Une saboterie artisanale aux Sables-d'Olonne

18 février 1971
02m 55s
Réf. 00513

Notice

Résumé :
Madame Pellerin tient la plus ancienne fabrique de sabots des Sables-d'Olonne. Plusieurs fois primée pour son ouvrage, ses chausses en bois et cuir sont à bouts relevés, à talons et semelles assez hauts et à bride faites sur mesure. Les sabots, traditionnellement noirs, font partie du costume typique des Sablaises, mais les touristes en portent aussi, blancs ou rouges.
Date de diffusion :
18 février 1971
Source :

Éclairage

Alors qu’il est omniprésent dans les représentations traditionnelles du paysan vendéen, le sabot à pointe relevée ou sabot sablais ne remonterait, selon les dires du commentateur du reportage datant de 1971, qu’au début du XXe siècle. Cette assertion curieuse au premier abord, car le sabot de bois était évidemment porté par les paysans vendéens depuis des générations à la Belle Epoque, fait en réalité allusion à la résurgence de la fabrication du sabot pour des usages folkloriques. L’ouverture de la saboterie Pellerin située dans le centre historique des Sables-d’Olonne en 1900 a précisément partie liée à cette histoire locale et au maintien de ces traditions.
En 1971, alors que le vent de modernité des années pompidoliennes semble devoir emporter sur son passage tous les vestiges du passé et des particularismes régionaux, le reportage tourné à la saboterie Pellerin paraît sceller la fin prochaine d’une France ancestrale à jamais révolue. Pourtant, c’est en mariant la modernité technique à leur passé et à leurs traditions que les Vendéens vont relever les défis posés à leur terroir au cours du demi-siècle suivant. Si la saboterie Pellerin a effectivement disparu, la saboterie traditionnelle demeure présente dans la région avec en particulier la société Aubouin qui commercialise ses produits traditionnels sous la marque Bosabo ; si cette entreprise est aujourd’hui située à Sèvremoine en Maine-et-Loire, à quelques kilomètres de la frontière administrative avec la Vendée, c’est en partie dans les fermes vendéennes des Mauges qu’Emile Aubouin commença à vendre ses sabots à la fin du XIXe siècle. En Vendée même, des artisans continuent de proposer des sabots en bois pour des usages domestiques et les nombreux touristes fréquentant le département emportent fréquemment dans leurs souvenirs de vacances une paire de sabots vendéens.
Eric Kocher-Marboeuf

Transcription

(Musique)
Journaliste
Les habitants des Sables-d’Olonne et les touristes fidèles connaissent bien Madame Pellerin, elle tient un magasin dans le vieux quartier des Sables, près de l’église. Un magasin où elle fabrique et où elle vend le fruit d’une tradition bien conservée, les sabots sablais. Madame Pellerin a 70 ans et elle a vu le jour à l’époque où les Sablais et Sablaises se sont mis à porter des chaussures qui n’étaient pas celles de tous leurs compatriotes Vendéen. C’est en effet vers 1900 que les sabots sablais ont fait leur apparition avec leur bout relevé, le talon assez haut et galbé. Aujourd’hui, une vrai Sablaise, une femme qui porte le costume bien particulier de cette ville se chausse toujours des sabots sablais qu’elle vient se faire faire à sa taille.
(Musique)
Journaliste
Après l’essai de la forme, une semelle en bois assez haute et taillée à la main, on fabrique la bride selon le pied qu’elle devra recouvrir. Cette bride est en cuir et présente un pli qui permet de bien tenir le sabot au pied.
(Musique)
Journaliste
Et il est, paraît-il, très agréable de porter ce sabot sablais qui n’est pas lourd du tout. Et d’ailleurs, on ne le voit pas seulement aux pieds des Sablaises, les touristes ont également été séduits par ses formes. Ils ne sont plus toujours de leur couleur initiale, le noir, Madame Pellerin en fabrique depuis plusieurs années des rouges et des blancs. Il faut d’ailleurs dire qu’elle est la plus ancienne sabotière artisanale de Vendée et qu’elle a obtenu de nombreux prix, entre autres le grand prix des expositions régionales du travail à Rennes et le titre de la meilleure ouvrière de France.
(Musique)
Journaliste
Enfin, sachez que l’on dit aux Sables-d’Olonne que les sabots aident à former les jambes et donc, que toutes les femmes qui portent ces sabots ont de belles jambes. Encore un exemple où la tradition débouche sur le fonctionnel.
(Musique)