Historique des sources

L’audiovisuel, source historique

Les documents sélectionnés pour la Fresque pédagogique Panorama Grand Est sont des extraits de journaux ou magazines d’information, provenant des fonds d'archives audiovisuelles de l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) : presse filmée, archives des télévisions publiques régionales et quelques sujets de la télévision publique nationale. L’Ina est détenteur des droits sur les archives de l’audiovisuel public. À ce titre, il conserve la production des chaînes de télévision publique depuis leurs origines.

La source audiovisuelle est d’une richesse irremplaçable pour la compréhension des XXème et XXIème siècles. La presse filmée puis la télévision se sont fait l’écho de l’évolution de notre société sur les plans politique, économique, social et culturel. Elles ont accompagné, en images et en sons, les événements majeurs de l’histoire de nos régions. L’interrogation et la mise en avant de ces sources constituent donc aujourd’hui, avec le recul, un formidable outil pédagogique et d’éducation aux médias au service de cette histoire.

La presse filmée 1944-1969

De 1945 à 1962 les documents sont issus du fonds de presse filmée "Les Actualités Françaises" (AF) acquis par l'ORTF en 1969 et dont a hérité l'Ina. La presse filmée débute au tout début du XXème siècle, soit près de 50 ans avant la télévision et perdure jusqu'à la fin des années 60. Diffusée dans les salles de cinéma, elle offrait au public un panorama, généralement hebdomadaire, de l'actualité nationale et mondiale et, plus rarement régionale.

Les "Actualités Françaises" ont un statut un peu à part dans les fonds de presse filmée. C'est en effet l'Allemagne qui crée dès août 1940 le journal des "Actualités Mondiales", qui devient "France Actualités" d'août 1942 à août 1944. Avec un cofinancement français et allemand, ce journal marque l'engagement plus profond du régime de Vichy dans la collaboration. À la libération, plusieurs comités de résistance reprennent ce journal qui s'intitule désormais "France Libre Actualités". Puis en janvier 1945 est créée la société des Actualités Françaises.

La télévision régionale dans le Grand Est depuis 1953

L'apport des documents des télévisions régionales à la Fresque est largement majoritaire et couvre la période 1954 – 2018. Ceux-ci ont été produits par les stations de Strasbourg, Nancy et Reims.

Avec l’installation d’un émetteur à Strasbourg en 1953, diffusant à partir du 15 octobre des programmes expérimentaux, Télé-Strasbourg devient la deuxième télévision régionale en France. Le début des programmes régionaux commencent le 11 avril 1954 avec le premier décrochage régional. Il faudra attendre le 8 mai 1954, pour la diffusion d’un programme régional tous les jours du lundi au vendredi à 13h15, Images d’Alsace.

À partir de janvier 1957, le programme Est Magazine commun à l’Alsace et la Lorraine est diffusé depuis Strasbourg, jusqu’à ce qu’en 1959 débute la télévision régionale à Nancy.

Le Ministre de l’Information, Alain Peyreffite, décide à partir de 1963 de développer la régionalisation des journaux télévisés autour de la création des Centres d’Actualités Télévisées. C’est ainsi que sera créé en 1963 à Nancy le Centre de Production Télévisée de Lorraine - Champagne Ardenne, avec le lancement d’un journal télévisé régional quotidien commun aux deux régions.

À Reims, le Centre d’Actualités Télévisées est créé en 1965, offrant à la région Champagne Ardenne son journal télévisé propre.

Les télévisions du Grand Est, reflets d’une région ancrée dans le territoire par ses langues et ouverte vers les pays frontaliers

Imprégnée des mutations de la société qui touchent le paysage audiovisuel français, la télévision régionale s’ouvre plus sur les questions de société et de mutations économiques à partir de la fin des années 60.

Parallèlement à l’évolution générale de l’audiovisuel public, deux facteurs fondent la singularité des télévisions régionales dans le Grand Est : la territorialité impliquant des relations de proximité avec les pays transfrontaliers et les émissions en langue régionale.

Par-delà la coopération avec les chaînes de télévision des pays voisins (Sudwestrundfunk et Saarländischen Rundfunk) pour la production de programmes communs, de nombreux programmes sont consacrés aux territoires transfrontaliers. La position géographique de Strasbourg et la présence des institutions européennes dans la ville, sont des marqueurs importants de territorialité. Cette identité résolument européenne amènera, en 1984, à la création d’une rédaction européenne au sein de FR3 Alsace. De 1984 à 2006 cette rédaction programmera notamment le magazine Européos.

Les archives télévisées alsaciennes contiennent des programmes en langue alsacienne dès les années 60. À noter qu’en 1979 FR3 Alsace réalise 27 heures d’émission en alsacien, soit 50% de sa production de 1979. Des émissions quotidiennes en alsacien sont programmées jusqu’en septembre 1990, date à laquelle elles deviennent mensuelles pour laisser la place à un journal télévisé quotidien en alsacien : Rund Um. L’alsacien fait ainsi son entrée dans la rédaction des journaux télévisés. Ce programme est depuis 30 ans toujours à l’antenne.

Les autres langues régionales - platt, champenois, vosgien ou ardennais - si elles ne bénéficient pas de temps d’antenne spécifique, restent néanmoins présentes à l’écran à travers des magazines, documentaires ou dans le sujets de Journaux Télévisés.

Les documents sélectionnés pour la Fresque Panorama Grand Est, sont donc issus de cette diversité. Ils ont été diffusés à un moment donné dans le flux de l’actualité et peuvent être difficilement compréhensibles aujourd’hui. C’est pourquoi le travail de sélection, axé sur les programmes scolaires du lycée général et professionnel, et la contextualisation historique et médiatique de chaque vidéo rédigée par des enseignants permet de dépasser la forme journalistique initiale pour créer un outil pédagogique.

Cet enrichissement culturel et éducatif fait de Panorama Grand Est un outil de compréhension de l’Histoire, des Hommes et de la Culture de la Région Grand Est.

Anne Gerhard-Masson

Responsable documentaire INA Grand Est