Avec Jan Fabre, une fresque médiévale au festival d'Avignon
Notice
Provocation, scandale ? En 2001, Bernard Faivre d'Arcier livre la Cour d'honneur du festival d'Avignon au flamand Jan Fabre, dont les spectacles suscitent souvent la polémique. Présenté comme un « conte de fées médiéval », Je suis sang évoque le sombre Moyen Age et les atrocités commises au nom du catholicisme.
Éclairage
Quatre ans avant d'être « artiste associé » du festival d'Avignon, le metteur en scène et chorégraphe flamand Jan Fabre y occupe déjà, en 2001, la Cour d'honneur du Palais des Papes, avec Je suis sang, à l'invitation de Bernard Faivre d'Arcier. Depuis Maurice Béjart en 1967, les plus grands noms de la danse contemporaine (Pina Bausch, Merce Cunningham, Martha Graham, William Forsythe), sont passés par le festival d'Avignon jusqu'y compris dans le saint des saints, cette fameuse Cour d'Honneur, lieu de consécration et parfois de dispute. En 2001, Jan Fabre est déjà adoubé, depuis longtemps, par les plus grandes scènes internationales (notamment le Théâtre de la Ville à Paris), même si la polémique accompagne le plus souvent ses créations. Mais Avignon, c'est autre chose... Au journal d'Antenne 2, dans son introduction au reportage de Michel Strulovici, Claude Sérillon parle de « provocation » et de « scandale ». Dans ce spectacle qui puise son inspiration dans la fureur du Moyen Age, « c'est sans tabou que le chorégraphe exprime l'atrocité », commente Michel Strulovici. En fait, contre toute attente, et à l'opposé de 2005 où sa ligne artistique suscitera une intense controverse (voir ce document), la présence de Jan Fabre en 2001 n'occasionnera pas de remous majeurs, et Je suis sang, présenté comme un « conte de fées médiéval » et spécialement conçu pour l'espace de la Cour d'honneur du Palais des Papes, est plutôt bien accueilli, par le public comme par la critique.
En « guerrier de la beauté », Jan Fabre définit son travail comme « une recherche de la beauté en tant qu'hommage à l'absence et à l'indicible ». Dans ses mises en scène, il oscille de l'attraction à la répulsion, de la discipline au chaos dans une sorte de cynisme métaphysique. Traversé de réminiscences médiévales, et faisant allusion au « sombre » univers du Moyen Age comme aux atrocités commises au nom du catholicisme, dont le Palais des Papes serait l'effigie, Je suis sang manifeste pour Jan Fabre une sorte de mysticisme organique. Pour lui, malgré l'évolution de sa conscience, les progrès de la raison et de la science, la globalisation et la mondialisation, aucune nouvelle image mentale et physique de l'homme n'a véritablement fait surface depuis le Moyen Age...