Finale du championnat de France de rugby : AS Béziers - US Dax

31 mai 1961
01m 45s
Réf. 00350

Notice

Résumé :

Résumé de la finale du championnat de France de rugby de 1961 qui oppose l'AS Béziers à l'US Dax, sur la pelouse du Stade Gerland, à Lyon. L'équipe de Béziers l'emporte par six points à trois, grâce à un drop, en toute fin de match, de Pierre Danos.

Date de diffusion :
31 mai 1961
Thèmes :
Lieux :

Éclairage

Le Championnat de France, depuis sa création en 1892, a changé plusieurs fois de formule.

Entre 1952 et 1979, une phase qualificative permet de retenir 32 équipes (sur 56 engagées) pour disputer des seizièmes de finale. Le tableau des rencontres est fonction du classement des équipes pendant la phase de qualification (le premier classé rencontrant le dernier qualifié, le deuxième l'avant-dernier, etc.). La qualification pour le tour suivant se fait sur un seul match. La crainte de l'élimination, jointe à celle d'une blessure (on ne remplace pas les blessés) tend à crisper les équipes, au fur et à mesure des étapes.

Le 28 mai à Lyon, au stade de Gerland [1], 35 000 spectateurs font une fête, animée par un toro de fuego dacquois.

Chaque club a été finaliste une fois : Dax contre Lourdes en 1956, Béziers contre Lourdes en 1960.

"Les Bitterrois, toute la saison, avaient fait donner leur artillerie. Pierre Danos et Paul Dedieu s'étaient chargés d'assurer, par des buts et des drops, les victoires préparées par ces avants dont nous avons dit déjà pour des saisons précédentes, qu'ils n'avaient pas leurs pareils pour gagner les ballons d'or des mêlées ouvertes. A Dax, il y avait Pierre Albaladejo comme célébrité internationale. André Bérilhe, le capitaine, jouissait du respect de tous, Jean Othats avait été de la tournée en Argentine, l'été précédent, tandis que l'on commençait à parler de Cassiède, du demi de mêlée Jean-Claude Lasserre... célèbre était leur pilier André Bérilhe, capitaine dont la hargne, la puissance et la vitesse faisaient merveille." [2]

Entre les équipes, mais aussi entre les clubs, se construit une opposition de styles, mais aussi de tactique. "Pour l'A.S. Biterroise, tuer tout jeu créateur en face, en renvoyant la balle loin en touche, par Dedieu, par Danos devenait le souci majeur." [3] "On craignait tellement ce jeu fait de spontanéité, de qualité, d'adresse, on craignait les relances", se souvient, en 2010, le pilier Raoul Barrière.

"Ce ne fut pas une bonne finale. Heurtée, parfois trop dure, trop longtemps sans brio, la rencontre fut illuminée par un exploit de Pierre Danos, un drop "impossible" qui fit aussitôt son entrée dans l'anthologie des "gestes" fameux des finales, coup de botte qui, par delà sa beauté technique, eut aussi le très grand mérite de valoir le titre suprême à l'équipe." [4] Le geste est en effet hasardeux à réussir : du bord de la touche, Danos revient vers son camp et effectue un fauché-retourné du pied droit, sans que personne monte au contre. C'est ainsi que l'A.S. Béziers l'emporte face à l'U.S. Dax par 6 à 3 [5].

Le système biterrois connaîtra sa période de gloire, 10 ans plus tard, sous la férule de Raoul Barrière en tant qu'entraîneur : une série de 10 titres de champion de France , entre 1971-1984, et quatre victoires en challenge Du Manoir en 1964, 1972, 1975 et1977.

L'US Dax disputera encore 3 finales, sans succès (1963, 1966, 1973) mais remportera le challenge Du Manoir en 1969, 1971, 1982, après deux précédentes victoires en 1957 et 1959.

[1] Lyon (stadium municipal de Gerland) ; arbitre : Bernard Marie (Île-de-France) ; 24 227 entrées payantes ; recette : 238 265 francs.

- A.S. Béziers : Paul Dedieu ; Robert Spagnolo ; Jacques Fratangelle ; Robert Raynal ; Lucien Rogé ; Roger Bousquet ; Pierre Danos (capitaine) ; François Rondi ; Jean Arnal ; Louis Angeli ; André Gayraud ; Jean Salas ; Francis Mas ; Emile Bolzan ; Raoul Barrière

- U.S. Dax : Emile Carrère ; Raymond Albaladéjo ; Jacques Bénédé ; Jean Othats ; Pierre Darbos ; Pierre Albaladéjo ; Jean-Claude Lasserre ; Claude Contis ; Gaston Dubois ; Marcel Cassiède ; Christian Lasserre ; André Bérilhe (capitaine) ; Léon Bérho ; Jean Bachelé

[2], [3] et [4] Pastre, Georges, Les volcans du dimanche. Histoire générale du rugby, Toulouse : Midi Olympique, 1969.

[5] A.S. Béziers : 1 pénalité de Paul Dedieu (35ème minute) et 1 drop de Pierre Danos (69ème minute) ; U.S. Dax : 1 pénalité de Pierre Albaladéjo (24ème minute)

Hubert Cahuzac

Transcription

(Bruit)
Journaliste
A Lyon, en intermède à la finale du championnat de France de rugby, le toro de fuego des supporters dacquois avait mis déjà le feu aux poudres. Et pourtant, ni les joueurs de Dax ni ceux de Béziers à droite de l’écran, maillots légèrement plus clairs que ceux de leurs adversaires, n’avaient besoin de cela pour s’expliquer d’une manière souvent explosive. Le match peut se résumer en trois coups de pied dans le ballon et une série d’autres coups plus ou moins orthodoxes distribués sans parcimonie. Premier coup de pied dans le ballon, 3 points pour les Dacquois. Après cela, on s’explique chacun avec son tempérament et selon son poids. Une tonne et demi de muscles dans une mêlée, il faut bien que ça explose de temps en temps. C’est bien le moment de sonner la charge dans les tribunes. Puisqu’on ne peut attraper le ballon, autant se dépenser un peu en distribuant quelques coups au hasard ; ils n’en mouraient pas tous mais tous étaient frappés. Enfin, un second coup de pied dans le ballon, 3 points pour Béziers. Les Dacquois se réveillent, ils se rappellent tout à coup que le bon rugby se joue à la main, oui mais que ne ferait-on pas pour garder le ballon sous le bras ! Tout de même il y a eu un grand moment dans ce match, ce moment, le voilà ! Ballon pour Béziers à 5 mètres de la ligne de but de Dax, un admirable coup de pied de Danos, un de ces coups de pied comme on en donne un tous les 50 ans sur un terrain de rugby. Béziers marque 3 points de plus. Cet exploit donne la victoire à Béziers par 6 à 3.