Le baptême du nouveau catamaran d'Olivier de Kersauson

21 mai 1986
02m 24s
Réf. 00331

Notice

Résumé :

Le nouveau trimaran d'Olivier de Kersauson, Poulain, a été baptisé ce matin à Port-la-Forêt. Le navigateur explique l'objectif d'un tel voilier : faire le tour du monde en solitaire et sans escale. Il précise les caractéristiques du bateau.

Date de diffusion :
21 mai 1986
Source :
FR3 (Collection: Rennes soir )
Personnalité(s) :

Éclairage

Olivier de Kersauson, surnommé "l'Amiral", est né à Bonnétable dans la Sarthe, le 20 juillet 1944. Ses ancêtres se sont illustrés dans l'histoire de France puisque l'un de ses aïeux a commandé la flotte de Saint-Louis partie aux croisades. Son frère Yves devient amiral après une carrière dans la marine où il dirige la Direction du Renseignement Militaire.

Adolescent, Olivier de Kersauson navigue à La Trinité en barrant le navire de Jean-Marie Le Pen. Puis, en 1964, il rencontre pour la première fois Eric Tabarly lors d'une régate à Saint-Malo. Dès lors, il devient l'un de ses équipiers favoris et même son second sur plusieurs Pen-Duick. C'est d'ailleurs avec le Pen-Duick III qu'il rafle un grand nombre de victoires sur toutes les mers du globe et qu'il connaît, de son propre aveu, l'une de ses plus grandes peurs de marin après Sydney-Hobart lorsqu'il se trouve, avec Alain Colas et Eric Tabarly, au cœur d'un puissant cyclone au large de la Nouvelle-Calédonie.

Mais les deux hommes se séparent en 1975 et il devient skipper à son tour. Les débuts sont difficiles mais, en 1978, il termine en quatrième position de la route du Rhum. Dès lors, il se focalise sur différents records. Pour cela, il fait construire Poulain en 1986 à Port-la-Forêt, un trimaran de 23 mètres de long. Après avoir terminé second du Tour de l'Europe en 1987 et quatrième sur le parcours La Baule-Dakar en 1988, il décroche en 1989 avec ce bateau renommé Un autre regard le record du tour du monde en solitaire sur trimaran en 125 jours, 19 heures et 32 minutes. Quelques années plus tard, il s'attaque au trophée Jules Verne et c'est sous les couleurs de Sport Elec en 1997 qu'il reprend le challenge à Peter Blake. En 2000, Olivier de Kersauson se consacre à la réalisation du voilier de ses rêves : le trimaran Géronimo, baptisé en 2001. Après plusieurs échecs retentissants, notamment dans le cadre du trophée Jules Verne, il finit par remporter à nouveau ce dernier en 2004 en 63 jours, 13 heures et 59 minutes. Depuis cette date, le skipper a décroché plusieurs records tels celui de la Transpacific en 2005 ou Yokohama - San Francisco en 2006.

Fabien Lostec

Transcription

Journaliste
Poulain. C'est le nom du nouveau trimaran d'Olivier de Kersauson. Une belle monture, baptisée, aujourd'hui, à Port la Forêt, dans le sud Finistère. Avec ce multicoque - on va en voir des images tout de suite -, le navigateur breton compte faire le tour du monde en solitaire et sans escale. Le départ est prévu pour l'automne prochain. En attendant, il reste, bien évidemment, à préparer le voilier.
Olivier Kersauson (de)
Poulain, c'est un trimaran foiler de 23 mètres de long, 7,20 mètre de large, parce qu'il faut être précis, qui pèse moins de 10 tonnes avec son armement complet. C'est un bateau que nous avons conçu pour le tour du monde en solitaire sans escale en multicoque.
Journaliste
Pour octobre prochain ?
Olivier Kersauson (de)
Pour octobre prochain, oui.
Journaliste
C'est une belle pièce quand même !
Olivier Kersauson (de)
Ah oui, je trouve, oui. Mais là, on n'est pas gréé pour le tour du monde, on est gréé, on a fait un bateau de coursequi correspond à la norme d'un bateau de course d'aujourd'hui. Mais on adaptera le gréément au tour du monde. Mais comme il n'y a pas de bateau de tour du monde, on a plus de point de référence de ce qui existait en compétition au top, pour l'amener au régime d'un bateau de solitaire pour le tour du monde.
Journaliste
Alors la construction, combien de temps ?
Olivier Kersauson (de)
La construction, c'est 5 mois et demi. C'est un peu plus complexe parce qu'on a pris du retard à cause des fournisseurs belges, que je maudis, et sinon, pour ce qui est le reste du bateau, notre chantier breton est une merveille.
Journaliste
Ça coûte cher ?
Olivier Kersauson (de)
C'est de la main d'oeuvre. Comme on dit, tout homme qui construit un bateau fournit du travail. Donc c'est vrai, ça coûte cher. En main d'oeuvre, vous avez le tiers en matériaux à peu près, 2 millions de francs, et vous avez 4 millions de francs de main d'oeuvre.
Journaliste
Un bateau, c'est 200 personnes qui travaillent plus ou moins directement sur le programme. Alors avant la course autour du monde sans escale et en solitaire, il faut se faire la main.
Olivier Kersauson (de)
Il faut faire la main du bateau. La nôtre est faite depuis le temps mais la main du bateau. Donc on va appareiller à toute vitesse pour aller sur la Twostar. C'est-à-dire qu'on arrivera en catastrophe. Mais ça nous permettra de voir si on n'a pas de panne mécanique, ce que la machine donne vis-à-vis des autres. Moi, j'ai assez confiance dans le bateau. On a un raisonnement, vsi ous voulez, mais on a le raisonnement de plein de gens qui ont travaillé avec nous, et puis, à un moment donné, il faut que tous ces raisonnements tiennent, qu'on n'ait pas de panne.
Journaliste
Olivier, après les escapades parisiennes, c'est le retour aux sources ?
Olivier Kersauson (de)
Non, là, je vous arrête. Je ne suis jamais parti, moi, des vrais sources.
Journaliste
L'amour de la mer est le plus fort.
Olivier Kersauson (de)
L'amour de la mer, je l'ai jamais quitté, moi. Je n'ai fait tout ça que pour naviguer, en finale.