Britannicus mis en scène par Brigitte Jaques-Wajeman au Théâtre du Vieux-Colombier
Notice
Interview de Brigitte Jaques-Wajeman, qui explique avoir choisi Dominique Constanza pour jouer Agrippine afin de donner au personnage charme et féminité, à l'encontre des mises en scène traditionnelles. Extrait de la scène 2 de l'acte IV, entre Agrippine et Néron. Reprise de l'interview, où la metteuse en scène évoque l'« amour de prédation » qui traverse les pièces de Racine.
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Éclairage
Britannicus, que Racine fait jouer en 1669, intervient à un moment stratégique de sa carrière : la tragédie vient confirmer la réussite d'Andromaque auprès du public, mais elle vaut aussi à son auteur les premières approbations des doctes et l'impose comme le digne rival de Corneille, dont elle reprend l'inspiration romaine et politique. Racine emprunte en effet son sujet aux Annales de l'historien romain Tacite, qui raconte les années sombres du règne de Néron. Il est cependant le premier auteur tragique à proposer une pièce sur l'épisode de la mort de Britannicus : en cela, il se montre novateur et s'écarte de ses premiers sujets de tragédie. Il innove également en inventant le personnage de Junie, qui introduit une dimension amoureuse dans une intrigue avant tout politique.
Dans sa mise en scène, réalisée au Théâtre du Vieux Colombier en 2004, Brigitte Jaques-Wajeman s'intéresse au premier chef au rapport incestueux de Néron et Agrippine, par ailleurs attesté par Tacite : son Néron (Alexandre Pavloff) est infantile, à la fois tyrannique et terrifié devant sa mère Agrippine (Dominique Constanza), elle-même possessive et insatiable d'amour. Le décor est épuré et donne à voir, outre quelques fauteuils, une colonne mobile rouge sang qui se déplace tout au long du spectacle et finit par s'immobiliser au milieu de la scène, figurant le cordon ombilical qui relie le jeune empereur à sa mère dévorante. La violence de la pièce apparaît ainsi comme nécessaire, contenue dès le départ dans la relation de la mère et du fils. Narcisse (Jean-Baptiste Malatre), avec sa pâleur glaciale, apparaît comme une allégorie du mal qui séduit Néron.