Après le massacre de Melouza, mai 1957 [muet]

Dans la nuit du 28 au 29 mai 1957, sans doute sur ordre du colonel Saïd Mohammedi, une unité de l'ALN, commandée par le capitaine Arab, déclenche un massacre collectif dans le douar de Melouza, situé aux confins méridionaux de la Kabylie, à la limite du Constantinois. Réputée sympathisante du MNA, toute la population masculine des villages de Mechta Kasbah et Beni Ilmane, soit au moins 300 hommes, est exécutée. L'horreur du crime est fortement relayée médiatiquement, y compris à l'échelle internationale. La propagande du FLN tente d'attribuer la responsabilité du massacre à des parachutistes de l'armée française.

Ce document muet, constitué de rushes du Service cinématographique des armées, traite des suites du massacre. L'horreur perpétrée contre les civils à Melouza est rendue par des images de désolation : village déserté, quelques tombes récentes, éparpillement de lambeaux de vêtements et de chaussures abandonnées, traces de sang filmées en gros plan...

Il est important pour l'armée française de médiatiser ce massacre. Au-delà de la question de l'information, il s'agit également de diaboliser le FLN. Un véritable voyage de presse est ainsi organisé dans les jours qui suivent avec des reporters, qui seraient qualifiés aujourd'hui de journalistes « embedded » ou « embarqués ». Aux côtés d'officiers venus inspecter les lieux, les représentants de la presse recueillent, comme on le voit à l'image, les témoignages des rescapés. Ceux-ci sont également filmés au dispensaire d'assistance médico-sociale de M'Sila où sont soignés les blessés. Le thème de la France portant secours et aide aux populations civiles algériennes est ainsi omniprésent dans ce sujet, comme on le voit également à travers les images de distribution de nourriture (semoule et pain). En outre, les plans sur les villageois recevant des armes permettent de jouer sur un thème de contre-propagande française récurrent : celui des ralliements.