Pierre Schaeffer et Jacques Brissot à propos du festival de la recherche

17 juin 1960
05m 53s
Réf. 00210

Notice

Résumé :

Pierre Schaeffer évoque les différents "groupes" du service de la recherche en compagnie de Philippe Noiret.

Type de média :
Date de diffusion :
17 juin 1960
Thèmes :
Autres lieux :

Éclairage

Philippe NOIRET interviewe Pierre SCHAEFFER dans son studio de la rue de l'Université. Le directeur du Groupe de Recherches Musicales de la RTF explique en quoi consiste la musique expérimentale. En illustration à ses propos, le compositeur Bernard PARMEGIANI manipule une tringle et un archet avec lesquels il fabrique des sons.

Pierre SCHAEFFER parle ensuite du "2ème Festival de la recherche" qui se tient à Paris, salle Gaveau. Jacques BRISSOT, se tient à ses côtés pour parler du Groupe Recherches Images qui se rapproche de la démarche du GRM.

Diffusion d'un extrait du film de Jacques BRISSOT.

Transcription

Philippe Noiret
Il y a à Paris, rue de l'Université, un immeuble de la RTF avec des studios dans lesquels des hommes travaillent sur d'étranges instruments. De longues plaques de métal, des gonds, des appareils en forme de sculptures abstraites, si bien qu'en pénétrant dans ces studios, on a un peu l'impression de pénétrer dans l'antre d'un sorcier, d'un sorcier moderne bien sûr, et ce sorcier il est d'ailleurs à nos côtés aujourd'hui, c'est Monsieur Pierre Schaeffer, Directeur du groupe de recherche musicale de la Radio Télévision Française. Les instruments en question sont des objets musicaux d'origine acoustique, je crois que c'est un terme exact.
Pierre Schaeffer
Ces grandes écoles pour musique expérimentale, celles qui emploient des sons synthétiques d'origine électronique, alors on ne voit rien du tout, ce n'est pas pittoresque et nous, comme vous le dites, qui employons volontiers des tôles, des tringles, et qui essayons de retrouver les gestes traditionnels de la musique de tous les temps, qui consiste à frotter une tôle sur l'autre à frapper, ces gestes du violoniste, de l'archet, du violon, à part que maintenant, grâce aux techniques du microphone et du magnétophone, on peut chercher ces sons-là, on n'avait pas l'idée d'aller les chercher. Notre ami Parmegiani qui est à la fois technicien, mime et compositeur, est en train de s'exercer à tirer, parfois difficilement. C'est ce que notre compositeur Xenakis appelle les lois du hasard, l'aléatoire, [inaudible], je vous passe le vocabulaire, est en train de s'exercer à tirer d'une tringle des sons et d'associer à cette tringle un résonateur [inaudible]. Ces matières premières sont en général assez grossières, elles ne sont qu'un minerai dont ensuite, par des manipulations, on tire des produits plus élaborés et plus raffinés.
Philippe Noiret
Monsieur Pierre Schaeffer est parmi nous aujourd'hui plus particulièrement, je crois, pour nous parler du deuxième festival de la recherche qui chaque soir se déroule salle Gaveau et salle des Agriculteurs.
Pierre Schaeffer
Et maintenant surtout salle des Agriculteurs pendant une quinzaine où tous les soirs nous avons un assez vaste recensement et du cinéma traditionnel et du cinéma expérimental et des problèmes de cinéma et télévision. Parce que, entre temps, nous avons été rejoints par une cohorte de jeunes essayistes de cinéma, et je crois que le mieux que je puisse faire, est de céder la parole à Brissot qui est l'un des animateurs de ce nouveau groupe qui a rejoint le groupe de musique concrète et qui s'appelle groupe de recherche image.
Philippe Noiret
Le film dont nous avons vu un extrait en effet est une étude réalisée par Monsieur Jacques Brissot et Monsieur Pierre Schaeffer. Que recherchez-vous exactement ?
Jacques Brissot
Je pense qu'il y a dans ce film une démarche assez semblable à celle des musiciens concrets, c'est-à-dire que nous laissons pratiquement à la caméra le soin d'abstraire des réalités qui est des plus concrètes, puisque, il s'agit surtout dans ce film que nous parlons de détritus métalliques ou de mers, de cheveux, etc.
Pierre Schaeffer
Une très belle chevelure flottant dans les vagues.
Philippe Noiret
Avant de justement de voir et d'entendre une nouvelle séquence de ce film, je voudrais Monsieur Schaeffer que vous me donniez quelques renseignements sur le festival, sur la prochaine manifestation ?
Pierre Schaeffer
Bien, ce festival n'est pas un point d'arrivée, c'est un point de départ. Le nouveau service de la recherche créé à la RTF généralise à l'image les recherches son et nous pensons que, outre certains essais de jeunes réalisateurs qui sont parfois un peu ésotériques, il y a un horizon beaucoup plus large. C'est ainsi que Paul Gilson a ouvert le cycle en spécialiste qu'il est du cinéma d'autrefois, enfin des débuts du cinéma, il y a toujours intérêt à remonter aux sources, il a ouvert le feu jeudi dernier. Ce soir Roger Leenhardt, qui est aussi un maître de la techniquesdu cinéma fait un examen plus approfondi et plus technique des différentes façons dont la pellicule et la caméra peuvent se comporter par rapport à l'objet. Et puis alors nous aurons la semaine prochaine un assez large examen des problèmes connexes de radio, de télévision et de cinéma, où nous aurons le plaisir d'avoir le directeur des programmes de cette maison Albert Ollivier, Marcel L'Herbier, des réalisateurs comme Bluwal, Sabbagh qui fera une soirée sur les techniques de l'actualité télévisée, et la semaine suivante, fin du mois, nous conclurons sur un bilan de cette rencontre passionnante entre le texte, le son et l'image. Alors pour ceux qui veulent suivre cela, ils n'ont qu'à aller tous les soirs à la salle des Agriculteurs et même à 5 heures, il y a également des conférences et des rencontres scientifiques.
Philippe Noiret
Je vous remercie de ce renseignement et nous allons passer maintenant à la seconde séquence du film de Monsieur Jacques Brissot.
(Musique)