des Toltèques, ne peuvent former qu'une nation à leur image.
Le peuple mexicain ne peut être qu'un grand peuple affirment les responsables du pays. Aussi, le folklore, souvenir d'un passé brillant est élevé à la hauteur d'une institution, témoin cette danse des indiens Moros de la province de Michoacan.
Plus solennelle, plus classique mais non moins émouvante, la réception à la chambre des députés devant les 176 élus des 32 Etats et territoires qui forment le Mexique.
Charles de Gaulle
Voici la France, actuellement de nouveau en pleine ascension qui est essentielle à l'Europe en train de s'organiser.
La France qui n'attend la paix et l'équilibre du monde, qui attend la paix et l'équilibre du monde, non point des surenchères idéologiques dont se couvrent les candidatures à la domination, mais qui les attend de la personnalité et de la responsabilité des Etats.
La France qui par instinct et par raison, tend à se tourner vers l'immense potentiel et les réalités croissantes de l'Amérique latine, et puis voici d'autre part le Mexique qui a su prendre en ses seules mains son sort et s'affranchir de toutes les entraves que lui laissait un dur passé.
Le Mexique qui parmi tous les Etats latins de l'Amérique donne l'exemple d'une solidité politique d'un développement économique, d'un progrès économique social éclatant.
Le Mexique qui sans méconnaître aucunement ce qu'il y a de fécond et de naturel dans les relations massives qu'il entretient avec son grand voisin du nord, se sent par toute sorte d'affinités attiré en même temps vers les Etats européens et en particulier, j'ose dire : vers le mien.
Entre la France et le Mexique tels qu'ils sont de part et d'autre de l'océan, le resserrement de leur rapport politique direct montrait sans doute beaucoup et heureusement dans le destin de nos peuples et dans celui de tous les hommes le Président Lopez Mateos a dit un jour : "Hagamos del mar un camino de la libertad, la paz y la esperanza humana." [Faisons de la mer un chemin de la liberté, de la paix et de l'espérance humaine.]
Mesdames, Messieurs, les sénateurs, Mesdames, Messieurs les députés, c'est parce que nous y sommes, vous et nous, désormais tout disposés que la cérémonie d'aujourd'hui revêt son caractère imposant. Au nom de la France, je vous en remercie.
Journaliste
Cette amitié entre le Mexique et la France, elle trouve son élan dans la présence d'une très nombreuse colonie française dont les membres construisent, professent, commercent dans tout le pays.
Le Président de la République consacrait quelques instants à une réception donnée en l'honneur des français du Mexique à la résidence de l'Ambassadeur.
Il visitait encore le lycée franco-mexicain de la capitale où les Humanités, et l'origine latine commune rapprochent les enfants des deux pays.
Mais, l'apothéose du voyage, l'image de conclusion qui fut pendant avec la réception du Zocalo, le premier jour, elle venait de l'université de Mexico, de ses étudiants, de ses professeurs.
Ils réservaient au Président de la République un accueil chaleureux qui est la preuve incontestable de la présence et du prestige de la France en cette terre amie.