Gilles RACOT, Chronomorphoses

10 janvier 2004
03m 45s
Réf. 00319

Notice

Résumé :

Le titre fait référence d'une part au travail en studio portant sur les transformations temporelles ou morphologiques des sons traités, et d'autre part à l'expérience du temps à travers l'organisation de matières et formes temporelles.

Type de média :
Date de diffusion :
10 janvier 2004
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Éclairage

Le titre fait référence d'une part au travail en studio portant sur les transformations temporelles ou morphologiques des sons traités, et d'autre part à l'expérience du temps à travers l'organisation de matières et formes temporelles.

L'objet de ces Chronomorphoses composées en dix mouvements, porte notamment sur les effets de perception des temps lisses, temps striés, temps pulsés, réitérations, rythmes et cycles... qui sont des principes d'articulation du temps, et les supports de dilution ou de fixation plus ou moins forts des instants du présent. La répétition ayant tendance à nier tout écoulement du temps, et tout écoulement du temps à annuler la perception du présent, l'œuvre se présente comme un tissu de variations entre ces thèses, explorant les métamorphoses et glissements ou oppositions des typologies du Temps et de sa corporification même : les sons.

Chaque mouvement est développé en s'attachant à l'une de ces typologies du temps très étroitement associée à celle de la matière des sons. La forme globale est pensée dans sa continuité et dans la possibilité d'une écoute fragmentaire d'un mouvement isolé. Évidemment, rien n'est ici exhaustif, l'idée par le travail sur les sons prime souvent sur l'intention pure de la démonstration.

Extrait du troisième mouvement :Ombre d'hommes (4'23")

L'écriture d'Ombre d'hommes fait usage de figures cycliques. La plus permanente de ces figures est un continuum ondulant à la matière vibrante et calmement pulsée. En fixant cette tenture sonore, je ne peux dissimuler avoir immédiatement ressenti sa proximité avec l'Oiseau zen des Trois Rêves d'oiseaux de François Bayle. Pourtant ce sont deux mondes différents, dans l'Oiseau zen la "tenture" est pure et inaltérée, parfaitement vibratoire comme les stries de sable d'un jardin zen... Dans Ombre d'hommes, son profil est cyclique et modulé d'instabilités. Le chant de l'Oiseau de François Bayle est solitaire, imperturbable et sans trouble, c'est le chant d'un philosophe au-delà des doutes. Les figures sonores d'Ombre d'hommes sont plutôt hétérogènes sinon contradictoires, entre courtes exclamations expectatives, nuages chorals, roulades flottantes et stridulations passagères... où les formes se dissolvent et renaissent durant ce cycle que l'on pourrait imaginer permanent... c'est une vision philosophique certainement plus sceptique et parsemée d'ombre... même jusqu'à la tournure finale.