Bombardements de villes françaises
Notice
Les Alliés ont bombardé plusieurs villes dont Chambéry, Saint-Etienne et Lyon. Ces dernières ne sont plus que ruines et incendies et la liste des morts s'allonge.
- Rhône-Alpes > Loire > Saint-Etienne
- Rhône-Alpes > Rhône > Lyon
- Rhône-Alpes > Savoie > Chambéry
Éclairage
Le cinéma est le loisir populaire par excellence à la fin des années 1930. Les films sont précédés, avant l'entracte de documentaires produits par diverses sociétés cinématographiques et d'actualités. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le contrôle de ces actualités devient un enjeu de taille et le côté documentaire cède le pas à la propagande.
Ce document couvre une série de bombardements survenus en France au mois de mai 1944. C'est une production de France Actualités, société franco-allemande installée à Paris depuis l'occupation de la zone libre.
Jusque là, les documentaires et les actualités diffusées en première partie des séances de cinéma avaient des producteurs différents en zone occupée et zone libre. En zone nord, étaient diffusées les Actualités mondiales que distribue dans les salles une filiale de la firme allemande UFA (Universum-Film Aktiengesellschaft). Il s'agit d'un journal allemand en langue française. Dans la zone sud, un journal, France-Actualités, était préparé à Marseille, sous contrôle de l'État français avec les firmes Pathé et Gaumont . A partir de la fin 1942, le journal France Actualités est produit à Paris par une société mixte franco-allemande et la diffusion se fait sur l'ensemble du territoire. Le contrôle allemand sur cette société augmente considérablement à partir de la fin 1943. C'est dans ce contexte qu'est produit l'extrait sur les bombardements et le commentaire devient un élément de propagande.
Dans le cadre de la préparation du débarquement, les escadres de bombardiers anglo-américaines doivent détruire un certain nombre de voies de communication (Transportation Plan) pour ralentir l'acheminement de renforts allemands vers le lieu du débarquement. Le vendredi 26 mai 1944 – juste avant le dimanche de Pentecôte évoqué dans le commentaire – de nombreux bombardements sont organisés dans le Sud-Est. La méthode retenue est de bombarder de jour les points névralgiques à haute altitude.
Au petit matin du 26 mai, environ 900 avions américains décollèrent du sud de l'Italie et se divisèrent en plusieurs vagues, une fois franchie la frontière. Les bombardements eurent lieu entre 10 et 11 heures du matin et de nombreux objectifs stratégiques furent atteints ; mais les bombardements à haute altitude provoquèrent aussi de nombreuses victimes civiles que souligne le commentateur dont le discours n'est pas à une contradiction près – mais attention nous regardons aujourd'hui le document avec un œil distancié alors que les spectateurs des salles obscures de juin 1944 sont dans des dispositions autres. Le commentaire affirme par exemple dans un premier temps « ils sont venus et ont lancé leurs engins de mort un peu partout, comme au hasard ... » et il dit un peu plus loin : « certes parfois les voies ferrées ou les objectifs industriels ont été touchés, mais le plus souvent, les bombes n'atteignent pas leur but. » Quoi qu'il en soit, les images ne donnent à voir que des civils et des immeubles d'habitation, jamais d'usines ou d'installations ferroviaires.
Une vague se dirigea en direction de Grenoble (non mentionné dans le document ; absence d'images ?) et de Chambéry où la gare de triage fut détruite. A Saint-Étienne, la gare de triage fut endommagée, mais il y eut de nombreuses victimes dans le quartier ouvrier du Soleil et le Jardin des Plantes (situés près de la gare) ainsi que le quartier de Tardy. À Lyon enfin, les bombardiers ciblèrent la banlieue sud et le sud de Lyon et au nord, les installations ferroviaires et industrielles de Vaise. Les gares de Vaise et de la Mouche furent atteintes, mais pas celle de Perrache. Un bâtiment de l'Ecole de Santé militaire où était alors installée la Gestapo – c'est là que se trouve aujourd'hui le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation – fut détruit en bordure de l'avenue Berthelot.
Le commentaire de ce document, le choix des mots, la volonté d'interpeller directement le spectateur – « ce n'est pas seulement une maison de Lyon qui flambe, c'est la maison d'un Français, demain, ce sera peut-être la vôtre... » - en font clairement un document de propagande dans la guerre des images. Le commentaire est quasi permanent et il oriente la réception de ces images par le spectateur.
Bibliographie :
- Brigitte Blanc , Henry Rousso et al., La Seconde guerre mondiale, Guide des sources conservées en France, 1939-1945, Paris, Archives nationales, 1994. (Sur les actualités cinématographiques p. 1078-1079).
- James Charrel « Entre pouvoir allemand et pouvoir français », Sociétés & Représentations, 2001, n° 12, p. 63-70.
Voir le site consacré au cinéma et à la vidéo en classe pour plus d'information sur les actualités cinématographiques.