Régis RENOUARD LARIVIERE, Errance essorante, 2004 (festival PRÉSENCES électronique)

10 mars 2006
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Réf. 00927

Notice

Résumé :

Extrait de la pièce créée en 2004 et diffusée lors du festival PRÉSENCES électronique le vendredi 10 mars 2006 à 20h00, salle Olivier MESSIAEN à la Maison de Radio France.

Type de média :
Date de diffusion :
10 mars 2006
Personnalité(s) :
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Éclairage

BIOGRAPHIE : Régis RENOUARD LARIVIERE

Suite à une formation en composition électroacoustique auprès de Philippe MION et Jacques LEJEUNE, fin 1984, il décide de se consacrer à la composition et fonde son propre studio de composition en 1986.

Il suit des cours d'analyses musicales auprès de Francis BOYER, et de pratique et analyse de la musique Hindoustani (Inde du Nord)

auprès de Shivu TOROLOGOTTI.

Il enseigne la musique électroacoustique depuis 1990, et est co-animateur avec Christian ÉLOY des stages Adac-GRM depuis octobre 1999. Il est membre du bureau de l'association Ars Sonore de 1995 à 1999.

Il est l'auteur de plusieurs articles de réflexions à propos des concepts du Traité des Obiets Musicaux de SCHAFFER. Il a collaboré à plusieurs publications du GRM.

Il a composé plusieurs musiques de scène pour la danse et le théâtre.

   

NOTICE : Errance essorante

(2004) - 20'

La pièce s'ouvre sur le long tambourinage d'une grosse pluie sèche et profuse, faite d'impacts, de parasites, d'artéfacts. Cette averse lactée d'infimes parcelles sonores - agglomérées en itérations si serrées qu'elles génèrent quelquefois des fréquences - évolue en estuaires, en biefs, ou s'épuise "sur l'erre" (pour parler le langage des U.S.T.) . Des failles traversent cette matière fragmentée et vacillante.

Selon une ancienne et célèbre critique énoncée jadis à propos de la composition électroacoustique, cette musique "superpose" plus qu'elle ne "compose". Elle travaille plus en hétérophonie qu'en polyphonie. C'est même peut-être là son questionnement principal - son carburant : Quoi répond à quoi ? Et dans quel espace ?

Écoutant il y a quelques temps les chants secrets des lamas tibétains de l'université de Gyuto, je suis impressionné par les merveilleuses ponctuations foireuses de leurs instruments (trompes cuivrées, tambours et ferrailles), délicieusement décalées, savamment approximatives. Comme si l'établissement ne pouvait être que tremblé, et le Divin divinement ivre. Tout le contraire de l'ennui kilométrique "quantizé" de la techno. Que "ça se fasse" demande qu'à choque instant "ça puisse ne pas se faire". Peut-être retrouvera-t-on quelque chose de ces impressions dans ma musique : ses fluidités incertaines, ses insistances fragiles, ses errances mélodiques...

D'autre part, le travail sur l'accumulation - apparition d'ensembles complexes à partir d'éléments simples en eux­ mêmes (j'évoquais la pluie au début de ce texte) - est une manière récurrente dans mes musiques. Il y a un refus à donner longtemps prééminence à un son (un motif) sur les autres. Ce qui s'individualise devient accompagnement ; ce qui accompagne, à un moment donné, s'érige. Mes musiques, et celle-ci en particulier, fonctionnent comme des dispositifs cherchant à faire entendre - ne serait-ce que subrepticement - une sorte de "chant second". J'aimerais qu'à travers cet univers rayé (rageusement rayé parfois), se produise la grande aération à la faveur de laquelle il se lève. La question des correspondances sonores se retrouve encore dons la succession des deux mouvements constitutifs de la pièce. À la longue apnée du premier mouvement, répond - si c'est une réponse? - la lente et lisse tenue, piquée d'impuretés, du second. Cette nappe, en apparence apaisée, s'enfle lentement comme soumise à une aimantation, ou comme monte l'odeur de la terre après la pluie, avant de disparaître.