La réponse du FLN au Général De Gaulle

22 juin 1960
01m 31s
Réf. 00010

Éclairage

Après 5 ans de guerre d'Algérie, le général de Gaulle avait évoqué le droit des Algériens à l'autodétermination, ceci lors d'un discours radiotélévisé, diffusé le 16 septembre 1959. Que le projet passe par une politique de sécession, de francisation ou d'association, il avait pour ambition de mettre fin à la guerre. Or, 9 mois plus tard, le 14 juin 1960, si le général évoque à nouveau ce projet dans un discours également radiotélévisé, c'est après une longue période de crispation dont un point fort fut la semaine des barricades à Alger (entre le 24 janvier et le 1er février 1960). Notamment organisée par le député d'Alger Pierre Lagaillarde (28 ans) en réaction au départ forcé du général Massu en métropole, cette semaine fit des victimes tant du côté des civils que de celui des forces de l'ordre et préfigure un durcissement des positions, la création de l'OAS en février 1961 s'inscrivant dans son prolongement.

Aussi, lorsque le général de Gaulle revient sur le projet d'autodétermination, réitère-t-il la demande de cessez-le feu que le président du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) - Ferhat Abbas - accepte qu'elle soit négociée. Surtout, il rend publique une proposition qui résulte d'échanges ayant déjà eu lieu entre des représentants de l'État français et des responsables du FLN, et au sujet desquels il laisse dans l'ombre la complexité de la situation autant que celle des relations entre interlocuteurs.

La séquence diffusée le 22 juin 1960 dans le cadre des Actualités françaises est un montage de plusieurs documents filmiques dont le discours radiotélévisé du 14 juin. Une donnée intéressante quand on connaît la place de la télévision et de la radio dans la stratégie de persuasion mise en œuvre par le général depuis son retour au pouvoir en 1958. Mais elle atteste aussi du rôle que ces médias occupent dans l'agenda des préoccupations, ceux-ci s'avérant n'être pas seulement pourvoyeurs d'informations mais aussi une source de données. Ainsi la séquence fait-elle la part belle à ces moments où des auditeurs sont filmés tandis qu'ils écoutent avec attention les contenus diffusés à la radio.

Et si dans cette séquence, l'événement est envisagé du point de vue de ses acteurs les plus visibles - le chef de l'État français et son « homologue », Ferhat Abbas -, il faut y voir aussi l'influence du gouvernement, soucieux de contrôler son image. L'heure est donc à l'optimisme mais un optimisme de courte durée, malmené qu'il sera par l'opposition des partisans de l'Algérie française et ceux de l'Algérie algérienne.

Béatrice Fleury

Transcription

Journaliste
Dans son dernier discours, le général de Gaulle a tenu à évoquer à nouveau le problème algérien. Il a réitéré son offre du 16 septembre.
Charles (de) Gaulle
Je me tourne vers les dirigeants de l’insurrection. Je leur déclare que nous les attendons ici pour trouver, avec eux, une fin honorable aux combats qui se traînent encore, régler la destination des armes, assurer le sort des combattants. Ensuite, tout sera fait pour que le peuple algérien ait la parole dans l’apaisement. La décision ne sera que la sienne.
Journaliste
Jamais, peut-être, les propos du Général n’avaient été aussi écoutés. Et cette fois de Tunis par la bouche de Ferhat Abbas, la réponse est venue.
Ferhat Abbas
Désireux de mettre fin aux conflits et de régler définitivement le problème, le gouvernement provisoire de la république algérienne décide d’envoyer une délégation présidé par Ferhat Abbas pour rencontrer le général de Gaulle.
Journaliste
Le premier pas est accompli. D’autres restent à faire. Mais l’espoir n’a jamais été aussi grand.