Historique des sources

Institut national de l’audiovisuel

L’Institut national de l’audiovisuel est détenteur des droits sur les archives de l’audiovisuel public. À ce titre, il conserve la production des chaînes de télévision publique depuis leurs origines. Ces archives conservées et valorisées par l’Ina représentent une source exceptionnelle pour la compréhension du monde contemporain et de ses évolutions.

La presse filmée, la radio, puis la télévision, se sont fait l’écho de l’évolution de notre société sur les plans politique, économique, social et culturel, accompagnant en images et en sons les événements majeurs de l’histoire du pays. La mise en avant des archives audiovisuelles constitue donc aujourd’hui un formidable outil pédagogique au service de l’Histoire.

Le travail sur les sources audiovisuelles a été tardif, tant à cause d’une certaine frilosité des chercheurs à explorer un média nouveau que par la difficulté qu’il y eut, pendant longtemps, à y accéder. La création du dépôt légal de l’audiovisuel en 1992, dont l’Ina a la charge, puis la mise en place en 1999 d’un vaste plan de sauvegarde et de numérisation de ses collections, ont favorisé la consultation des archives de l’Ina, et leur valorisation.

L’archive audiovisuelle représente désormais un outil de recherche à part entière et donne lieu à des études portant autant sur le média lui-même que sur les contenus que celui-ci produit, révélateurs du monde en marche.

Les documents proposés dans cette fresque sont issus de plusieurs grands fonds conservés ou valorisés par l’Ina.

Le document le plus ancien de la fresque date de 1924. Il est produit par le ministère de l’Agriculture, dont une partie des collections audiovisuelles est distribuée par l’Ina. Elles se composent de films didactiques et de vulgarisation, tournés pour le service cinématographique du ministère, destinés à être présentés dans ses services extérieurs, les communes, les foyers ruraux, ou les écoles d'agriculture qui en faisaient la demande.

À partir des années 1940, ce sont les journaux des Actualités françaises (AF) qui dominent. Cette société de production de presse filmée propose des actualités cinématographiques diffusées dans les salles de cinéma à une période où la télévision, encore expérimentale et balbutiante, est loin de couvrir l’ensemble du territoire national. Les informations régionales constituent une infime partie de la production des AF. Acquis par l’ORTF en 1969, ce fonds est entré naturellement dans les collections de l’Ina à la création de l’institut en 1974.

En France, la télévision débute en 1949. La RTF (Radio Télédiffusion française) est un service public, monopole d’État, émanation du pouvoir politique. Elle est produite majoritairement en Île-de-France et nécessite des émetteurs-relais pour propager le signal hertzien sur l’ensemble du territoire. Elle est tout d’abord diffusée à Paris et ses alentours.

De 1949 aux années 1960, le réseau d’émetteurs-relais se développe lentement. Un émetteur est construit à 1954 à Marseille, et sur le Pic du Midi, dans les Pyrénées, en 1960. Les téléspectateurs restent concentrés en Île-de-France, et dans le Nord de la France.

Dès les années 1950 et jusqu’en 1962, des expérimentations de télévisions régionales sont menées dans plusieurs métropoles : Lille, Lyon, Strasbourg et Marseille. Ainsi, Télé-Marseille, inaugurée en 1954 et dédiée au Sud-Est, consacre régulièrement des reportages à l’actualité languedocienne et héraultaise. Dans les années 1960, le Magazine de la mer produit par la RTF Marseille consacre ainsi son premier numéro au Groupe de recherches archéologiques Agde. A cette époque, l’émetteur TV de Marseille couvre l’Hérault. Ce tropisme marseillais se poursuivra jusqu’à la création d’un Centre d’actualités télévisées à Montpellier le 5 mai 1965, rattaché fonctionnellement au Bureau régional d’information de Toulouse. Certaines émissions sont alors réalisées par des personnalités héraultaises du monde de la culture telles la comédienne Madeleine Attal ou l’écrivain Frédéric-Jacques Temple.

À partir de 1962, le pouvoir gaulliste lance un vaste plan de régionalisation de la télévision publique. Celui-ci accompagne la réorganisation administrative du territoire autour des préfets de Région. Sous la houlette d’Alain Peyrefitte, ministre de l’Information entre 1961 et 1966, la télévision régionale connaît alors un développement sans précédent.  Les émetteurs se multiplient, et la RTF, qui deviendra en 1964 l’ORTF, crée un maillage de centres de production. Ces centres sont constitués de Bureaux d’information télévisée (BRI), dont dépendent des Centres d’actualités télévisées (CAT).

Ces centres de production rendent compte en priorité de l’action de l’État dans la modernisation de la France des Trente Glorieuses. Par les informations qu’elle diffuse, la télévision sert à promouvoir la politique gouvernementale, relayée par les préfets. Si l’information est au cœur des missions de ces centres régionaux, des programmes culturels et sportifs sont également réalisés.

Cette mission de relais est particulièrement visible dans la couverture médiatique tant régionale que nationale de l’aménagement du littoral languedocien. Des reportages et des magazines consacrés aux grandes étapes de la Mission Racine sont diffusés au niveau national, et des points d’étape plus localisés sont couverts par le CAT de Montpellier.

Après 1968 et jusqu’en 1973, un changement de ton s’observe dans le traitement de l’information, avec la montée en puissance de la 2e chaîne et la création en 1972 de la 3e chaîne, qui n’est pas encore dédiée aux régions. Le contrôle étatique se desserre, et la télévision peut rendre compte de questions de société, de conflits sociaux, ou des revendications des cultures minoritaires qui jusqu’à présent n’étaient pas évoqués.

1974 marque l’éclatement de l’ORTF, et la fin de la 3e chaîne. Celle-ci devient FR3, qui se positionne dès ses débuts comme la chaîne des Régions. Si FR3 voit globalement augmenter son temps d’antenne, les centres de production doivent se soumettre à une « inter-régionalisation » de leurs programmes décidée par la direction nationale : les émissions doivent pouvoir être diffusées sur de vastes zones géographiques.

Ainsi, les programmes réalisés par les équipes toulousaines et montpelliéraines seront distribués dans tout le Grand Sud-Ouest. Cette obligation a pour conséquence de gommer en partie les spécificités locales des émissions.

Les années 1980 voient le paysage audiovisuel français se modifier profondément, avec la victoire de François Mitterrand aux élections présidentielles de 1981. Dès son arrivée au pouvoir, la Gauche met en place une série de mesures, dont la loi du 29 juillet 1982 qui supprime le monopole de l’État dans la production et la création audiovisuelles, ouvrant ce secteur à la concurrence et permettant la création de radios et chaînes de télévision privées.

La « régionalisation » des stations de FR3 se traduit notamment par une augmentation de la durée des programmes quotidiens, passant de 35 minutes à 3 heures. Tandis que les journaux télévisés continuent d’évoquer l’actualité du territoire, de très nombreux magazines aux thématiques variées sont créés et produits en régions : émissions culturelles, programmes dédiés à la jeunesse, la tauromachie ou la gastronomie.

À partir de 1990, face à la concurrence des décrochages régionaux de M6 et au développement de chaînes locales privées, une nouvelle étape de la décentralisation audiovisuelle est lancée avec la création d’éditions locales. Dans la partie ouest de la région Occitanie, des locales sont créées à Nîmes et Montpellier.

À partir des années 2010, suite à la création du groupe France Télévisions, FR3 devient France 3. Les programmes diffusés à l’antenne sont désormais également accessibles sur Internet.

À l’aube des années 2020, une tranche horaire en matinée est assurée conjointement par les antennes du service public de la radio (France Bleu) et de la télévision (France 3), en réponse à la concurrence accrue des nouveaux médias en ligne et des réseaux sociaux. Des programmes sont créés spécifiquement pour Internet, afin de s’adapter aux usages du public.

Yves Gaillard
Responsable documentaire, délégation INA Midi Atlantique

Bibliographie :

Histoire de la télévision régionale, Benoît Lafon, INA éditions, 2012

Archives départementales de l’Hérault

Répondant à une mission instaurée à la Révolution française de conservation des archives publiques produites sur le territoire du département, les Archives départementales de l’Hérault exercent les missions légales d'archivage des administrations de l'État définies pour cet échelon, du Conseil départemental et des communes qui font le dépôt de leurs archives. Elles accueillent aussi des archives privées et abritent une bibliothèque patrimoniale spécialisée en histoire. Toutes ces ressources, une fois inventoriées et conservées dans des magasins adaptés, pour certaines numérisées, sont mises à la disposition du public pour les besoins de la recherche et pour la justification du droit des personnes.

Avec la diversification des supports de l’information au XXe siècle, les Archives départementales voient se développer les entrées de documents audiovisuels, tant d’origine  publique que privée. Il s’agit de vidéos, de films argentiques et d’enregistrements sonores, dont le plus ancien remonte à 1948.

À la catégorie constituée des documents produits par l’administration départementale appartiennent par exemple les enregistrements vidéo des débats de l’Assemblée départementale. S’y rattachent aussi les documentaires réalisés par l’Unité audiovisuelle du service de communication pour illustrer l’action du Département dans ses divers domaines de compétence. C’est de cette entité que proviennent : Le littoral héraultais face aux changements climatiques, L’exemple de Villeneuve-lès-Maguelone et La criée du Grau d’Agde, deux courts-métrages réalisés par Luc Bazin, qui dirigea durant plusieurs années l’Unité audiovisuelle.

Par ailleurs, le Département a été à l’initiative de la création d’importants corpus audiovisuels privés, dont il a favorisé la constitution, comme par exemple celui de l’Office départemental d’action culturelle (ODAC). Cette association créée en 1979 œuvre pendant une vingtaine d’années pour promouvoir et coordonner l'animation et l'action culturelles dans le département de l’Hérault. Sa phonothèque et sa vidéothèque comptent plusieurs centaines d’heures de sons, captés avec ou sans images, dont de nombreux témoignages oraux, dans un but de conservation du patrimoine ethnologique. Tout autre était l’objectif du Vidéo Animation Languedoc (VAL), structure associative elle aussi impulsée par la collectivité départementale : créé la même année que l’ODAC, le Val a fonctionné comme un centre de ressources vidéo et comme un lieu de formation, car il était équipé de matériel de prises de vues et de montage. À partir de 1986, il s’est doté de six centres de ressources et de communication (CRC) pour couvrir l'ensemble du territoire héraultais : Gignac, Mèze, Lunel, Saint-Mathieu-de-Tréviers, Olargues et Pézenas. De 1993 à 1999, il est à l'initiative, à la demande du Conseil général, de la création d'une télévision locale, Canal 34. Il réalise les programmes de cette chaîne. En raison des mutations technologiques liées à la diffusion de l'information et des changements d'orientation politique du Conseil général, l'association est dissoute en 2002. On lui doit la constitution d’un corpus de plus de 11 500 documents vidéo, au nombre desquels figure Littoral, film d’Hubert Roy présenté dans cette fresque.

L’ARIS, association pour la recherche, l’image et le son, fondée en 1987 par des ethnologues, réalisateurs et spécialistes de la communication en Languedoc, a pour objectifs le recueil, la sauvegarde et la valorisation des archives audio-visuelles à caractère ethnologique de l’Occitanie. L’association contribue également à l’élaboration de programmes documentaires comme le Grenier des Images, une série sur les cultures régionales réalisée par Luc Bazin, réalisateur-ethnologue, en co-production avec l’INA et FR3 Sud, à partir de fonds d’archives cinématographiques inédites de non-professionnels. Les deux films Port de Sète vers 1935, Côtes de la Méditerranée, Sète vers 1940 et Sortie taurine au pré, documentaire anonyme de 1954, font partie de cette série. Le Diable à la Fourchette, est une production ARIS de 1990.

Enquêtes orales, documentaires d’anciens réalisateurs, créations artistiques, films amateurs de familles, etc. : les archives audiovisuelles continuent de s’enrichir par des dons et des versements réguliers.

Muriel Paquelet
Archiviste en charge des fonds audiovisuels, Archives départementales de l’Hérault