Redécoupage des cantons dans les Landes : 15 cantons au lieu des 30 existants
16 décembre 2013
02m 11s
Réf. 00826
Notice
Résumé :
Le département des Landes compte 30 cantons issus du découpage de 1801. Après la réforme du découpage cantonal, il n'y en aura plus que 15 avec le même nombre d'élus. Mais là où le bas blesse, c'est que la nouvelle loi s'appuie sur des critères demographiques. Les élus du Nord Est du département se retrouvent avec un canton plus grand que le duché du Luxembourg et deux élus au lieu de six. A Roquefort, commune surnommée "le monstre", c'est une incohérence sociologique et économique" pour le maire Pierre Chanut.
Type de média :
Date de diffusion :
16 décembre 2013
Source :
FR3
(Collection:
19 20. Edition Aquitaine
)
Éclairage
Le mieux peut-il être parfois l’ennemi du bien, même en matière de simplification administrative et électorale ? À considérer les préventions exprimées à l’encontre du canton dit « Haute Lande-Armagnac » en 2013, on pourrait le croire. Ce nouveau découpage électoral comprend en effet 47 communes (1) et s’étend sur un territoire fort vaste : 100 km d’est en ouest (d’Escalans à Escource) sur une bonne trentaine de kilomètres du nord au sud, entre Argelouse et Garein). « Une superficie plus vaste que le Grand Duché du Luxembourg », observe le reportage. Le caractère d’état souverain et de paradis fiscal en moins…
Cette nouvelle cartographie des terres électives s’inscrit dans la réforme des collectivités territoriales engagée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, sur proposition du comité Balladur, mais pleine de rebondissements. Elle aboutit primitivement à la création d’un « conseiller territorial », par substitution du conseiller général et du conseiller régional, mais l’élection de François Hollande en 2012 change le dispositif adopté en 2010. Exit le conseiller territorial cependant que le conseil général devient le conseil départemental et que la parité hommes/femmes est instituée (loi du 17 mai 2013, puis décrets d'application publiés en février et mars 2014).
Parallèlement et compte tenu des mutations démographiques, est engagé un rééquilibrage de la carte cantonale. Les trois cinquièmes de ces subdivisions administratives maillant chaque département n’ont en effet pas été modifiées depuis le Consulat… Or, la jurisprudence du Conseil constitutionnel, renforcée en 2010 au nom du « principe d'égalité devant le suffrage », exige que la population d’un canton ne s'écarte pas de plus de 20 % de la moyenne du département...
Dans cette logique le découpage appliqué au département des Landes aboutit à la division par deux du nombre de cantons (15 au lieu de 30) mais – parité oblige – au maintien du nombre des conseillers (désormais « départementaux ») siégeant lors des séances plénières ou en commission à l’Hôtel Francis Planté à Mont-de-Marsan. D’où une première salve de critiques formulées quant aux « économies » en termes de fonctions électives.
En outre, le nord-est des Landes étant fait de communes plutôt vastes et peu peuplées, le nouveau dispositif a mené à la création de ce « super canton » de 47 communes, suscitant des critiques, de la part de personnalités appartenant à l’opposition départementale (Michel Herrero, maire d’Estigarde et conseiller général du canton de Gabarret) comme d’élus s’inscrivant dans la majorité (Pierre Chanut, maire de Roquefort). Le Président du conseil général, Henri Emmanuelli, balaye les critiques en indiquant que le canton n’est qu’une « assise électorale » et que cela ne change en rien l’action de l’institution départementale.
De fait, la nouvelle carte cantonale bouscule autant les données historiques et géographiques que des habitudes séculaires. Depuis plus de deux-cents ans les contrées rurales surtout s’étaient habituées au cadre familier du canton, nanti des services de proximité (bureau de poste, perception, gendarmerie…). Lesquels ont d’ailleurs assez souvent disparu en raison des privatisations, regroupements ou mutualisations des services de l’État, en particulier dans le cadre de ce qu’on a appelé la RGPP (révision générale des politiques publiques) initiée en 2007, puis continuée sous l’appellation de MAP (modernisation de l'action publique) à partir de 2012.
Pour le cas particulier de ce nouveau canton « Haute Lande-Armagnac » s’ajoute également l’écartèlement de la Haute-Lande qui avait été définie par l’AIRIAL dans les années 1980 (2). Non seulement le canton de Pissos en est exclu et se retrouve lié au Pays de Born (canton de Parentis-en-Born qui prend le nom de « Grand Lacs ») mais le Bas Armagnac, aux paysages et orientations économiques un peu différentes (viticulture et élevage y apparaissent), y est rattaché. L’ancienne et subtile marqueterie des vieux pagi ou pays (3) est quelque peu bouleversée. Le citoyen peut en outre y perdre le sentiment de proximité avec ses élus. Une plainte qui n’a pas lieu d’être à l’époque d’Internet et des téléphones portables ?
Jean-Jacques Fénié
(1) Le canton n° 8 (Haute Lande Armagnac), créé par le décret n° 2014-181 du 18 février 2014, comprend les communes suivantes : Argelouse, Arue, Arx, Baudignan, Bélis, Betbezer-d'Armagnac, Bourriot-Bergonce, Brocas, Cachen, Callen, Canenx-et-Réaut, Cère, Commensacq, Créon-d'Armagnac, Escalans, Escource, Estigarde, Gabarret, Garein, Herré, Labastide-d'Armagnac, Labouheyre, Labrit, Lagrange, Lencouacq, Losse, Lubbon, Luglon, Luxey, Maillas, Maillères, Mauvezin-d'Armagnac, Parleboscq, Retjons, Rimbez-et-Baudiets, Roquefort, Sabres, Saint-Gor, Saint-Julien-d'Armagnac, Saint-Justin, Sarbazan, Le Sen, Solférino, Sore, Trensacq, Vert, Vielle-Soubiran.
(2) Voir « Empreintes landaise » : Futur pays Landes Gironde Naissance fin 2002
(3) Voir le Dictionnaire des pays et provinces de France, par B. et J.-J. Fénié, éditions Sud Ouest, collection Références, juin 2000, 350 pages.
Cette nouvelle cartographie des terres électives s’inscrit dans la réforme des collectivités territoriales engagée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, sur proposition du comité Balladur, mais pleine de rebondissements. Elle aboutit primitivement à la création d’un « conseiller territorial », par substitution du conseiller général et du conseiller régional, mais l’élection de François Hollande en 2012 change le dispositif adopté en 2010. Exit le conseiller territorial cependant que le conseil général devient le conseil départemental et que la parité hommes/femmes est instituée (loi du 17 mai 2013, puis décrets d'application publiés en février et mars 2014).
Parallèlement et compte tenu des mutations démographiques, est engagé un rééquilibrage de la carte cantonale. Les trois cinquièmes de ces subdivisions administratives maillant chaque département n’ont en effet pas été modifiées depuis le Consulat… Or, la jurisprudence du Conseil constitutionnel, renforcée en 2010 au nom du « principe d'égalité devant le suffrage », exige que la population d’un canton ne s'écarte pas de plus de 20 % de la moyenne du département...
Dans cette logique le découpage appliqué au département des Landes aboutit à la division par deux du nombre de cantons (15 au lieu de 30) mais – parité oblige – au maintien du nombre des conseillers (désormais « départementaux ») siégeant lors des séances plénières ou en commission à l’Hôtel Francis Planté à Mont-de-Marsan. D’où une première salve de critiques formulées quant aux « économies » en termes de fonctions électives.
En outre, le nord-est des Landes étant fait de communes plutôt vastes et peu peuplées, le nouveau dispositif a mené à la création de ce « super canton » de 47 communes, suscitant des critiques, de la part de personnalités appartenant à l’opposition départementale (Michel Herrero, maire d’Estigarde et conseiller général du canton de Gabarret) comme d’élus s’inscrivant dans la majorité (Pierre Chanut, maire de Roquefort). Le Président du conseil général, Henri Emmanuelli, balaye les critiques en indiquant que le canton n’est qu’une « assise électorale » et que cela ne change en rien l’action de l’institution départementale.
De fait, la nouvelle carte cantonale bouscule autant les données historiques et géographiques que des habitudes séculaires. Depuis plus de deux-cents ans les contrées rurales surtout s’étaient habituées au cadre familier du canton, nanti des services de proximité (bureau de poste, perception, gendarmerie…). Lesquels ont d’ailleurs assez souvent disparu en raison des privatisations, regroupements ou mutualisations des services de l’État, en particulier dans le cadre de ce qu’on a appelé la RGPP (révision générale des politiques publiques) initiée en 2007, puis continuée sous l’appellation de MAP (modernisation de l'action publique) à partir de 2012.
Pour le cas particulier de ce nouveau canton « Haute Lande-Armagnac » s’ajoute également l’écartèlement de la Haute-Lande qui avait été définie par l’AIRIAL dans les années 1980 (2). Non seulement le canton de Pissos en est exclu et se retrouve lié au Pays de Born (canton de Parentis-en-Born qui prend le nom de « Grand Lacs ») mais le Bas Armagnac, aux paysages et orientations économiques un peu différentes (viticulture et élevage y apparaissent), y est rattaché. L’ancienne et subtile marqueterie des vieux pagi ou pays (3) est quelque peu bouleversée. Le citoyen peut en outre y perdre le sentiment de proximité avec ses élus. Une plainte qui n’a pas lieu d’être à l’époque d’Internet et des téléphones portables ?
Jean-Jacques Fénié
(1) Le canton n° 8 (Haute Lande Armagnac), créé par le décret n° 2014-181 du 18 février 2014, comprend les communes suivantes : Argelouse, Arue, Arx, Baudignan, Bélis, Betbezer-d'Armagnac, Bourriot-Bergonce, Brocas, Cachen, Callen, Canenx-et-Réaut, Cère, Commensacq, Créon-d'Armagnac, Escalans, Escource, Estigarde, Gabarret, Garein, Herré, Labastide-d'Armagnac, Labouheyre, Labrit, Lagrange, Lencouacq, Losse, Lubbon, Luglon, Luxey, Maillas, Maillères, Mauvezin-d'Armagnac, Parleboscq, Retjons, Rimbez-et-Baudiets, Roquefort, Sabres, Saint-Gor, Saint-Julien-d'Armagnac, Saint-Justin, Sarbazan, Le Sen, Solférino, Sore, Trensacq, Vert, Vielle-Soubiran.
(2) Voir « Empreintes landaise » : Futur pays Landes Gironde Naissance fin 2002
(3) Voir le Dictionnaire des pays et provinces de France, par B. et J.-J. Fénié, éditions Sud Ouest, collection Références, juin 2000, 350 pages.
Jean-Jacques Fénié