Jean-Claude ELOY, Le Minuit de la Foi (AKOUSMA)
01 juin 2018
10m 01s
Réf. 01121
Notice
Résumé :
Reportage consacré au compositeur Jean-Claude ELOY à l’occasion de la diffusion de sa pièce Le Minuit de la Foi le samedi 1er juin 2018 au Studio 104 de la Maison de la Radio et de la Musique dans le cadre des concerts AKOUSMA de l’INA grm.
Son entretien, au cours duquel il explique la genèse de la composition de cette oeuvre est suivi d’un extrait.
Son entretien, au cours duquel il explique la genèse de la composition de cette oeuvre est suivi d’un extrait.
Date de diffusion :
01 juin 2018
Personnalité(s) :
Éclairage
BIOGRAPHIE :
JEAN-CLAUDE ELOY
“ ... ayant réussi une des synthèses les plus significatives dans la musique du XXe siècle (électronique et acoustique, mais encore traditions non-européennes et tradition occidentale), Jean-Claude Eloy pose et résout dans ses œuvres de façon convaincante un des problèmes essentiels de notre temps : la relation à l’autre, à l’étranger, au différent, non pas en tant qu’objet de curiosité, d’admiration ou de soumission, mais en tant que source vitalisante de l’inspiration créatrice”.
(“The New Grove Dictionary of Music”, 1998, Dr. Ivanka Stoïanova, Professeur à l’Université de Paris VIII).
Né en 1938.
Études au CNSM de Paris (Premiers Prix de Piano, Musique de Chambre, Contrepoint, Ondes Martenot). Classe de composition de Darius Milhaud. Suit les cours d’été de Darmstadt (Pousseur, Scherchen, Messiaen, Boulez, Stockhausen) et devient étudiant de Pierre Boulez à l’Académie de Musique de Bâle (1961-63) où il reçoit également l’enseignement de Stockhausen.
Les oeuvres de Jean-Claude Eloy ont été présentées dans de nombreux pays et continents et dirigées par Pierre Boulez, Ernest Bour, Michael Guilen, Bruno Maderna, Diego Masson,
Michel Tabachnik, Arthur Weisberg, et d’autres ...
Il a vécu aux Etats-Unis (professeur à l’Université de Berkeley dans les années soixante) ; en Allemagne (invité des studios du WDR de Cologne, de la Technische Universität de Berlin, artiste en résidence du Berliner Kunstlerprogramm) ; en Hollande (travaillant pour ses compositions avec l’Institut de Sonologie de l’Université d’Utrecht et au Studio électronique du Conservatoire Sweelinck d’Amsterdam) ; au Japon (où il a entre autres travaillé avec le Studio de musique électronique de NHK et le Théâtre National du Japon).
Il présente régulièrement ses œuvres dans de nombreux festivals internationaux avec les solistes interprètes directement associés à ses compositions : Fatima Miranda (vocaliste), Yumi Nara (soprano), Michael Ranta (percussionniste), Junko Ueda (chanteuse de Shômyô et joueuse de Satsuma-Biwa), Kôshin Ebihara et Kôjun Arai (moines Bouddhistes chanteurs), Mayumi Miyata (joueuse de Shô), etc...
Publié par Heugel, Amphion, Universal Edition (Vienne), il a créé hors territoires en 2004 afin d’aider à la publication de ses textes, livres, enregistrements, partitions.
NOTICE DE L’ŒUVRE :
LE MINUIT DE LA FOI
Pour sons électroniques et concrets
Autour de quelques phrases d’Edith Stein
Enregistrées par l’actrice Allemande Gisela Claudius
Concert non-stop / durée : 2h00
Partie I: «Morgendämmerung» / «Lumière de l’aube» (70’20’’)
(proposition, agitation, contemplation, illumination-jubilation-sublimation)
Partie II: «Dämmerlicht» / «Lumière crépusculaire» (50’06’’)
(interrogation, tension, confrontation)
Première audition en France
Cette œuvre fait partie de mon cycle :
« Chant pour l’autre moitié du ciel » : un cycle consacré à des figures féminines réelles ou imaginaires, et qui comprend jusqu’à présent les œuvres suivantes : « Butsumyôe »
(La cérémonie du repentir) ; « Sappho hikètis » (Sappho implorante) ; « Erkos » (Chant, prière) ; « Galaxies », version avec «… kono yo no hoka…» (« … ce monde lointain … ») ; « Gaia-Songs » (Trois chants à la déesse) ; « Two American Women » ; « Etats-Limites ou les cris de Petra» ; « Le Minuit de la Foi ».
Cette dernière œuvre m’a été inspirée par la lecture de textes d’Edith Stein, figure célèbre (particulièrement dans la ville de Cologne où j’ai souvent travaillé dans le passé), et dont la destinée fut tragique. Née dans une famille juive (bien qu’elle se soit déclarée athée pendant sa période étudiante) ; infirmière pendant la première guerre mondiale (dont elle fut récompensée pour sa bravoure et son dévouement). En 1917, elle fut la première femme à obtenir une thèse en philosophie intitulée « Sur le problème de l’empathie », puis devint la collaboratrice du philosophe Edmond Husserl. En 1919, elle s’engagea dans le Parti Démocrate Allemand. Arrivée à la maturité, elle fut touchée par la foi Catholique et demanda sa conversion afin de pouvoir entrer dans les ordres des Carmélites. Ceci fut réalisé pendant les années 1920-1930.
Elle écrivit alors quelques livres qui apportent des lumières spécifiques grâce à sa connaissance de la phénoménologie (sur Sainte Thérèse d’Avila, sur Saint Jean de la Croix…). C’est pendant cette période qu’elle s’est illustrée par son enseignement dans lequel, dès 1931, elle dénonce les dangers du fanatisme grandissant et insiste sur la nécessité de voir les femmes
s’impliquer pour influer sur le politique…
Réfugiée en 1938 dans un couvent en Hollande, elle est alors entraînée par les évènements, arrêtée par la SS en 1942, envoyée à Auschwitz, et exécutée dès son arrivée… Elle est aujourd’hui canonisée (Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix) et est devenue en 1999 l’une des patronnes de l’Europe.
« Le Minuit de la Foi » est une expression issue d’un livre d’Edith Stein ; « La Science de la Croix ». Dans mon œuvre musicale, les mots d’Edith Stein (tous issus de ce livre) n’interviennent que très occasionnellement et servent à lancer le son. Ensuite, c’est le son qui prend en charge les choses et commente (ou médite) par lui-même, en affirmant
sa spécificité. Il s’agit bien pour moi de matérialiser ce commentaire à travers le son et sa propre logique. C’est une sorte de surdimensionnement et de dépassement du texte
qui convient à l’essence même de la musique.
Celle-ci ne peut commenter un texte au sens strict sans tomber dans une imagerie trop simple, illustrative, anecdotique. La musique se doit d’atteindre une dimension plus globale et plus élevée, à la fois plus sensuelle, plus concrète, et en même temps plus abstraite. La musique devient un métalangage.
La relation entre texte et musique est une relation complexe et dialectique. Ce sont les pulsations de la vie qui nous mènent vers des tensions, voire des paroxysmes, suivis de périodes de relâchement, de concentration, de contemplation. Quand la pensée suit son chemin, elle hésite entre doute et certitude, entre interrogation et affirmation. Le flux héraclitéen des choses est présent jusque dans le cheminement d’une pensée qui cherche à s’approprier le monde… La musique est une voix derrière cette voix ; une parole et des mots qui disent
et ajoutent des choses qui n’ont pas encore été prononcées ou verbalisées.
C’est pourquoi j’ai souhaité transformer le rapport dialectique guerre / paix (inhérent à toute évocation du destin d’Edith Stein) en un rapport entre lumières et clarté ; ombres et obscur ; avec ses tensions, ses fantasmes, ses violences sous-jacentes ou avérées. Cela se réfère directement à cette réflexion sur le clair et l’obscur poursuivie par Edith Stein. Cette opposition entre guerre et paix est malheureusement ce que fût la destinée d’Edith Stein alors qu’elle travaillait à son ouvrage « La Science de la Croix », face à la montée d’idéologies intolérantes et barbares, et jusqu’à son aboutissement dans les persécutions de la Shoah : cette organisation systématique du génocide de masse par un état criminel dont elle fut l’une des innombrables victimes.
Texte d’Edith Stein :
Partie I :
I) - Nous savons déjà par la Nuit des sens qu’il arrive un moment où l’âme se voit privée du goût de tous les exercices spirituels ainsi que de toutes les choses terrestres. Complètement plongée dans l’obscurité et le vide.
II) - Mais, comme la nuit cosmique n’est pas également obscure pendant toute la durée, ainsi en va-t-il de la nuit mystique. Elle possède aussi ses temps d’obscurités et les degrés qui y correspondent. La submersion du monde des sens est comme la tombée de la nuit. Il reste encore une lumière crépusculaire, dernière frange de la clarté du jour. La foi par contre est l’obscurité de minuit parce que non seulement l’activité des sens est éliminée, mais aussi le savoir de la raison naturelle. Cependant quand l’âme trouve Dieu, alors commence déjà à poindre dans la nuit même la lumière de l’aube, celle qui précède le jour nouveau de l’Eternité.
Partie II :
III) - C’est pourquoi il faut aussi que la mémoire soit libérée...
IV) - Le point le plus profond est en même temps le lieu de sa liberté, le lieu où elle peut rassembler tout son être et se décider.
V) - … car quiconque ne se possède pas tout entier, ne peut vraiment pas décider librement, mais se laissera déterminer.
VI) - N’y aurait-il donc que l’âme arrivée au plus haut degré de la perfection, qui puisse prendre ces décisions en parfaite liberté ?
VII) - Le grand mystère que constitue la liberté de la personne, c’est que Dieu Lui-même s’arrête devant elle.
Edith Stein (Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix) : « La Science de la Croix », traduit par P. fr. Etienne de Sainte Marie, o. c. d. Editions E. Nauwelaerts (Béatrice- Nauwelaerts) : Louvain / Paris (1957)
Pages : I) 134 - II) 48-49 - III) 145 - IV) 178- 179 - V) 179 - VI) 181 - VII) 180
Pour la composition de cette œuvre, Jean-Claude Eloy a été inspiré par la lecture de «La Science de la Croix» (Kreuzeswissenschaft) d’Edith Stein. Dans une lecture très personnelle, il a su élaborer - à partir des considérations de Stein au sujet de la lumière et des ténèbres, de l’éclat et de l’ombre - une vaste forme musicale sans paroles, qui peut être entendue en tant que parabole sonore (en souvenir) de la vie d’Edith Stein, jusqu’à son assassinat dans le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Mais peut aussi être écouté comme une «relation dialectique entre guerre et paix».
Dr Christof von Blumroeder,Directeur du Musikwissenschaft Institut de l’Université de Cologne (Traduction de l’Allemand : Ivanka Stoianova)
JEAN-CLAUDE ELOY
“ ... ayant réussi une des synthèses les plus significatives dans la musique du XXe siècle (électronique et acoustique, mais encore traditions non-européennes et tradition occidentale), Jean-Claude Eloy pose et résout dans ses œuvres de façon convaincante un des problèmes essentiels de notre temps : la relation à l’autre, à l’étranger, au différent, non pas en tant qu’objet de curiosité, d’admiration ou de soumission, mais en tant que source vitalisante de l’inspiration créatrice”.
(“The New Grove Dictionary of Music”, 1998, Dr. Ivanka Stoïanova, Professeur à l’Université de Paris VIII).
Né en 1938.
Études au CNSM de Paris (Premiers Prix de Piano, Musique de Chambre, Contrepoint, Ondes Martenot). Classe de composition de Darius Milhaud. Suit les cours d’été de Darmstadt (Pousseur, Scherchen, Messiaen, Boulez, Stockhausen) et devient étudiant de Pierre Boulez à l’Académie de Musique de Bâle (1961-63) où il reçoit également l’enseignement de Stockhausen.
Les oeuvres de Jean-Claude Eloy ont été présentées dans de nombreux pays et continents et dirigées par Pierre Boulez, Ernest Bour, Michael Guilen, Bruno Maderna, Diego Masson,
Michel Tabachnik, Arthur Weisberg, et d’autres ...
Il a vécu aux Etats-Unis (professeur à l’Université de Berkeley dans les années soixante) ; en Allemagne (invité des studios du WDR de Cologne, de la Technische Universität de Berlin, artiste en résidence du Berliner Kunstlerprogramm) ; en Hollande (travaillant pour ses compositions avec l’Institut de Sonologie de l’Université d’Utrecht et au Studio électronique du Conservatoire Sweelinck d’Amsterdam) ; au Japon (où il a entre autres travaillé avec le Studio de musique électronique de NHK et le Théâtre National du Japon).
Il présente régulièrement ses œuvres dans de nombreux festivals internationaux avec les solistes interprètes directement associés à ses compositions : Fatima Miranda (vocaliste), Yumi Nara (soprano), Michael Ranta (percussionniste), Junko Ueda (chanteuse de Shômyô et joueuse de Satsuma-Biwa), Kôshin Ebihara et Kôjun Arai (moines Bouddhistes chanteurs), Mayumi Miyata (joueuse de Shô), etc...
Publié par Heugel, Amphion, Universal Edition (Vienne), il a créé hors territoires en 2004 afin d’aider à la publication de ses textes, livres, enregistrements, partitions.
NOTICE DE L’ŒUVRE :
LE MINUIT DE LA FOI
Pour sons électroniques et concrets
Autour de quelques phrases d’Edith Stein
Enregistrées par l’actrice Allemande Gisela Claudius
Concert non-stop / durée : 2h00
Partie I: «Morgendämmerung» / «Lumière de l’aube» (70’20’’)
(proposition, agitation, contemplation, illumination-jubilation-sublimation)
Partie II: «Dämmerlicht» / «Lumière crépusculaire» (50’06’’)
(interrogation, tension, confrontation)
Première audition en France
Cette œuvre fait partie de mon cycle :
« Chant pour l’autre moitié du ciel » : un cycle consacré à des figures féminines réelles ou imaginaires, et qui comprend jusqu’à présent les œuvres suivantes : « Butsumyôe »
(La cérémonie du repentir) ; « Sappho hikètis » (Sappho implorante) ; « Erkos » (Chant, prière) ; « Galaxies », version avec «… kono yo no hoka…» (« … ce monde lointain … ») ; « Gaia-Songs » (Trois chants à la déesse) ; « Two American Women » ; « Etats-Limites ou les cris de Petra» ; « Le Minuit de la Foi ».
Cette dernière œuvre m’a été inspirée par la lecture de textes d’Edith Stein, figure célèbre (particulièrement dans la ville de Cologne où j’ai souvent travaillé dans le passé), et dont la destinée fut tragique. Née dans une famille juive (bien qu’elle se soit déclarée athée pendant sa période étudiante) ; infirmière pendant la première guerre mondiale (dont elle fut récompensée pour sa bravoure et son dévouement). En 1917, elle fut la première femme à obtenir une thèse en philosophie intitulée « Sur le problème de l’empathie », puis devint la collaboratrice du philosophe Edmond Husserl. En 1919, elle s’engagea dans le Parti Démocrate Allemand. Arrivée à la maturité, elle fut touchée par la foi Catholique et demanda sa conversion afin de pouvoir entrer dans les ordres des Carmélites. Ceci fut réalisé pendant les années 1920-1930.
Elle écrivit alors quelques livres qui apportent des lumières spécifiques grâce à sa connaissance de la phénoménologie (sur Sainte Thérèse d’Avila, sur Saint Jean de la Croix…). C’est pendant cette période qu’elle s’est illustrée par son enseignement dans lequel, dès 1931, elle dénonce les dangers du fanatisme grandissant et insiste sur la nécessité de voir les femmes
s’impliquer pour influer sur le politique…
Réfugiée en 1938 dans un couvent en Hollande, elle est alors entraînée par les évènements, arrêtée par la SS en 1942, envoyée à Auschwitz, et exécutée dès son arrivée… Elle est aujourd’hui canonisée (Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix) et est devenue en 1999 l’une des patronnes de l’Europe.
« Le Minuit de la Foi » est une expression issue d’un livre d’Edith Stein ; « La Science de la Croix ». Dans mon œuvre musicale, les mots d’Edith Stein (tous issus de ce livre) n’interviennent que très occasionnellement et servent à lancer le son. Ensuite, c’est le son qui prend en charge les choses et commente (ou médite) par lui-même, en affirmant
sa spécificité. Il s’agit bien pour moi de matérialiser ce commentaire à travers le son et sa propre logique. C’est une sorte de surdimensionnement et de dépassement du texte
qui convient à l’essence même de la musique.
Celle-ci ne peut commenter un texte au sens strict sans tomber dans une imagerie trop simple, illustrative, anecdotique. La musique se doit d’atteindre une dimension plus globale et plus élevée, à la fois plus sensuelle, plus concrète, et en même temps plus abstraite. La musique devient un métalangage.
La relation entre texte et musique est une relation complexe et dialectique. Ce sont les pulsations de la vie qui nous mènent vers des tensions, voire des paroxysmes, suivis de périodes de relâchement, de concentration, de contemplation. Quand la pensée suit son chemin, elle hésite entre doute et certitude, entre interrogation et affirmation. Le flux héraclitéen des choses est présent jusque dans le cheminement d’une pensée qui cherche à s’approprier le monde… La musique est une voix derrière cette voix ; une parole et des mots qui disent
et ajoutent des choses qui n’ont pas encore été prononcées ou verbalisées.
C’est pourquoi j’ai souhaité transformer le rapport dialectique guerre / paix (inhérent à toute évocation du destin d’Edith Stein) en un rapport entre lumières et clarté ; ombres et obscur ; avec ses tensions, ses fantasmes, ses violences sous-jacentes ou avérées. Cela se réfère directement à cette réflexion sur le clair et l’obscur poursuivie par Edith Stein. Cette opposition entre guerre et paix est malheureusement ce que fût la destinée d’Edith Stein alors qu’elle travaillait à son ouvrage « La Science de la Croix », face à la montée d’idéologies intolérantes et barbares, et jusqu’à son aboutissement dans les persécutions de la Shoah : cette organisation systématique du génocide de masse par un état criminel dont elle fut l’une des innombrables victimes.
Texte d’Edith Stein :
Partie I :
I) - Nous savons déjà par la Nuit des sens qu’il arrive un moment où l’âme se voit privée du goût de tous les exercices spirituels ainsi que de toutes les choses terrestres. Complètement plongée dans l’obscurité et le vide.
II) - Mais, comme la nuit cosmique n’est pas également obscure pendant toute la durée, ainsi en va-t-il de la nuit mystique. Elle possède aussi ses temps d’obscurités et les degrés qui y correspondent. La submersion du monde des sens est comme la tombée de la nuit. Il reste encore une lumière crépusculaire, dernière frange de la clarté du jour. La foi par contre est l’obscurité de minuit parce que non seulement l’activité des sens est éliminée, mais aussi le savoir de la raison naturelle. Cependant quand l’âme trouve Dieu, alors commence déjà à poindre dans la nuit même la lumière de l’aube, celle qui précède le jour nouveau de l’Eternité.
Partie II :
III) - C’est pourquoi il faut aussi que la mémoire soit libérée...
IV) - Le point le plus profond est en même temps le lieu de sa liberté, le lieu où elle peut rassembler tout son être et se décider.
V) - … car quiconque ne se possède pas tout entier, ne peut vraiment pas décider librement, mais se laissera déterminer.
VI) - N’y aurait-il donc que l’âme arrivée au plus haut degré de la perfection, qui puisse prendre ces décisions en parfaite liberté ?
VII) - Le grand mystère que constitue la liberté de la personne, c’est que Dieu Lui-même s’arrête devant elle.
Edith Stein (Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix) : « La Science de la Croix », traduit par P. fr. Etienne de Sainte Marie, o. c. d. Editions E. Nauwelaerts (Béatrice- Nauwelaerts) : Louvain / Paris (1957)
Pages : I) 134 - II) 48-49 - III) 145 - IV) 178- 179 - V) 179 - VI) 181 - VII) 180
Pour la composition de cette œuvre, Jean-Claude Eloy a été inspiré par la lecture de «La Science de la Croix» (Kreuzeswissenschaft) d’Edith Stein. Dans une lecture très personnelle, il a su élaborer - à partir des considérations de Stein au sujet de la lumière et des ténèbres, de l’éclat et de l’ombre - une vaste forme musicale sans paroles, qui peut être entendue en tant que parabole sonore (en souvenir) de la vie d’Edith Stein, jusqu’à son assassinat dans le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Mais peut aussi être écouté comme une «relation dialectique entre guerre et paix».
Dr Christof von Blumroeder,Directeur du Musikwissenschaft Institut de l’Université de Cologne (Traduction de l’Allemand : Ivanka Stoianova)