Présentation

Edito

L'édito de la région Sud

Terre de patrimoine unique au monde, Provence-Alpes-Côte d’Azur est riche d’une longue histoire dont ses habitants sont les héritiers.

Depuis plusieurs générations, une part de cette histoire s’écrit sur les écrans et les ondes : c’est ce précieux fragment de vie commune que Sudorama propose de découvrir ou de redécouvrir !

Avec plus de 500 documents issus des archives de l’Institut national de l’audiovisuel depuis 1940, Sudorama retrace, dans toute leur foisonnante variété, soixante-dix ans de moments partagés en Provence-Alpes-Côte d’Azur !

Entre curiosité et émotion, voilà chacun invité à se laisser entraîner dans une passionnante exploration, à la recherche d’instants légendaires ou bien de pépites insoupçonnées…

Successeur de Repères Méditerranéens, initiative déjà née de la coopération entre la Région Sud et l’INA, Sudorama prolonge cette ambition culturelle partagée avec l’objectif de s’ouvrir à un public toujours plus grand.

À ce titre, la jeunesse fait l’objet d’une attention particulière : via la plate-forme « Correlyce », Sudorama est accessible dans tous les lycées de la région, en proposant pour une partie de son contenu une contextualisation historique facilitant un usage pédagogique.

À la fois didactique et ludique, Sudorama poursuit une authentique vocation citoyenne : permettre de voir l’actualité autrement, en l’observant au prisme d’un passé qui éclaire toujours le présent.

Véritable machine à remonter le temps, Sudorama ressuscite sept décennies de mémoires du Sud pour dessiner la grande fresque audiovisuelle de Provence-Alpes-Côte d’Azur !

Renaud Muselier
Président de la Région Sud
Christian Estrosi
Président délégué de la Région Sud

L'édito de l'INA

L’Institut national de l’audiovisuel (INA) est fier et heureux de proposer, avec le soutien de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, la  fresque pédagogique Sudorama, une offre numérique de contenus pédagogiques innovante et entièrement éditorialisée qui retrace l’histoire et la culture de la région Sud : plus de 500 documents audiovisuels préservés par l’INA, des années 1940 à nos jours, pour découvrir, comprendre et partager 80 ans d’histoire régionale.

Initiée dès 2009 avec les Repères Méditerranéens, cette collaboration s’inscrit dans le prolongement de la mission d’éducation aux médias et à l’information engagée par l’INA aux côtés de l’Education nationale et des collectivités territoriales.

Outre une interface totalement repensée et de nouveaux contenus vidéo destinés à tous les publics, Sudorama propose une version spécifiquement dédiée aux enseignants et à leurs élèves, augmentée de fonctionnalités avancées pour permettre une pédagogie participative directement reliée aux programmes scolaires. Les vidéos, enrichies d’éléments de contexte historique ou médiatique et de repères pédagogiques, sont réunies dans des parcours thématiques conçus et réalisés avec le concours d’enseignants des académies d’Aix-Marseille et de Nice ainsi que du laboratoire TELEMMe de la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme.

Entreprise publique audiovisuelle et numérique, l’INA collecte, sauvegarde et transmet le patrimoine télévisuel, radiophonique et web français, dans une démarche d’innovation éditoriale et d’usages dont la fresque Sudorama constitue un nouveau témoignage au service du grand public comme des enseignants et de leurs élèves. 

Laurent Vallet
Président de l'INA

En savoir plus…

La fresque « Sudorama » met à la disposition du public un ensemble documentaire exceptionnel, tiré du riche fonds d’archives de l’INA, qui permet de parcourir l’histoire de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur depuis les années quarante et d’en comprendre l’évolution.

En quelques décennies, cette région a connu une impressionnante série de mutations, avec de véritables ruptures. Ce sont d’abord les années de guerre, entre 1939 et 1945, avec leur cortège de drames et de destructions, dans une Provence que sa situation a placé au cœur de quelques moments essentiels, dont le débarquement du 15 août 1944. L’empreinte politique de cette période a été considérable puisqu’une génération nouvelle, issue de la Résistance, a dominé la scène politique et la presse jusqu’aux années 1980.

La deuxième rupture, celle du « choc de la décolonisation », a été marquée par l’impact des guerres coloniales sur la région, la fin du « système industrialo-portuaire marseillais » qui reposait en grande partie sur les produits venus d’Outre-Mer et par l’arrivée de plusieurs dizaines de milliers de rapatriés. Cet apport a contribué à la formidable mutation démographique qui, depuis les années soixante, a fait doubler la population régionale pour arriver aux quelque cinq millions d’habitants d’aujourd’hui. Immigration de travail composite, mêlant la main d’œuvre peu qualifiée souvent étrangère aux cadres et professions indépendantes originaires de toutes les régions de France et d’une partie de l’Europe, néo-retraités, migrants temporaires - les touristes - qui multiplient la population chaque été, tout témoigne d’une attraction qui ne se dément pas et qui fait de la Provence l’une des régions les plus prisées, sinon la plus prisée du pays.

Cet essor s’est accompagné d’une urbanisation galopante à partir du littoral et des grandes villes, recouvrant les petites républiques villageoises et tendant à cloisonner des populations séparées par des écarts de richesse considérables dans et autour des conurbations qui concentrent le long du littoral 70 % des habitants.  Cet essor a nécessité, pour être accompagné et poursuivi, la construction d’équipements spectaculaires : voies de communication (autoroutes, lignes ferroviaires à grande vitesse) et aéroports, escalier de barrages de la Durance et du Verdon qui permettent, entre autres choses, au canal de Provence d’alimenter en eau le bas pays, établissements scolaires et universitaires, zones commerciales ou d’entreprises, etc.

Cette transformation du paysage, brutale, parfois « sauvage », a posé très tôt la question de la préservation d’un environnement fragile, menacé par des périls tout naturels (incendies, inondations, etc.), comme par les convoitises très humaines que de trop nombreuses « affaires », crapuleuses ou politico-financières, sont venues dévoiler durant cette période. La mise en place d’une série de parcs – parmi les premiers en France - ou de sites protégés, dont la liste n’est pas close, est venue sanctuariser une partie d’un patrimoine naturel exceptionnel.

L’entrée dans la « société de consommation », la diffusion de la télévision, la généralisation de la voiture, la construction des grands ensembles, l’essor des « grandes surfaces » accompagnent cette mutation tertiaire et post-industrielle. Le moment est marqué, non seulement par la déferlante du tourisme estival, mais aussi par le réveil d’une partie de la montagne grâce aux sports d’hiver, et par l’extraordinaire engouement pour certaines formes de culture qui ont donné naissance à une économie touristique particulière, que nourrissent les grands festivals – Cannes, Avignon, Aix, etc. – nés après la guerre.

En participant au changement d’image de la région et en favorisant un terreau créatif, ils ont contribué à faire de la Provence une « terre de culture » parmi les plus vivantes qui soient. Le patrimoine historique, dans toute sa précieuse diversité, qui s’étend de la Préhistoire à l’époque la plus contemporaine, en a profité, d’autant qu’il bénéficiait de découvertes – la grotte Cosquer -, de redécouvertes – la Vieille Charité à Marseille – ou de créations – la Fondation Maeght - spectaculaires. Dans le même temps, la « militarisation » de certains plans de Provence (Albion, Canjuers) renforçait la présence des armées au point de donner à la région une prééminence nationale.

Mais, dans le même temps, l’ancienne économie, agricole et industrielle, se défaisait. La désindustrialisation a touché les activités traditionnelles (tanneries, poterie, etc.), les mines, puis la construction navale qui était le fleuron de la métallurgie régionale. Alors que Fos-sur-Mer, prolongeant l’extension de Marseille vers l’Ouest, bouleversait les rivages de La Crau et la géographie industrielle du Sud, une autre économie, tournée vers les services – commerce, tourisme, etc. - ou les hautes technologies, s’installait avec pour tête de proue et modèle Sophia-Antipolis, et dont ITER est la plus récente illustration. Mais ces changements, parfois brutaux, ont sinistré les bassins de mono-activité et ne sont pas allés sans drames sociaux qui ont mis souvent la Provence et Marseille au premier rang de l’actualité des « luttes ».

Ce bouleversement a eu des effets considérables sur le paysage, l’activité, la culture, les rapports de forces politiques et sociaux. Même si la culture « républicaine avancée » (« rouge »), qui a servi de fondement à la longue domination électorale de la gauche, socialiste et communiste, se maintient, le glissement à droite, à partir de la Côte d’Azur et des noyaux persistants de la Provence « blanche », s’est accentué depuis les années quatre-vingt avec le délitement du système politique issu de la Libération et dont Gaston Defferre était l’une des clés de voûte. Dominée par le Parti républicain (PR), amalgamant démocratie-chrétienne et conservatisme, modernisme libéral et traditionalisme, « médecinisme » niçois et nostalgiques de l’empire colonial, une nouvelle Provence « blanche » émerge donc. Sous l’effet de ce glissement et des braises mal éteintes de la décolonisation, la propension régionale à l’extrémisme politique change partiellement de sens. Alors que le Parti communiste s’est affaibli, l’émergence d’une droite extrême ternit l’image d’une région que, déjà, la vague de crimes racistes des années soixante-dix avait ébranlée.

Pourtant, elle est aussi le cadre d’une intégration que bien d’autres régions envieraient. Voie de passage, ouverte aux flux transalpins, elle a entretenu longtemps avec l’Italie une relation ambiguë. Elle paraît reproduire, depuis cinquante ans, avec l’Afrique du Nord un rapport du même genre. Région frontière, région littorale, région refuge, région de passage, attirant le Nord et le Sud, elle est zone de brassage, pôle d’attraction, centre d’initiatives. L’une de ses caractéristiques est d’être parcourue par tous les flux de la Méditerranée.

Sudorama rend compte d’une Provence ouverte, qui se forge au fil des jours grâce aux efforts de tous ceux qui s’y investissent, quelle que soit leur origine, et ils insistent sur les liens historiques, économiques, humains, culturels, qui unissent la région à toutes les contrées de la Méditerranée. L’identité de cette région ne se résume pas à une histoire passée, même s’il est important de l’enraciner dans une « tradition », qu’il convient d’entretenir. Au cœur de cette construction toute contemporaine, il y a désormais la Région dont l’émergence comme entité politique majeure depuis 1975, et, plus encore, depuis 1982, est l’un des grands changements structurels de la période.

En contribuant à organiser le territoire, en lui donnant une représentation, en prenant des initiatives qui engagent son avenir, elle participe de cette réalité dynamique dont la fresque tente de rendre compte au mieux, sous ses diverses facettes, par-delà les contraintes de sources, avec le souci d’un équilibre thématique et géographique.

Jean-Marie Guillon (2009)

TELEMME - (Aix Marseille Université - CNRS)

Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme

Addendum (2020)

En 2020 la fresque, anciennement appelée « Repères Méditerranéens », a été renommée « Sudorama », enrichie et transformée pour lui donner une dimension pédagogique approfondie.

L’objectif de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur est de permettre au plus grand nombre, et tout particulièrement aux lycéens, de développer une connaissance approfondie du territoire, grâce à la mise en ligne de contenus audiovisuels issus des archives audiovisuelles de l’INA à des fins pédagogiques, en collaboration avec les Académies d’Aix-Marseille et de Nice et sous l’égide d’une équipe de chercheurs du laboratoire Telemme.