Médiathèque
Vidéos
()
6
Positionner la carte sur :Positionner la carte sur :
()
Évocation d’une partie de la vie de Louise Michel, native de Haute-Marne, en montrant les lieux par lesquels elle est passée lors de ses années dans le département. Par son éducation voltairienne, elle défendra la mise en place d’une république en France, prendra d’ailleurs part à la Commune de Paris et adhérera aux idées anarchistes à la fin de sa vie.
08 déc. 2021
27 févr. 1993
Née le 29 mai 1830 à Vroncourt-la-Côte (Haute-Marne), Louise Michel est la fille illégitime du fils d'un châtelain, Laurent Demahis et de sa servante, Marie Anne Michel. Elle grandit donc au château de ceux qu’elle considère comme ses grands-parents. Elle y passe une enfance heureuse et y reçoit une éducation libérale et une bonne instruction dans une ambiance voltairienne, qui lui permettent d'obtenir son brevet de capacité : en 1852, la voilà institutrice.
A la mort de ses protecteurs, elle est chassée du château et quitte Vroncourt-la-Côte pour le village voisin d’Audeloncourt. Refusant de prêter serment à l'empereur Napoléon III qui vient de mettre fin à la IIème République et de proclamer le Second Empire, elle décide alors d’ouvrir en 1853 une école libre, c’est-à-dire dégagée de tout lien avec les institutions impériales afin de former des esprits libres. C’est en tant qu’institutrice qu’elle fait ses premiers gestes militants, notamment en perturbant le bon déroulement des messes, tel que cela est évoqué dans le reportage. Ces méthodes ne plaisant guère à son inspecteur d’académie, elle est priée de partir.
En 1855, c’est à Paris qu’elle enseigne dans une institution de la rue du Château-d'Eau. Elle écrit des poèmes dénonçant la misère, collabore à des journaux d'opposition de mouvance socialiste comme Le Cri du Peuple, fréquente les réunions publiques. Grâce à ces dernières, elle rencontre les partisans d’Auguste Blanqui (un révolutionnaire socialiste souhaitant la mise en place d’une république égalitaire qui mette fin à la misère). A partir de là, elle refuse tout ce qui évoque la monarchie, elle qui au départ était une royaliste très pieuse.
D’ailleurs, c’est lors d’une réunion publique qu’elle rencontre le socialiste Charles Ferré, son seul amour connu, amour qui est resté platonique. Elle a d’ailleurs toujours refusé de se marier car c’est une célibataire convaincue qui ne veut désormais ni Dieu, ni maître. En effet, à l’époque les femmes sont inféodées aux hommes et sont considérées comme des mineures perpétuelles. Cela lui vaut son célèbre surnom de « Vierge Rouge », a priori donné par Paul Verlaine. De plus, elle lutte pour l’émancipation des femmes des milieux aisés comme des milieux modestes. Elle estime que les femmes sont toutes traitées comme du bétail aussi bien les riches (avec leur dot) que les pauvres (qui sont parfois réduites à se prostituer).
Jusque-là militante, elle devient révolutionnaire lors de la Commune de Paris en 1871 lorsque la capitale est assiégée par les Prussiens suite à la défaite militaire française. Ce soulèvement patriotique refusant de donner Paris aux Prussiens a permis pendant plus de deux mois l’application des idéaux socialistes. Louise comparait au tribunal militaire en juin 1871 à la fin de la Commune de Paris qui a d’ailleurs été réprimée dans le sang par le gouvernement. A cette époque, on a du mal à condamner les femmes de la même manière que les hommes. Les juges trouvent qu’elle a des opinions violentes mais en même temps c’est une femme donc elle les embarrasse beaucoup, surtout lorsqu’elle réclame d’être condamnée à mort à l’instar de ses compagnons de lutte.
Finalement, elle est condamnée à la prison en décembre 1871. Elle est internée dans la maison d’arrêt d’Auberive en Haute-Marne jusqu’en 1873 avant d’être déportée dans un bagne en Nouvelle-Calédonie. C'est sans doute en apprenant cela que Victor Hugo écrit son très beau poème « Viro Major ». Arrivée en Nouvelle-Calédonie en 1873, tout en purgeant sa peine, elle s'emploie à l'instruction des kanaks (tribus indigènes) et les soutient dans leur révolte contre les colons. Louise Michel affirme dans ses Mémoires que c’est à cette époque qu’elle adhère aux idées anarchistes. Elle fait un retour triomphal à Paris, après l'amnistie générale de 1880 accordée aux anciens communards. En effet, la République connaît une grande crise économique et sociale qui la fragilise et a donc besoin de cohésion sociale. C’est dans ce contexte qu’est votée la loi d’amnistie pour apaiser les relations entre la bourgeoisie et la classe ouvrière afin que dure la République. Rentrée en France, elle organise des conférences contre la misère et pour faire essaimer ses idées anarchistes, entre 1880 et 1905. Elle retournera quelques fois en prison lors de débordements imputés à ses meetings. Elle meurt au cours de l'une d'elles à Marseille, en janvier 1905. Ses funérailles donnent lieu à une grande manifestation, et tous les ans jusqu'en 1916, un cortège se rendra sur sa tombe, au cimetière de Levallois-Perret.
Consacré à Louise Michel, ce reportage a été diffusé dans le journal télévisé de France 3 Champagne-Ardenne, le 27 février 1993. La rédaction de France 3 Champagne-Ardenne a donc envoyé en Haute-Marne les reporters Anne Berger et Floréal Torralba afin de rendre compte du parcours de Louise Michel en Haute-Marne, sa terre natale, à l’occasion d’une exposition montée à Bettancourt-la-Ferrée (au Nord de Saint-Dizier) par une association d’historiens locaux. Cette association créée en 1991 par Jean-Marie Chirol, ici interviewé, se nomme Mémoires 52. Son but est de mener des recherches historiques consacrées au département de la Haute-Marne. Aussi ont-ils construit leur sujet très logiquement de manière chronologique.
La première partie du reportage évoque la naissance et l’enfance de Louise Michel à Vroncourt-la-Côte tout en filmant l’entrée du village avec la rue qui lui est dédiée. Ensuite, une photo ancienne du château où elle vécut nous est montrée afin de nous faire une idée de ce à quoi ressemblait cet endroit. En effet, de nos jours, il n’en reste que quelques pierres. Une stèle et des panneaux explicatifs ont été érigés là où se tenait autrefois le château, comme pour mettre en avant une mémoire positive de la Commune de Paris. En effet, de 1871 à nos jours, on observe une concurrence et une récupération des mémoires à propos de cet évènement, de manière plus ou moins heureuse. A ce sujet, consulter l'ouvrage d'Eric Fournier, La Commune n’est pas morte. Les usages politiques du passé de 1871 à nos jours, Paris, Libertalia, 2014.
Ensuite un plan rapproché est fait sur une citation de Louise Michel issue de l’exposition : «Il faut autre chose que la charité pour que chacun ait du pain ». Cela fait écho à une précoce prise de conscience de Louise Michel à propos de la misère. En effet, selon elle il faut plus que des dons envers les plus démunis pour mettre fin à leurs conditions de vie précaires, il faut réclamer des avancées sociales. Il est ensuite question du départ de Louise vers un village voisin, Audeloncourt. Plusieurs plans sont faits sur l’église pour illustrer le côté rebelle de Louise vis-à-vis de la religion au service du Second Empire.
On voit ensuite un bâtiment dont on devine par la suite qu’il s’agit de l’abbaye d’Auberive devenue prison après la Révolution française. Un plan nous montre ce qui fut probablement la cellule où Louise fut enfermée entre 1871 et 1873, avant d’être déportée en Nouvelle-Calédonie. Dans la dernière séquence, on aperçoit un plan de l’exposition. La journaliste évoque le fait que celle-ci sera exportée en Nouvelle-Calédonie. Cela n’est pas étonnant étant donné que c’est à cet endroit que Louise Michel est devenue anarchiste, d’après ses Mémoires.