Aerolia, portes ouvertes de l'usine composite aux familles des salariés
Notice
L'usine Aerolia ouvre ses portes aux familles des salariés 10 jours avant son inauguration officielle. 6000 personnes ont pu découvrir le bâtiment flambant neuf destiné au composite, un nouveau matériau utilisé pour la pointe avant du cockpit d'Airbus. Carole Moreire, femme de salarié, Syrs Binisse, père de salarié, disent leur admiration. Jean Marc Tamboite, secrétaire CGT Aerolia, se pose quand même la question de l'avenir du site de Méaulte. Pour Jean-Luc Sturlese, directeur d'Aerolia Méaulte, le composite est la solution, car plus léger que les matériaux anciens. Christian Cornille, PDG d'Aerolia Global espère, lui, diversifier sa clientèle.
Éclairage
Le site d'Aerolia à Méaulte (Somme) occupe une place stratégique pour l'économie régionale. Son dynamisme tire non seulement l'ensemble de la filière aéronautique de la Picardie mais il participe aussi grandement au maintien et au renforcement de son socle industriel.
Son histoire remonte loin. Il date du début des années 1920. En effet, un natif de Méaulte, Henry Potez, marque encore de son empreinte le territoire albertin. C'est lui qui, à la tête de sa toute jeune entreprise, "La société des aéroplanes Henry Potez", implanta en 1924 un site de production qui deviendra au milieu des années 1930, le plus vaste hall d'assemblage d'avions au monde.
La victoire du Front populaire (1936) entraîna dans la foulée la nationalisation de l'aéronautique. Concernée, la société d'Henry Potez est absorbée dans la Société Nationale de Construction Aéronautique du nord (SNCAN) dont il sera l'administrateur jusqu'en juin 1940. Les bombardements intensifs de la fin de la seconde guerre mondiale mettent à mal le site de Méaulte qui parvint néanmoins à reprendre sa production après le conflit.
La deuxième moitié du XXe siècle est caractérisée par une vague de fusions successives. La première intervient au milieu des années 50 avec la Société française d'étude et de construction de matériels aéronautiques spéciaux (SFECMAS), ex-Arsenal de l'aéronautique, qui donne naissance, au milieu des années 50, à Nord-Aviation. En 1970, Un autre rapprochement d'envergure entre Nord-Aviation, Sud-Aviation et la Société pour l'étude et la réalisation d'engins balistiques (SEREB) marque une nouvelle étape qui débouche sur la création de la Société nationale industrielle aérospatiale (SNIAS), également appelée Aérospatiale après 1978.
L'ancien site Potez arbore en 1999 le sigle "Aérospatiale-Matra" puis se fond en 2001 dans la société Airbus. La holding (EADS), qui chapeaute alors l'ensemble du groupe aéronautique et spatial civil et militaire, décide, en 2009, de filialiser une partie de ses activités (les "pièces élémentaires" et "pointes avant" d'Airbus) sous la nouvelle bannière de la société Aerolia créée à cette occasion, à laquelle appartient désormais l'usine de Méaulte.
On ne soulignera jamais assez l'importance actuelle de cette unité de production pour le développement du tissu productif et de l'emploi du bassin d'Albert.
L'INSEE Picardie a ainsi montré dans diverses études que sa présence a permis de booster les performances des entreprises locales de la mécanique par le recours aux techniques d'usinage à grande vitesse ou via les nouvelles modalités d'organisation de la sous-traitance industrielle. En termes d'emplois, l'impact d'Aerolia, premier employeur privé de Picardie avec 1500 salariés, est également remarquable. Son activité engendre deux emplois indirects pour trois emplois directs. Sans compter la future plate-forme technologique IndustriLAB qui permettra à terme de doper les capacités de recherche-développement et de formation de l'ensemble des filières industrielles de la région. Aerolia y mettra à disposition une partie de son savoir-faire et de ses équipements.
Suite aux commandes des compagnies Lufthansa et Turkish Airlines, et dernièrement celle massive de la compagnie indonésienne Lion Air portant sur 234 A320 (d'un montant total de 18,4 milliards d'euros !), le site Aerolia de Méaulte dispose de presque 10 années de charges de travail garanties. De quoi assurer la pérennité de l'aéropôle de Méaulte qui bénéficie aussi cette année de la création de nouveaux sites de production des sous-traitants Figeac Aero et Segula. On est typiquement en présence de ce que les économistes appellent les externalités positives impulsant une dynamique globale par effets d'agglomération et de diffusion dans l'ensemble du tissu industriel local.