L'église Saint-Jean-Baptiste de Château-Gontier
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Résumé
L'église Saint-Jean-Baptiste de Château-Gontier date du XIème siècle. Tout en déambulant avec Roger Gicquel dans ses travées, Maurice Sautier, professeur agrégé de géographie, évoque l'histoire de l'édifice, notamment l'incendie de 1940, ses richesses architecturales et décoratives, ainsi que le Bras de Saint Just, trésor du lieu sorti d'un placard de la sacristie pour les besoins du reportage.
Date de publication du document :
01 nov. 2022
Date de diffusion :
19 mars 1994
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Contexte historique
ParProfesseur certifié d'histoire-géographie au collège Volney, Craon (Mayenne)
Cette vidéo est un extrait de l’émission « En flânant avec Roger Gicquel » diffusée sur France 3 Ouest le samedi 19 mars 1994. La plupart de ces émissions duraient 58 minutes. On peut en voir d’autres sur le site « INA Voyages », notamment sur Concarneau, Saint-Malo, Brocéliande ou Les Sables d’Olonne… Dans tous ces reportages, le rythme est lent, on prend le temps d’écouter les récits, les témoignages, les souvenirs des intervenants, ce qui est très agréable. C’est ainsi qu’on apprend beaucoup de choses en regardant la télévision ! Ce type d’émission existe toujours en 2022 avec par exemple « Envie dehors ! » diffusée le dimanche à 12 h 55 sur France 3 Pays de la Loire et présentée par Julie Hattu. Dans l’extrait qui nous intéresse, Roger Gicquel rencontre Maurice Sautier à Château-Gontier. Tous les deux débutent dans la cour du Louvre (ancienne auberge). Après une vue extérieure, on les retrouve qui déambulent dans l’église Saint-Jean-Baptiste. Les sujets choisis sont les fresques (bien visibles), la crypte et le bras reliquaire de saint Just. On a le temps de suivre les propos de Maurice Sautier (appelé Henri par erreur), notamment ceux concernant la découverte des fresques, qui fait suite aux combats contre l’avancée allemande et à l’incendie de l’église en juin 1940.
Roger Gicquel (1933-2010) est d’abord connu des téléspectateurs pour avoir présenté le journal de 20 heures sur TF1 de 1975 à 1981. Ce journal télévisé débutait par un éditorial dans lequel il donnait son avis sur l’actualité et n’hésitait pas à revendiquer son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique. Il ouvre ainsi le journal du 18 février 1976 par : La France a peur
évoquant l’enlèvement et la mort d’un enfant à Troyes. En fait, ses années d’activité journalistique vont de 1961 à 2003. Il a débuté par la presse écrite : Le Parisien libéré, puis Normandie-Matin. Il effectue une revue de presse pour France Inter de 1968 à 1973. De 1983 à 1986, il présente sur TF1 l’émission « Vagabondages » où il reçoit des personnalités du monde culturel. De 1987 à 1994, il retrouve France Inter pour sa revue de presse du week-end. Dans les années 1990, il produit et anime chaque samedi l’émission « En flânant… » pour France 3 Ouest.
Né à La Flèche (Sarthe) en 1933, Maurice Sautier, professeur agrégé de géographie, enseigne l’histoire et la géographie au lycée Victor-Hugo de Château-Gontier de 1961 à 1995. Il est aussi adjoint au maire de la commune de Château-Gontier de 1977 à 2001, d’abord à l’enseignement, puis au tourisme et à l’information culturelle. Membre du Rotary Club, il organise à plusieurs reprises le concours d’éloquence et la dictée. Il est également président du syndicat d’initiatives de la ville. Pour tous ses engagements, il reçoit plusieurs distinctions : croix du Combattant (ancien d’Afrique du Nord), chevalier des palmes académiques, médaille d’honneur régionale, départementale et communale de vermeil (engagement municipal), médaille de bronze du Tourisme, médaille Mémoire-Solidarité (Office national des anciens combattants), enfin chevalier de la Légion d’honneur le 11 juillet 2003. Très tôt, il s’est intéressé à la vie et à l’histoire locales. Il a notamment écrit : « La colonie bretonne de Château-Gontier » en 1962, ou « Balade à Château-Gontier » en 1989. Il est décédé en 2018.
Vingt-sept ans après la diffusion de ce reportage, Philippe Henry, maire de Château-Gontier-sur-Mayenne, et Vincent Saulnier, maire délégué de Château-Gontier Bazouges, écrivent : Monument emblématique de l’histoire de Château-Gontier-sur-Mayenne, l’église Saint-Jean-Baptiste constitue une balise patrimoniale, qui illumine notre temps : passé, présent et futur. Son chantier de restauration, entre 2015 et 2019, portait une double ambition de restauration exemplaire et de promotion culturelle innovante.
Rien n’a été laissé au hasard. La préparation des dossiers a duré plus d’une décennie. De plus, les travaux de protection du bâtiment et surtout de sauvetage des fresques ont donné lieu à une série de conférences faisant le point sur la restauration de ce patrimoine. En effet, les peintures murales disparaissaient peu à peu… De nombreux corps de métiers sont intervenus et en 2022 une véritable mise en scène de ces peintures est en place.
À la demande de la ville et du Pays de Château-Gontier, la publication d’un ouvrage collectif a été coordonnée par l’association Présence du Haut-Anjou, son nom : « L’église Saint-Jean-Baptiste, son prieuré, son histoire, ses peintures murales ». Acteurs du patrimoine, archéologues et historiens locaux ont participé à la rédaction de ses articles.
Bibliographie
René Gauchet, L’église Saint-Jean-Baptiste, ancienne prieurale bénédictine de Château-Gontier, 1922.
Journaux
- Haut-Anjou, 1968 à 2018
Site internet :
- fr.wikipedia.org/wiki/Roger_Gicquel
- bit.ly/InaVoyages
- Francetvinfo.fr
- whoswho.fr
Entretiens avec Maurice Sautier
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Roger Gicquel
On va aller voir, si vous voulez, la fameuse église Saint-Jean-Baptiste qui domine la ville.
Maurice Sautier
Ah oui !C’est le patrimoine, c’est l’une des origines de notre ville.
Roger Gicquel
Et bien allons-y.
(Musique)
Roger Gicquel
Maurice Sautier, cette église Saint-Jean-Baptiste qui domine la ville, on voit, c’est une très belle église romane du XIème siècle et il faut l’imaginer là… On la voit avec sa grande coupole et ses arcs irréguliers, ses piliers irréguliers, on la voit très sobre, très pure mais il faut l’imaginer décorée, très décorée.
Maurice Sautier
Oui.Donc cette église Saint-Jean-Baptiste dans laquelle nous nous trouvons est l’église mère de Château-Gontier puisqu’elle a été fondée dans la première moitié du XIème siècle par les moines bénédictins de Saint-Aubin d’Angers, à côté du château de Gontier.Alors cette église, vous la voyez dans son état presque primitif parce qu’au cours des siècles, elle avait été affublée de décors plus modernes et, c’est un malheur en 1940, la guerre a incendié cette église et à la suite de cet incendie, nous avons redécouvert que c’était une belle église romane qui a été restaurée d’une manière…
Roger Gicquel
Oui, avec des fresques.
Maurice Sautier
Avec des fresques.
Roger Gicquel
Partout.
Maurice Sautier
La pierre, le grès roussard donc lui donne cette coloration rosée et rousse.Cette pierre ne se prête guère à la sculpture donc on a compensé cela par des peintures murales.Alors ici, on aperçoit sur la gauche…
Roger Gicquel
Oui, des décors héraldiques.
Maurice Sautier
Des décors héraldiques assez bien conservés, ici des décors floraux avec des oiseaux qui rappellent Byzance, un petit peu.Ces fresques dateraient du XIIIème siècle ou du début du XIVème siècle.
Roger Gicquel
Alors ce bombardement de 1940, pourquoi ?Pourquoi le 19 juin 40, juste après l’appel du 18 juin et les Allemands se sont mis à bombarder l’église ?
Maurice Sautier
Oui, alors ce sont les derniers combats d’une armée française qui malheureusement battait en retraite devant la poussée irrésistible de ceux qu’on appelait l’ennemi et…
Roger Gicquel
Et ils l’étaient d’ailleurs.
Maurice Sautier
Oui, c’est l’histoire du réduit breton puisque l’armée française, à certains moments, avait misison de se replier vers la Bretagne comme en 70, 71 et là, de résister.Donc des artilleurs se sont installés à l’entrée du pont, du vieux pont de Château-Gontier et les Allemands arrivaient par la route de Laval avec une colonne de blindés et de fantassins.Et là alors, comme on dit dans le langage militaire, ils se sont fait allumer par nos artilleurs qui apparemment étaient guidés dans leurs tirs par un observateur placé dans le clocher, dans l’ancien clocher.
Roger Gicquel
Oui, le clocher qui ressemblait à l’époque à un mirador d’ailleurs.
Maurice Sautier
Oui, exactement, exactement, oui.Voyant cela, les Allemands ont tiré à l’obus incendiaire sur ce clocher et l’église a pratiquement entièrement brûlé.
Roger Gicquel
Voilà.Et puis bon, on a… l’enduit est tombé et c’est là qu’on a découvert les fresques.
Maurice Sautier
Voilà et qu’on a décidé de…
Roger Gicquel
Il y a ici une magnifique crypte, vraiment magnifique.
Maurice Sautier
Saint-Jean-Baptiste a une crypte qui date du tout début du XIème siècle, c’est par là qu’on a dû commencer.Avec ses colonnes brutes, avec ses…
Roger Gicquel
Mais pourquoi ces symboles celtiques ?
Maurice Sautier
Alors, symboles celtiques… Effectivement, il y a des volutes, il y a des triangles.C’est vraisemblablement l’influence carolingienne et surtout c’est l’influence des moins bénédictins d’Irlande car cette église ici était bénédictine.
Roger Gicquel
Alors, vous avez parlé de reliques.Voilà qu’on a redécouvert le bras de Saint-Just.Alors moi je voudrais bien voir le bras de Saint-Just parce qu’on m’en a beaucoup parlé.On va aller à la sacristie pour ça.
Maurice Sautier
Et bien très bien.On a redécouvert le bras de Saint-Just.
(Bruit)
Roger Gicquel
Alors nous entrons dans la sacristie avec la permission de Monsieur le curé, hein.Il faut quand même le saluer.Alors, nous sommes devant les placards de la sacristie, tout ça pour rappeler que c’est dans un placard qu’on a retrouvé quelque chose qui était cher aux gens de cette église.C’était, c’est le bras de Saint-Just.
Maurice Sautier
Bras de Saint-Just ou de Saint-Just effectivement, qui fait partie du trésor, comme on dit, de Saint-Jean-Baptiste.
Roger Gicquel
Alors on va ouvrir la porte du placard.Et voilà, on va peut-être…
Maurice Sautier
Oui, oui.
Roger Gicquel
Avec votre permission.Mon Dieu, je tremble un peu en…
Maurice Sautier
Non, je ne pense pas que Monsieur le curé fasse des objections, au contraire.
Roger Gicquel
Alors voilà le bras de Saint-Just.Alors racontez-moi l’histoire.
Maurice Sautier
Alors voici donc ce bras de Saint-Just qui a toute une histoire.Il a été fabriqué par un orfèvre de Château-Gontier, Gervais Tressart exactement en 1470.On connait la date précise à l’aide d’un…
Roger Gicquel
Parce que c’est écrit dessus ?
Maurice Sautier
A l’aide d’un parchemin qui se trouve à l’intérieur et qui indique aussi que c’est le bras de Saint-Just, enfant martyr au IVème siècle après Jésus-Christ.
Roger Gicquel
Enfant martyr parce qu’il n’a pas voulu…
Maurice Sautier
Parce qu’il n’a pas voulu dénoncer son père qui s’était converti au christianisme.
Roger Gicquel
Voilà.Alors il y a effectivement des…
Maurice Sautier
On aperçoit quelques…
Roger Gicquel
Morceaux d’ossements qu’on suppose de…
Maurice Sautier
Quelques ossements qui appartiennent au radius ou au cubitus de Saint-Just.
Roger Gicquel
Bon, alors voilà que cette... ce reliquaire précieux disparaît, un jour.
Maurice Sautier
Sous la Révolution, il a été sauvé probablement par une âme pieuse parce que les objets religieux ont été envoyés à la fonte par les hommes de la terreur en 1793, donc il a été caché quelque part et c’est un érudit local, monsieur Guay des Touches qui, en 1857 a redécouvert, a inventé comme on dit, le bras de Saint-Just dans une autre église qui maintenant a disparu.Alors, il a récupéré ce chef-d’œuvre de l’orfèvrerie et il l’a légué aux sœurs bénédictines de Solesmes qui en 1875, l’ont restitué à Saint-Jean-Baptiste.
Roger Gicquel
Alors le placard, l’histoire du placard ?
Maurice Sautier
Et bien l’histoire du placard, c’est vrai que le bras de Saint-Just est allé de placard en placard pendant un certain nombre d’années.
Roger Gicquel
Et il a retrouvé sa place, ici.
Maurice Sautier
Il a retrouvé sa place et il est sous bonne garde parce que c’est vraiment une pièce remarquable et une pièce historique.