Parcours thématique

Le ballet néo-classique

René Sirvin

Introduction : Qu'est-ce que le « néo classicisme » ?

Certaines chorégraphies sont qualifiées de « néo-classiques », terme vague et parfois péjoratif. L'histoire du ballet néo-classique est long fleuve dont le cours comprend autant de méandres que de chutes et affluents... mais qui charrie une eau toujours vive. Quels sont donc les critères qui définissent le ballet « néo classique » ?

Le mot ne figure dans aucun dictionnaire de danse. Le néo-classicisme ne correspond en effet ni à une époque précise, ni à un style, mais plutôt à un genre.

En revanche, le Larousse précise que « les découvertes archéologiques du XVIIIe siècle notamment de Pompéi ont été à la base du courant néoclassique.... Une tendance artistique et littéraire de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe qui s'est appuyé sur les exemples de l'antiquité classique ou du classicisme du XVIIe siècle ».

Une antiquité qui influence des artistes comme les peintres David et Girodet, l'architecte Ledoux et le sculpteur Canova. A priori, rien à voir avec la danse. Et pourtant....

Lincoln Kirstein (1907-1996) - le jeune Bostonien qui fit venir George Balanchine aux Etats Unis et fonda avec lui le New York City Ballet - consacre un chapitre au Néoclassicisme dans son livre « Four Century of ballet. Fifty Masterworks ». Lui aussi précise que ses racines remontent aux découvertes d'Herculanum en 1737, puis de Pompéi en 1748.

Curieusement, l'influence sur le ballet commence par le costume. Et même trois ans avant la découverte d'Herculanum, la célèbre Marie Sallé fait sensation à Londres dans Pygmalion . Les cheveux dans le dos, portant une simple tunique grecque de mousseline à demi transparente et des sandales, elle est la première danseuse qui rejette les traditionnelles perruques emplumées, robes à larges paniers, les corsets serrés et les chaussures à talon. La Révolution et la mode Directoire - inspirée des blancs péplums grecs et romains - mettent fin aux somptueux costumes de théâtre dessinés par Louis Boquet au XVIIIe siècle. Le chorégraphe Salvatore Vigano et sa femme Maria Medina, en souples tenues pseudo antiques - qui la fait croire nue sous sa robe ! - envoûtent le public à Vienne et Milan. Cette mode, qui gagne aussi le théâtre lyrique avec Méhul, Grétry, Cherubini et Spontini, se poursuit jusque dans les années 1820. Mais il faut attendre Mikhaïl Fokine et Isadora Duncan en 1905, pour véritablement parler de retour à l'antique et suivre cette première « piste »  néo-classique.

Pour définir le néo-classique il est peut-être nécessaire de rappeler l'origine et les règles du ballet classique.

Les origines du ballet classique

C'est Louis XIV (1638-1715) qui en établit les fondations. Travaillant lui-même la danse tous les matins, il devient le plus célèbre interprète de son temps, et crée près de trente ballets. A 15 ans, en 1653 dans Le Ballet de la nuit, il apparaît en Soleil dans un costume rayonnant d'or. De là lui viendra le surnom de Roi-Soleil, symbole éclatant de tout son règne. Avec Louis XIV le ballet devient un spectacle public et payant, qui attire plus de six mille spectateurs debout chaque soir, pour voir le roi danser des ballets qui durent plus de six heures !

Mais surtout c'est Louis XIV qui fonde l'Académie Royale de Danse en 1661. Puis en 1671 l'Académie Royale de Musique - devenu Opéra National de Paris - et l'année suivante, le roi nomme le chorégraphe Pierre Beauchamps Maître de Ballet de cette institution. Beauchamps codifie les cinq positions des pieds et des bras, bases du ballet classique toujours en vigueur dans le monde entier, tandis que le français devient le langage universel de la danse (tels « entrechas », « rond de jambes » « pirouettes » etc....).

Enfin le 11 janvier 1713 Louis XIV fonde l'Ecole de Danse pour former gratuitement, dès l'âge de 9 ans, les premiers danseurs professionnels et les premières femmes admises à se produire sur scène. Ecole qui n'a cessé de fonctionner jusqu'à nos jours pour produire les meilleurs danseurs de l'Opéra de Paris.

Le ballet romantique

A ces éléments de base, deux autres, essentiels, viennent s'ajouter en 1832. Le 12 mars de cette année, la jeune et ravissante Marie Taglioni (1804-1884) crée La Sylphide de son père Philippe Taglioni, qu'elle danse entièrement sur pointes. Première à réaliser pareil exploit, Marie Taglioni devient la danseuse la plus célèbre de son temps. C'est également pour La Sylphide que le peintre Eugène Lami invente de longues et légères robes en tulle de soie blanche, larges et vaporeuses, appelées « tutus » par la suite.

<i>La Sylphide</i> ressuscitée par Pierre Lacotte

La Sylphide ressuscitée par Pierre Lacotte
[Format court]

Documentaire programmé en 1980 et consacré au ballet La Sylphide de Philippe Taglioni entièrement reconstitué par le danseur et chorégraphe Pierre Lacotte. C'est Yves-André Hubert qui tourna en studio pour la Télévision française ce ballet diffusé pour la première fois le 1er janvier 1972 avec Ghislaine Thesmar et Michael Denard que nous voyons ici dans l'Adage de l'Acte II.

31 jan 1980
04m 18s

Le 28 juin 1841, toujours à l'Opéra de Paris, une nouvelle idole, Carlotta Grisi crée Giselle sur un livret de son adorateur Théophile Gautier et dans la chorégraphie de Jean Coralli et Jules Perrot. Quintessence du ballet romantique,  Giselle est donné dans toute l'Europe et jusqu'à Boston en 1846. C'est l'âge d'or du ballet romantique et des grandes stars rivales qui sillonnent le monde - Marie Taglioni, Carlotta Grisi, Fanny Elsler, Fanny Cerrito et Lucile Graham - et des grandes fééries avec essaims de blanches créatures surnaturelles en tutus blancs.

L'apogée du ballet classique : Marius Petipa

Le ballet classique atteint son apogée en Russie avec le Marseillais Marius Petipa (1818-1910) qui dans un premier temps remonte à Saint-Pétersbourg tous les chefs d'œuvre du répertoire français, de La Fille mal gardée de Gardel (1789) jusqu'au Corsaire de Mazilier (1856) en passant par Giselle, ballets maintenus en vie jusqu'à nos jours grâce à lui. Il en étoffe les chorégraphies et les truffe de musiques supplémentaires de Drigo et Minkus. Il crée plus de cinquante ballets pour le Théâtre Mariinski, dont La Bayadère, Raymonda  et sa fameuse trilogie sur les musiques de Tchaïkovski : La Belle au Bois Dormant, Casse-Noisette et Le Lac des Cygnes en collaboration avec son assistant Lev Ivanov.

Avec Petipa le tutu se raccourcit pour dégager les jambes des danseuses, jusqu'à devenir plat comme une galette ! Et c'est en 1893 dans  Le Lac des Cygnes que l'italienne Pierina Legnani exécute pour la première fois trente deux fouettés.

Marius Petipa a régné plus d'un demi-siècle sur le Théâtre Mariinski, réglant son dernier ballet Le Miroir magique à l'âge de 83 ans !

Un nouveau directeur des Théâtres Impériaux et une nouvelle génération de danseurs et de chorégraphes ne supportant plus ces virtuosités gratuites et aspirant à un style nouveau, obligent Petipa à prendre sa retraite. Son départ en 1903, marque la fin du ballet « classique ».

Répétition de <i>La Belle au bois dormant</i> de Noureev au Palais des Sports

Répétition de La Belle au bois dormant de Noureev au Palais des Sports
[Format court]

Très vivant reportage réalisé au Palais des Sports en janvier 1976 pendant les répétitions de La Belle au Bois Dormant dans la chorégraphie de Marius Petipa revue par Rudolf Noureev. On y découvre de larges extraits de la célèbre Valse des fleurs interprétée par le London Festival Ballet, puis Noureev en manteau et casquette de cuir intervient pour régler un problème d'éclairage. Le spectacle reprend avec la variation d'entrée de Noureev en costume du prince Florimond au second acte. On revient au premier acte avec le célèbre Adage à la Rose interprété par Eva Evdokimova en princesse Aurore entourée de quatre prétendants, et le reportage s'achève sur la seconde variation de Noureev au deuxième acte, brillant et décontracté.

23 jan 1976
08m 04s

Isadora Duncan et le retour à l'antique

Cette même année 1903 une jeune Américaine découvre la Grèce et débute à Paris avant de provoquer une révolution en Russie. Isadora Duncan (1877-1927) fortement inspirée par la statuaire grecque, rejette pointes, corset et tutu, pour créer ses propres solos, jambes et pieds nus, en simple tunique à l'antique. Suivant son inspiration elle improvise des danses libres et souples, laissant son corps exprimer toutes les émotions humaines, portée par de grandes pages symphoniques de Bach, Beethoven ou Chopin. Pionnière tout à la fois de la danse moderne, et de la danse néo-classique, elle donne le premier de ses nombreux récitals en Russie, en décembre 1904 à la Maison de la Noblesse de Saint-Pétersbourg.

Son influence sur l'intelligentsia russe et le Ballet Impérial fut déterminante. Notamment sur le jeune Mikhail Fokine (1880-1942) superbe danseur et chorégraphe dans le sang. Dès 1905 il crée pour l'Ecole Impériale Acis et Galatée, en tuniques et sandales, après avoir consulté un nombre impressionnant de livres sur la Grèce et l'art Antique, tentant même de reconstituer les danses de cette époque. Son ballet comporte notamment une danse de petits faunes qui compte parmi ses créateurs un jeune élève nommé...Vaslav Nijinski !

Poursuivant ses recherches, Fokine chorégraphie en 1907 au Théâtre Mariinski Eunice, d'après le célèbre roman Quo Vadis ? . Bien qu'influencé par Isadora Duncan, les voies des deux artistes divergent totalement. Isadora Duncan se libère de toute école, de toute contrainte, tandis que Fokine adapte ses danses antiques à la technique classique des artistes du Théâtre Mariinski.

Le vent nouveau des ballets russes : Diaghilev, Nijinski

C'est Serge Diaghilev (1872-1929), esthète sans le sou mais intermédiaire de génie, qui révèle l'art de son pays à l'étranger lors de mémorables « Saisons Russes ». Après Boris Godounov avec Chaliapine en 1908 à l'Opéra de Paris, il fait sensation lors de sa troisième « Saison russe » en révélant en 1909 au Théâtre du Châtelet Nijinski, Pavlova, Karsavina et autres merveilles des Théâtres Impériaux. Diaghilev confie alors à Fokine le soin de régler toutes les chorégraphies des premières saisons parisiennes de ballets, toutes des chefs d'œuvre comme Les Sylphides, Shéhérazade, Le Spectre de la Rose ou Petrouchka .

Classiques ou néo-classiques ? Impossible de définir les créations commandées par Diaghilev - fondateur des « Ballets Russes » en 1911 à Monte-Carlo - tant il révèle d'artistes (Stravinski en premier lieu) et de chefs d'œuvre novateurs, riches et divers, où danseurs, musiques, chorégraphies, décors et costumes tiennent une place égale dans le triomphe - ou le choc - de ses productions.

En 1912, Diaghilev incite son danseur favori, Vaslav Nijinski à se lancer dans la chorégraphie. Tous deux vont au Louvre étudier les vases grecs pour la première création de Nijinski. Par son érotisme et sa nouveauté L'Après midi d'un Faune - qui se déroule, danseurs de profil, comme une frise antique - provoque une polémique qui n'est rien comparé au scandale que Nijinski et Stravinski déclencheront l'année suivante avec Le Sacre du Printemps au Théâtre des Champs Elysées. Et pourtant avec son Sacre, Nijinski (1889-1950) peut être considéré comme le premier chorégraphe « contemporain » du XXe siècle.

Quatre ballets russes à l'Opéra de Paris

Quatre ballets russes à l'Opéra de Paris
[Format court]

Le présentateur annonce la retransmission le 1er janvier 2010 d'un spectacle donné en décembre au Palais Garnier. Un hommage à Diaghilev, seul trait d'union entre les quatre chorégraphies dont sont montrés quelques extraits en couleurs : Le Spectre de la Rose de Fokine dansé par Mathias Heymann et Isabelle Ciaravola ; Le Tricorne de Massine par Marie Agnès Gillot et José Martinez ; L'Après midi d'un Faune de Nijinski par Nicolas Le Riche et Eve Grinsztajn, et Petrouchka de Fokine avec Benjamin Pech (Petrouchka), Clairemarie Osta (La Poupée) et Yann Bridard (le Maure). Interviewes des étoiles Pech, Le Riche et Heymann.

2010
02m 29s
<i>L'Après-midi d'un Faune</i> de Nijinski dansé par Noureev

L'Après-midi d'un Faune de Nijinski dansé par Noureev
[Format court]

Ultime séquence du ballet de Nijinski, depuis la fuite de la Première Nymphe, jusqu'à l'extase finale du Faune sur le châle qu'il lui a dérobé. Scène tournée lors d'une répétition en costume et dans les décors de Léon Bakst au Théâtre du Châtelet, où Rudolf Noureev se produit en 1982 avec le Ballet de Nancy dans un hommage à Serge Diaghilev.

24 jan 1982
04m 28s

Le ballet néoclassique revendiqué : Serge Lifar, Léonide Massine

Avec l'arrivée dans la compagnie de deux jeunes immigrés russes de 19 ans, le danseur Serge Lifar ( 1905-1986) et le chorégraphe George Balanchine (1904-1983), allait naître les prémices du ballet se réclamant du nom de « néo-classique». Balanchine crée pour Lifar Apollon musagète, musique de Stravinski en 1928 et Le Fils prodigue, musique de Prokofiev, en 1929.

Curieusement aux Etats Unis, une des pionnières de la « modern dance » Martha Graham présente en cette année 1929 ses premières créations, et marque, après guerre, une prédilection pour les grandes héroïnes grecques consumées par leurs passions, telles Médéa, ClytemnestrePhaedra qui comptent parmi ses plus belles incarnations.

Cette même année 1929 encore, la mort de Serge Diaghilev crée un bouleversement cosmique dans le monde de la danse. Jacques Rouché directeur de l'Opéra de Paris s'empresse d'engager Balanchine pour chorégraphier Les Créatures de Prométhée dont les vedettes sont Serge Lifar et une divine danseuse de Pétrograd, Olga Spessivtseva. Balanchine tombant malade, Lifar prend les commandes, écarte presque Spessivtseva et règle la chorégraphie pour sa propre gloire. Il gagne la partie et Jacques Rouché nomme le jeune et superbe Lifar, âgé de 25 ans seulement, Maître de Ballet de l'Opéra de Paris. Il y règne de 1930 à 1958, avec une interruption de trois ans après la guerre.

C'est Serge Lifar, inventeur du terme « choréauteur » et des sixième et septième « positions » qui revendique la dénomination de « néo-classique ». Pour la première fois le mot est employé pour définir cette fois un style chorégraphique, même si Lifar aborde des sujets aussi différents que Alexandre le Grand, Icare, premier ballet réglé sans musique (ou plutôt sur des rythmes mais sans mélodie ni harmonie), Istar, Suite en blanc, Les Mirages et Phèdre . Pour Janine Solane « Serge Lifar stylise à nouveau les gestes de la danse classique du XVIIIe siècle et de la danse romantique par une recherche d'attitudes non pas inspirée directement du naturel, mais de sa représentation dans la statuaire antique et moderne. Il tire de ses poses une succession d'expressions dramatiques portées au maximum ».

Lifar, Diaghilev et Balanchine dans les années 1920

Lifar, Diaghilev et Balanchine dans les années 1920
[Format court]

Au cours d'une interview, Serge Lifar évoque ses débuts chez Diaghilev, ses rapports avec son « camarade » George Balanchine, exagérant (comme souvent !) son rôle dans les débuts du chorégraphe d'Apollon musagète et du Fils prodigue.

22 avr 1985
04m 25s

Parallèlement aux créations de Lifar, Léonide Massine - autre protégé de Diaghilev et co-responsable avec Cocteau, Satie et Picasso de l'inclassable ballet à scandale Parade en 1917 - invente en 1933 à Monte-Carlo un nouveau mode d'expression chorégraphique : le « ballet symphonique », avec Choréartium sur la quatrième Symphonie de Brahms, Les Présages sur la Cinquième de Tchaïkovski et en 1936 la Symphonie fantastique de Berlioz. Son vocabulaire relève également du néo-classicisme, c'est-à-dire une danse de conception moderne reposant sur les bases de la technique classique.

Le ballet néoclassique aux Etats-Unis : George Balanchine, Jerome Robbins

George Balanchine

Aux Etats Unis, à la même époque, George Balanchine s'impose comme le grand maître du ballet néo-classique. Formé à l'école Impériale du Théâtre Mariinski, le plus russe des chorégraphes américains règle dans un langage nouveau les grandes géométries du corps de ballet avec la même science et le même amour que Petipa. Si Sérénade, sa première chorégraphie créée à New York en 1934, comme  Ballet impérial ou Jewels sont de purs ballets néo-classiques qui ne doivent rien à la « modern dance », Balanchine a abordé de nombreux genres, et imaginé des chorégraphies totalement originales, soit typiquement américaines (Stars and Stripes, Western Symphony, Who Cares ?) soit expérimentales (Bugaku, Variations pour une porte et un soupir, etc...).

Balanchine : "je suis un chorégraphe classique"

Balanchine : "je suis un chorégraphe classique"
[Format court]

Interviewé sur un plateau de danse, pendant que des artistes du NYCB traversent le plateau ou s'échauffent derrière lui, George Balanchine dans ce document en couleurs diffusé en février 1977, réponds en français à son interlocuteur qui lui pose deux questions précises : « La danse, qu'est-ce que c'est pour vous ? » et « George Balanchine, est-ce que vous vous considérez comme un chorégraphe classique ou moderne ? ». Le chorégraphe répond qu'il n'y a pas de mot pour définir la danse et qu'il ne connaît que la danse classique sur pointes.

15 fév 1977
01m 39s

Jerome Robbins

Quant à son génial associé Jerome Robbins (1918-1998), qui est venu à la danse parce que sa sœur aînée prenait des cours avec une élève d'Isadora Duncan à New York - lui-même, soliste de premier plan, a travaillé avec Fokine, Massine et Nijinska à l'American Ballet - il proclame haut et fort qu'il est « classique, classique, classique » par réaction au succès dévorant de son West Side Story . Il lance un clin d'œil à Nijinski et son Faune avec ses nymphes de profil dessinant une fresque grecque dans ses Antiques Epigraphs (musiques de Debussy). Il prouve une grande sensibilité dans ses romantiques In the night et Dances at a Gathering, néo-classiques par leur liberté et pureté de style, et une fantaisie débridée proche de Broadway dans des pièces comme Fancy free, Le Concert ou New-York Export : Op.jazz qui enchantent par leur humour et leurs rythmes ravageurs. Peter Martin et le jeune français Benjamin Millepied poursuivent au New-York-City-Ballet une tradition néo-classique issue de Balanchine et Robbins, bien ancrée aux USA.

<i>Dances at a Gathering</i> de Robbins par Monique Loudières et Manuel Legris

Dances at a Gathering de Robbins par Monique Loudières et Manuel Legris
[Format court]

Les danseurs étoiles Monique Loudières et Manuel Legris interprètent sur l'Etude Op 25 N° 5 de Chopin un pas de deux extrait de Dances at a Gathering, dont ils furent les premiers interprètes quand Jerome Robbins est venu monter son chef d'œuvre pour le Ballet de l'Opéra de Paris en novembre 1991.

08 déc 2003
01m 57s
Mikhaïl Barychnikov danse <i>Fancy Free</i> de Robbins au Théâtre des Champs-Elysées

Mikhaïl Barychnikov danse Fancy Free de Robbins au Théâtre des Champs-Elysées
[Format court]

Fin septembre 1979, Mikhaïl Barychnikov, Peter Martin et cinq solistes du New York City Ballet donnent cinq représentations exceptionnelles au Théâtre des Champs-Elysées et à cette occasion Mikhaïl Barychnikov interprète une des trois danses extraites de Fancy Free que Jerome Robbins a remontées spécialement pour lui quelques mois plus tôt pour un gala au NYCB. Sur ce document Barychnikov danse le solo du second marin, qui caractérise son personnage, le plus gamin, le plus souple et ingénieux des trois yankees en permission pour un soir à New-York.

25 sep 1979
01m 02s

Le néoclassique revisité : Roland Petit, Maurice Béjart

Roland Petit

En France, au lendemain de la guerre, en réaction à l'académisme de Serge Lifar, Roland Petit (1924-2011) quitte l'Opéra pour créer une danse jeune et différente.

Création des « Ballets des Champs-Elysées » de Roland Petit

Création des « Ballets des Champs-Elysées » de Roland Petit
[Format court]

Précieux reportage sur les Ballets des Champs-Elysées, compagnie fondée par Roland Petit le 12 octobre 1945 au Théâtre des Champs Elysées. Ce document montre les principales vedettes (un seul absent : Jean Babilée !) au travail à la barre. Puis Irène Skorik et Youri Algarov répètent le duo de la Dame et du Valet de Cœur extrait de « Jeu de cartes », chorégraphie de Janine Charrat. Roland Petit et Ludmilla Tcherina exécutent ensuite le pas de deux du Prestidigitateur et de La Belle Endormie, et par un fondu enchaîné poursuivent ce pas de deux en costumes de scène, ce qui permet de découvrir un fragment du ballet Les Forains de Roland Petit dans les décors et costumes de Christian Bérard. On remarque aussi Marina de Berg et Hélène Sadovska (dont on a furtivement vu les visages en gros plan) en Sœurs Siamoises.

19 oct 1945
01m 11s

A vingt cinq il fonde la première compagnie privée de France, et imagine quantité de ballets à succès, aussi ingénieux dans la bonne humeur (Deuil en 24 heures, Le Bal des Blanchisseuses) que dans la tension dramatique (Le Jeune homme et la Mort, Carmen).

<i>Carmen</i> avec Zizi Jeanmaire et Roland Petit

Carmen avec Zizi Jeanmaire et Roland Petit
[Format court]

Filmés sept ans après la création de Carmen, Roland Petit et Zizi Jeanmaire interprètent avec la même fougue et la même jeunesse qu'en 1949 le pas de deux de ce ballet d'après Mérimée et Bizet. Le duo de la chambre, un des sommets du spectacle capté en entier, repose sur deux pages de l'opéra de Bizet : la danse de séduction de Carmen devant Don José au deuxième acte arrangé pour orchestre seul, et l'intermède symphonique précédant le troisième acte.

29 nov 1956
05m 25s
<i>Le Jeune homme et la Mort</i> de Roland Petit avec Zizi Jeanmaire et Rudolf Noureev

Le Jeune homme et la Mort de Roland Petit avec Zizi Jeanmaire et Rudolf Noureev
[Format court]

Le document s'ouvre sur Zizi Jeanmaire et Rudolf Noureev, dans une scène du Jeune Homme et la Mort filmé pour la télévision française fin 1966 aux studios de Saint Maur. Roland Petit explique comment il remanie sa chorégraphie selon ses interprètes : « Pas de confection, mais du sur mesure ». La seconde partie du reportage est consacrée au Jeune Homme et la Mort depuis le début du ballet, avec Noureev allongé sur un lit et vu des cintres, puis de face jusqu'au fameux passage acrobatique du Jeune Homme escaladant une chaise et son dossier.

20 déc 1966
04m 01s

Mais il devient lui aussi néo-classique quand il crée pour les danseurs de l'Opéra de Paris Notre- Dame de Paris en 1965 puis au fil d'une longue carrière à Paris, Londres, Milan et Marseille Turangalila symphonie, Ma Pavlova, Casse-Noisette, La Chauve-souris, Proust, La Dame de Pique ou Clavigo, qui comportent des pas de deux d'un lyrisme très néo-classique et des variations de bravoure encore plus classiques qui voisinent souvent avec d'audacieux tableaux et fantasmes sexuels qui n'ont plus rien d'académique ! En fait il a toujours cherché à plaire et être très « mode » comme il le prouve en créant notamment Paradis perdu pour les deux stars de l'époque, Rudolf Noureev et Margot Fonteyn.

Répétition de <i>Paradis perdu</i> avec Roland Petit, Margot Fonteyn et Rudolf Noureev

Répétition de Paradis perdu avec Roland Petit, Margot Fonteyn et Rudolf Noureev
[Format court]

Diffusé le soir de la première de Paradise Lost à Covent Garden, ce court reportage montre Rudolf Noureev, un gros bonnet de laine enfoncé jusqu'aux oreilles, répéter avec Margot Fonteyn et Roland Petit le ballet que ce dernier crée pour eux, accompagnés au piano par le compositeur Marius Constant. Les artistes répondent aux questions posées en rivalisant de charme, de séduction et de bonne humeur.

23 fév 1967
02m 11s

Maurice Béjart

Maurice Béjart (1927- 2007) après des débuts classiques, puis franchement d'avant garde (Symphonie pour un homme seul) compose des chefs d'œuvre intemporels (Le Sacre du Printemps, Bolero) mais aborde aussi les grandes fresques néo-classiques (Roméo et Juliette, La Neuvième Symphonie, Golestan) pour ses exceptionnels danseurs du Ballet du XXe siècle de Bruxelles ou encore L'Oiseau de feu pour Michael Denard à l'Opéra de Paris. Maurice Béjart qui a largement contribué à populariser la danse en se produisant dans de vastes lieux de plein air, d'Avignon à Persépolis, apporte une dimension nouvelle au ballet : la spiritualité.

Maurice Béjart et le Théâtre

Maurice Béjart et le Théâtre
[Format court]

Au cours d'une interview donnée en 1965, quand il remonte son Sacre du printemps à l'Opéra de Paris, Maurice Béjart confie que le théâtre « parlé » l'ennuie profondément. Il ne conçoit - à l'instar du théâtre japonais actuel et ancien, ou de la tragédie grecque - qu'un spectacle où les gens parlent, dansent et chantent tout à la fois, ce qu'Artaud appelle « Le Théâtre vrai ».

12 mai 1965
01m 39s
Création à Avignon du <i>Boléro</i> de Béjart par Duska Sifnios

Création à Avignon du Boléro de Béjart par Duska Sifnios
[Format court]

Au festival d'Avignon 1966, Maurice Béjart prône un théâtre qui réunirait « toutes les tendances et qui ne serait plus du théâtre parlé, ni du ballet ni de la musique ou de l'opéra, mais où il y aurait tout cela à la fois ». En seconde partie du documentaire nous assistons à une répétition dans la Cour d'Honneur du Boléro, de loin ou en plans rapprochés, dansé ou seulement marqué, sur la fameuse table ronde par Duska Sifnios entourée de tous les garçons des Ballets du XXe Siècle.

03 nov 1966
02m 42s
Michaël Denard dans <i>L'Oiseau de feu</i> de Béjart

Michaël Denard dans L'Oiseau de feu de Béjart
[Format court]

Michaël Denard, étoile de l'Opéra de Paris, interprète en studio deux solos de L'Oiseau de Feu, ballet que Maurice Béjart a conçut pour lui, et qu'il a créé avec huit solistes de l'Opéra de Paris au Palais des Sports le 31 octobre 1970. Il s'agit de l'apparition de l'Oiseau de feu au milieu des Partisans, et de la mort de l'Oiseau de feu, héros porteur d'espoir.

05 déc 1975
04m 51s

Une postérité foisonnante après les années 50

Dans les années 1950 les Grands Ballets du Marquis de Cuevas régalent les parisiens de succès classiques et de créations néo-classiques (Piège de lumière de John Taras...).

Néo classique également le Daphnis et Chloé de Skibine dans les décors et costumes de Chagall en 1959 au Palais Garnier. La même année, le Ballet de l'Opéra de Paris interprète pour la première fois un ballet de Petipa : Le Lac des Cygnes, qui fait son entrée au répertoire dans la production du soviétique Bourmeister. Il faut attendre quinze ans pour qu'un deuxième ballet de Petipa, La Belle au bois dormant, y fasse également son entrée réglé par Alicia Alonso. Toujours en 1959 Noureev y remonte Les Ombres avec grand succès. Le Ballet classique du XIXe siècle devient même le répertoire de base de l'Opéra de Paris quand le transfuge du Kirov en devient le directeur de la danse de 1983 à 1989.

En Russie, pendant toute la période soviétique, le ballet classique a continué à triompher et les chorégraphes n'ont pu poursuivre que cette voie, qui devient néo-classique avec les créations marquantes de Léonide Lavrovski (Roméo et Juliette) et de Youri Grigorovitch (Spartacus et Ivan le Terrible). Quand Alexis Alexis Ratmanski dirige le Bolchoï dans les années 2000, il recrée deux ballets des années 1930, Le Clair Ruisseau et Le Boulon de Chostakovitch, interdits par Staline, et il crée pour l'Opéra de Paris en 2011 Psyché sur la musique de Franck, également dans un esprit néo-classique non dépourvu d'ironie.

En Angleterre Nicholas Sergueiev, ex-régisseur de Petipa, remonte pour la première fois en Europe les trois ballets de Tchaïkovski dans les années 1930, et Frédéric Ashton crée en 1948 la première chorégraphie britannique en trois actes, Cendrillon de Prokofiev. John Cranko poursuit à Londres le genre narratif en trois actes avec Le Prince des Pagodes sur l'unique musique de ballet de Benjamin Britten. Il continue à Stuttgart avec son chef d'œuvre Onéguine pour la grande artiste Marcia Haydée, et y lance le jeune américain John Neumeier (né en 1942) qui avec La Dame aux camélias en 1978 confirme son immense talent de narrateur néo-classique, déjà prouvé avec Le Songe d'une nuit d'été, Casse-Noisettes, Le Lac des Cygnes (audacieusement transposé à la cour de Louis II de Bavière), et autres productions majeures pour son Ballet de Hambourg.

<i>La Dame aux camélias</i> de John Neumeier

La Dame aux camélias de John Neumeier
[Format court]

Reportage en couleurs réalisé à l'occasion de l'entrée au répertoire du Palais Garnier de La Dame aux camélias de John Neumeier en juin 2006. La première séquence offre une vue rare du magnifique Foyer de la Danse où les artistes s'entraînent avant d'entrer en scène. Aurélie Dupont incarne Marguerite Gautier et porte une profusion de robes, selon les tableaux, toujours aussi belle et émouvante dans sa solitude ou dans les bras de Manuel Legris (Armand Duval). On aperçoit pendant le bal de l'acte III Laurent Novis (le duc) et Karl Paquette (Gaston Rieux) au bras de la Dame aux camélias.

25 juin 2006
02m 39s
<i>Le Songe d'une nuit d'été</i> de John Neumeier à l'Opéra de Paris

Le Songe d'une nuit d'été de John Neumeier à l'Opéra de Paris
[Format court]

Deux extraits du Songe d'une nuit d'été de John Neumeier, filmé en mai 1982 lors de l'entrée au répertoire de l'Opéra de Paris de ce grand ballet en un prologue et deux actes. Tout d'abord le duo de la dispute entre Obéron (Jean-Yves Lormeau) et Titania (Noëlla Pontois) en présence du malicieux petit elfe Puck (Patrick Dupond). Puis la scène des artisans répétant sous la direction de Bottom (Georges Piletta) le spectacle qu'ils préparent pour les noces du duc d'Athènes.

09 mai 1982
01m 24s

Pendant ce temps à Londres s'impose un des grands maître du néo-classicisme : Kenneth MacMillan (1929-1992) avec un Roméo et Juliette de référence, L'Histoire de Manon aux duos d'une intensité exceptionnelle, Mayerling, Le chant de la terre ou Anastasi a. Même le polyvalent Jiri Kylian, disciple de Cranko à Stuttgart, n'échappe pas au genre avec Symphonie de Psaumes, Sinfonietta, Un Ballo et Doux Mensonges .

Jiri Kylian crée <i>Doux mensonges</i> pour l'Opéra de Paris

Jiri Kylian crée Doux mensonges pour l'Opéra de Paris
[Format court]

Le danseur étoile Manuel Legris exprime son admiration pour Jiri Kylian qui est venu créer pour l'Opéra de Paris Doux mensonges, ballet pour quatre danseurs et huit chanteurs, dont la première eut lieu le 20 mai 1999 au Palais Garnier. Les deux couples, Manuel Legris/Fanny Gaïda et Nicolas Le Riche/Delphine Moussin répètent en tenue de travail, accompagnés par cinq chanteurs des Arts Florissants qui émergent sur scène par une trappe. Jiri Kylian livre une des clefs de Doux mensonges pour conclure « Nous sommes tous des menteurs ! ».

16 mai 1999
02m 35s
<i>Un Ballo</i> de Jiri Kylian

Un Ballo de Jiri Kylian
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A l'occasion de la deuxième édition de Paris Danse, saison organisée par le Jeune Ballet de France au Théâtre Mogador en avril 1997, Catherine Riesi et Sébastien Mari, deux danseurs du Nederlands Dans Theater, tous deux issus du JBF, interprètent un extrait de Un Ballo de Jiri Kylian sur la musique de la Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel.

27 avr 1997
03m 31s

Les années 70 et la querelle des anciens et des modernes

Quel que soit leur style, tous les chorégraphes depuis Fokine ont développé le ballet classique et l'ont enrichi de pas nouveaux et de constructions originales. Le ballet classique n'est pas figé dans le temps mais suit son époque. N'oublions pas que le mot néo vient du grec néos (nouveau). Depuis ses origines le ballet a toujours été une création vivante, et ce n'est que depuis les résurrections par Diaghilev de Giselle puis de La Belle au Bois Dormant, et après-guerre, avec les premières invitations au Palais Garnier du Royal Ballet avec Margot Fonteyn en 1954, du Ballet du Bolchoï avec Galina Oulanova en 1958 et du Kirov de Leningrad avec Noureev en 1961, qu'est née en France la toute récente notion de « répertoire », puis celle de « reconstitution » depuis La Sylphide par Pierre Lacotte en 1972.

Un évènement marquant se produit en 1969 avec la création par Jacques Chaurand du Concours de Bagnolet, qui en quinze ans révèle toute la « Jeune Danse Française », Maguy Marin, Dominique Bagouet, Jean-Claude Gallotta, Régine Chopinot, et une pléiade de jeune talents qui, soutenue par Igor Eisner au Ministère de la Culture, s'implante dans toute la France. En 1974, Rolf Liebermann invite à l'Opéra Carolyn Carlson, autre muse de la nouvelle danse, qui crée avec son groupe contemporain des spectacles fortement influencés par Bob Wilson. Suit un formidable engouement pour Merce Cunningham et le Tanztheater de Pina Bausch.

C'est alors le début en France d'une véritable «guéguerre » entre « classiques » et « contemporains » avec dénigrements réciproques : (« Quand on ne sait pas danser on fait du moderne ! » - « Ce n'est pas une création puisque c'est dansé sur pointes ! »). Le terme néo classique prend alors un sens négatif, pour désigner des productions jugées bourgeoises et passéistes.

Re-création : William Forsythe

Ce stupide antagonisme prend heureusement fin avec la révélation d'un créateur hors du commun : William Forsythe (né en 1949 à New-York). Dernière recrue de John Cranko avant sa mort en 1973, repéré dix ans plus tard par Rudolf Noureev, il crée d'abord France/dance qui révèle la toute jeune Sylvie Guillem, puis en 1987 au Palais Garnier, son chef d'oeuvre In the middle, somewhat elevated . En juillet 1988 au festival de Montpellier Forsythe et son Ballet de Francfort - de formation classique - font l'unanimité avec Impressing the tsar qui déclenche un enthousiasme délirant comme les autres créations présentées, révolutionnaires dans le fond comme dans la forme scénique, notamment dans ses éclairages provocateurs. Virtuose des pointes et du vocabulaire issu de Balanchine, il suscite l'enthousiasme tout à la fois des traditionnalistes et les mordus de contemporain, par ses audaces, son vocabulaire classique totalement déstructuré, ses mouvements en vrilles, la frénésie de son rythme. Paris l'adopte et le Théâtre du Châtelet devient sa seconde résidence pendant de nombreuses années. Sans le vouloir, William Forsythe réhabilite le ballet et les danseurs classiques.

Les grands ouvrages du répertoire prennent même une seconde vie avec les relectures décapantes et vivifiantes de Cendrillon par Maguy Marin en 1985 à l'Opéra de Lyon, de Giselle dans la géniale transposition de Mats Ek pour le Ballet Cullberg en 1987, et de Roméo et Juliette où Angelin Preljocaj utilise pour la première fois la danse sur pointes pour le Ballet de l'Opéra de Lyon en 1990.

<i>Giselle</i> de Mats Ek à l'Opéra de Paris

Giselle de Mats Ek à l'Opéra de Paris
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A l'occasion de son entrée au répertoire de l'Opéra de Paris en juin 1993, FR3 présente Giselle de Mats Ek. Ce montage révèle quelques extraits significatifs en couleurs : entrée de Giselle (Marie-Claude Pietragalla), scène de la folie où Giselle frappe à terre sa rivale Bathilde (Clotilde Vayer), danse d'Hilarion (José Martinez) venu offrir une fleur à Giselle, prostrée dans un asile d'aliénées. Et pour terminer, le dernier duo d'Albrecht (Nicolas Le Riche) qui tente en vain de ramener Giselle à la raison.

05 juin 1993
02m 03s

La création contemporaine, postclassique ?

Aujourd'hui qu'ils soient issus de grandes compagnies (Russel Maliphant du Royal Ballet) ou de troupes contemporaines, les chorégraphes invités à l'Opéra de Paris, tels Angelin Preljocaj (Le Parc), Carolyn Carlson (Signes) ou Wayne McGregor, ne sont plus considérés comme des « néo-classiques » poussiéreux, bien au contraire. Ils mériteraient même d'être qualifiés de « Post classiques » ou de « Post romantiques » (Paquita de Pierre Lacotte, ou La Source de Jean-Guillaume Bart), comme il y a une Post modern dance ! Quand aux origines premières, l'Antiquité grecque et latine, et Isadora Duncan, personnage fascinant dont l'œuvre et la vie ont inspiré de nombreux cinéastes (Ken Russell, Karel Reisz) et chorégraphes (Ashton, MacMillan, Béjart), elles resteront des thèmes qui susciteront toujours des vocations, mais très marginales !

La journaliste britannique Judith Mackrell écrit avec raison dans le programme de l'Opéra de Paris à l'occasion de la création en juillet 2011, de « L'anatomie de la sensation » de Wayne McGregor (né en 1970 près de Manchester) :

« Les lignes de délimitations au sein de l'univers de la danse sont devenues si ténues que la plus part du temps, tenter de faire la distinction entre danse classique et contemporaine, traditionnelle et populaire, voire entre performance en direct et technologie, ne rime à rien, tout comme il parfaitement inutile de classer Wayne McGregor dans quelque catégorie que ce soit ».


Les Thierry Malandain, Jean-Christophe Maillot, Kader Belarbi, Patrice Bart, José Martinez, Jean-Guillaume Bart, Benjamin Millepied, Nacho Duato, Alexis Ratmanski, et des dizaines d'autres, peuvent aujourd'hui suivre librement et sans complexe leur inspiration, navigant en toute tranquillité entre classique, romantique, contemporain ou « néo » selon leur préférence pour un genre ou un autre. Peu importe celui-ci (comme au cinéma, le Western, le Polar, le Péplum, la Science-fiction etc...). Il n'y a que la qualité qui compte.

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