Bernède : un million de palombes
Infos
Résumé
Chaque année, de nombreuses palombes viennent trouver refuge à Bernède, dans une réserve intercommunale de bois de chênes. Messieurs Capelle et Corsedouat décrivent ces mouvements migratoires. On estime à 1 million le nombre de palombes dans la région.
Date de diffusion :
14 mars 1970
Éclairage
Informations et crédits
- Type de média :
- Type du document :
- Collection :
- Source :
- Référence :
- 00097
Catégories
Thèmes
Lieux
Éclairage
Éclairage
Contexte historique
ParStagiaire archiviste aux Archives départementales du Gers
La palombe ou pigeon ramier (Columba palumbus) est le plus grand des pigeons sauvages européens. Ses effectifs nicheurs sont en augmentation sur l’ensemble de son aire de répartition qui s’étend à toute l’Europe. Si une partie de la population est sédentaire, la grande majorité migre en automne (octobre-novembre). L’essentiel de l’effectif migrant venu de Scandinavie, des Pays baltes, de Russie, de toute l’Europe de l’Est, du Bénélux se rejoint pour « foncer » vers le Sud-Ouest de la France. Une grosse partie franchit les Pyrénées (au niveau du Pays basque et du Béarn) pour terminer sa migration en péninsule ibérique ( dehesas chênaies d’Espagne et montados chênaies du Portugal). Mais un grand nombre, selon les années, passe également l’hiver dans notre région. À l’issu de sa migration, la palombe cherche quiétude et nourriture pour séjourner sur un lieu d’hivernage (décembre-janvier-février) de manière opportuniste. Elle entame ensuite sa migration prénuptiale au mois de mars.
C’est seulement au début du XIXe siècle que remontent les premiers témoignages de l’hivernage des palombes dans le Sud-Ouest de la France (D.Lahetjuzan, 1810). Mais il est probable que pendant presque deux siècles, ce phénomène a conservé un caractère diffus et surtout occasionnel. Les maigres témoignages de l’époque décrivent en effet des stationnements irréguliers. À compter des années 1950, les premières grosses concentrations apparaissent dans la région de l’Armagnac, (B. Faccio, témoignage oral) entre le Gers et les Landes. Dans les années 1960, l’hivernage est beaucoup plus régulier et de nombreuses réserves spécifiques se créent. Au cours des années 1980 à 1990, l'effectif de palombes en hivernage s'accroît. Deux éléments vont alors considérablement favoriser son développement : la mise en réserve de chasse de zones « dortoirs », d’une part ; de l’autre surtout, l’intensification de la culture du maïs. Ces immenses zones cultivées laissées en chaumes avec ses résidus de récolte offrent à la palombe ainsi qu’à de très nombreux passereaux granivores une incroyable opportunité de se nourrir durant l’hiver. Cependant, aucune étude chiffrée n'a été réalisée au cours de ces périodes. Aussi, pour tenter de mieux comprendre ce phénomène d'hivernage, six fédérations départementales de chasseurs du Sud-Ouest (Gers, Gironde, Hautes-Pyrénées, Landes, Lot-et-Garonne, et Pyrénées-Atlantiques) ont lancé entre 1987 et 1989 une enquête communale auprès des présidents d’associations de chasse afin de définir les limites d’une zone d’hivernage. Plus de 250 sites dortoirs ont été inventoriés, dont 170 ont été régulièrement suivis. Ce sont en général des bois de chênes ou d’association chênes/pins. Certains d’entre eux (et non des moindres) sont exclusivement composés de peupliers. Tous ces dortoirs, sans exception, sont en réserve de chasse.
Dans le Gers, ce sont environ une cinquantaine de sites principalement situés dans le Bas Armagnac, la Rivière Basse et l’Astarac qui sont recensés chaque hiver selon un protocole. Ces opérations (ou recensements) sont effectuées à proximité des dortoirs lorsque les palombes partent vers leur zone d’alimentation. Les observateurs sont en poste avant le lever du jour, à l’emplacement où la vision est la plus large possible. Ils suivent en règle générale toujours les mêmes sites. Les comptages se font deux fois par an au cœur de l’hiver (en décembre et en janvier) le même jour pour éviter les doubles comptages. Les effectifs sont très variables d’un hiver à l’autre. En décembre 2018, 1 228 000 palombes ont été comptées contre 102 000 en décembre 2022. La moyenne pour le mois de décembre depuis 1990 est de l’ordre de 350 000 palombes comptées. Dans ce reportage, le « million » annoncé à Bernède en 1970, était probablement exagéré mais certainement estimé avec beaucoup d’émotion. Il demeure un témoignage extraordinaire.
Bibliographie
· François Sabathé, Frédéric Bellot, Rémy Bonneville, « Suivi de l’hivernage des palombes (columba palumbus) dans une zone agricole du Sud-Ouest de la France », Naturzale, 2001. Actes du IIe colloque international Biologie et gestion des colombidés terrestres, p. 95-102.
· D. Lanusse, J. Allou, F. Bellot, F. Sabathé, V. Cohou, P. Mouguiart, E. Robin, J. Werno, « L’hivernage du pigeon ramier dans le Sud-Ouest de la France. Évolution entre 1999 et 2004 », Faune sauvage, n° 273, 2006,:p. 19-23