Restauration de la chapelle de Bélus

02 mai 1970
01m 32s
Réf. 00732

Notice

Résumé :

Rénovation de la chapelle de Cagnotte, en pays d'Orthe. Au cours de cette rénovation, on y découvre des pierres et des sculptures parfaitement conservées sous des plâtrages. Reportage filmant l'intérieur et l'extérieur de cette chapelle avec commentaires en voix off.

Date de diffusion :
02 mai 1970
Source :
ORTF (Collection: JT Aquitaine )
Personnalité(s) :

Éclairage

L'église, dont le père Bréthous entame une heureuse restauration, en cette année 1970 où l'édifice est inscrit aux Monuments historiques, n'appartient pas à Bélus mais à la commune indépendante de Cagnotte dont les origines remontent au Moyen Âge. Si l'histoire de l'abbaye bénédictine, à laquelle se rattachait cette église, demeure en partie obscure, il est assuré que l'occupation du sol remonte dans le secteur à la plus haute Antiquité puisque l'on y a découvert de l'outillage néolithique et reconnu l'existence d'un "camp" que la tradition date de l'époque gallo-romaine.

On ne connaît pas exactement les raisons de l'installation d'une première abbaye bénédictine, mentionnée au IXe siècle, mais on sait qu'elle fut détruite et reconstruite par Raymond d'Aspremont (1) en 1122 et que, par la suite, elle sert de lieu de sépulture aux vicomtes d'Orthe. Détruite en 1740, cette abbaye constitue le cœur d'un petit bourg où la vigne est la culture prépondérante ; d'où le toponyme gascon Cagnotte (Canhòta), dérivé du latin médiéval canis, "cuvier, cuve en bois qui sert pour les vendanges" (2).

Interface entre le nord de l'Europe et la péninsule ibérique, la terre landaise est une zone de passage où se déploie un maillage de chemins jacquaires qui convergent vers Ostabat, au Pays basque, avant le franchissement des Pyrénées à Ronceveaux : c'est donc certainement en raison du fait que Cagnotte se trouve sur l'un de ces itinéraires, la via turonensis, qui recouvre l'itinéraire antique reliant Dax aux cols pyrénéens, que le premier établissement monastique s'est établi en ce lieu.

L'édifice, construit au milieu du XIIe siècle, adopte donc un plan bernardin à chevet plat, caractéristique des édifices landais les plus anciens (3). D'abord charpenté, il est couvert vers 1180, à la suite d'un incendie, de voûtes sur croisées d'ogives (4).

On comprend dès lors l'intérêt de cette bâtisse dont le desservant, en historien avisé, soupçonne, avant tous, les richesses. Reste cependant à soulever des fonds pour mener à bien l'opération. Si les donations spontanées des paroissiens et de la municipalité permettent de parer au plus pressé, il faudra certainement d'autres subsides pour parachever l'œuvre de restauration. Heureusement, la loi n°70-1219 du 23 décembre de cette même année arrive à point puisqu'elle modifie et complète la loi de 1913, instituant l'inscription à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques des objets mobiliers qui présentent un intérêt au point de vue de l'histoire, de l'art, de la science ou de la technique et appartiennent à des collectivités publiques. Cette décision étant désormais déconcentrée au préfet de département, qui doit recueillir préalablement l'avis d'une commission départementale des objets mobiliers, il devrait être plus aisé de se faire entendre, ici, à Cagnotte, et de sauver "ce petit chef-d'œuvre".

(1) Du nom du château d'Aspremont dont les ruines dominent aujourd'hui la ville de Peyrehorade.

(2) Le microtoponyme "Las Cagnotes" se retrouve dans la commune de Préchac-les-Bains dont l'histoire se confond avec celle de l'abbaye de Divielle toute proche. À la lumière de cette nouvelle donnée, nous préférons opter pour cette étymologie en raison du fait que les moines ont largement contribué au développement de la vigne pour produire, entre autre, le vin de messe. De ce fait, nous écartons l'hypothèse suggérée dans le Dictionnaire toponymique des Landes et du Bas-Adour, préférant l'étymon canis qui a, de plus, l'avantage de favoriser la confusion avec l'homophone latin canis, « chien », justifiant de facto, la légende locale.

(3) Empreintes landaises : Parcours "L'art roman dans les Landes".

(4) Bon nombre d'édifices commencés en pleine période romane sont souvent consacrés des décennies plus tard, bénéficiant ainsi, au cours de leur réalisation, des dernières innovations architecturales. Ceci explique le nombre conséquent d'édifices mixtes dotés d'un chœur roman et d'une nef à voûte d'ogives, comme à Cagnotte.

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

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Journaliste
Nous voici à la limite de La Chalosse. A une quinzaine de kilomètres de Dax et à 7 kilomètres de Peyrehorade, nous sommes en Pays d’Orthe dont les sites archéologiques de Sorde-l’Abbaye et d’Arthous sont bien connus. Mais nous avons fait une nouvelle découverte à Cagnotte, dont l’église, pratiquement abandonnée depuis de nombreuses années et flanquée de toute part de granges vétustes, incita un jour son curé, l’Abbé Bretou, à tenter une opération de rajeunissement. Mais en nettoyant et en décapant de-ci de-là, l’Abbé Bretou mit à jour, sous des plâtrages et des crépissages successifs, d’admirables pierres parfaitement bâties et bien conservées. Si le clocher en angulaire et un porche quelconque ne comportaient pas d’intérêt, le chevet à l’Est cachait son originalité. Alors, l’Abbé Bretou, piochant, piquant, jouant du marteau et du burin, a mis à nu l’intérieur de son église. Drôle d’idée, fraîchement accueillie au début par les paroissiens, pourtant au fur et à mesure que les colonnes apparaissaient, que les sculptures se dessinaient, l’opinion changeait peu à peu, si bien qu’une collecte organisée dans Cagnotte rapporta 20 000 nouveaux francs pour 470 habitants ; et que le Conseil Municipal vota un crédit exceptionnel de 20 000 nouveaux francs. Les travaux ont, depuis 1968 bien avancé et de la sorte, un petit chef-d’oeuvre sera peut-être sauvé.
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