La Gascogne par Marceau Esquieu
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Résumé
L’écrivain Marceau Esquieu dresse un portrait de la Gascogne. Il décrit à la fois une région géographique, dont les paysages sont représentatifs d’un art de vivre et d’une histoire, et une région linguistique où est parlé le gascon.
Date de publication du document :
14 sept. 2021
Date de diffusion :
20 févr. 1977
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Contexte historique
ParAgrégé de lettres
Publication : 14 sept. 2021
Qu’èm en Gasconha. Nous sommes en Gascogne
. Marceau Esquieu l’affirme d’emblée, dans ce paysage vallonné choisi par lui, à un interlocuteur qui tient dans cette entrevue champêtre le rôle des confidents dans le théâtre classique. On devine sans peine que c’est aux spectateurs qu’il s’adresse en « diseire », en diseur, comme il aimait à se définir lui-même. Ceux qui l’ont connu le retrouvent ici passionnant et passionné, comme toujours.
On a pu écrire que la principale originalité de la Gascogne était la difficulté à la définir. Essayons quand même ! La question mérite en effet d’être posée car, selon le point de vue que l’on privilégie, elle appelle plusieurs réponses qui, de fait, se complètent.
La première réponse peut être suggérée par l’histoire, mais elle n’est pas abordée, à juste titre, par Marceau Esquieu. De la Novempopulanie (province romaine) à la Gascogne actuelle, en passant par le duché de Gascogne au Moyen Âge, ses limites ont constamment évolué au fil des siècles en fonction des vicissitudes historiques comme en témoignent les cartes qui superposent ses divers territoires successifs. La littérature peut être aussi trompeuse : dans Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand va même jusqu’à l’étendre au Périgord : C’est la verte douceur des soirs sur la Dordogne, Écoutez les Gascons, c’est toute la Gascogne
.
Le second critère est géographique : en première approximation, il est convenu d’appeler Gascogne le territoire compris entre l’Océan atlantique à l’ouest, la chaîne des Pyrénées au sud, le cours de la Garonne au nord et, à l’est, celui de la Lèze, un affluent de l’Ariège, elle-même affluent de la Garonne. On note d’emblée que cette délimitation de la Gascogne est conforme à celle que donnent de l’Aquitaine César, au début de la Guerre des Gaules, et Strabon, géographe grec du Ier siècle après Jésus-Christ.
Si l’on veut cerner plus précisément les limites de la Gascogne, il faut recourir à la linguistique et, pour cela, étudier les cartes de l’Atlas linguistique et ethnographique de la Gascogne, dressées d’après les enquêtes menées auprès de locuteurs dont le gascon était la langue maternelle, ouvrage monumental publié sous la direction de son maître d’œuvre, le professeur Jean Séguy. On constate alors sans surprise qu’il faut soustraire de l’aire du gascon le Pays basque et lui ajouter, par-delà la frontière avec l’Espagne, le val d’Aran, où la Garonne prend sa source, cette vallée pyrénéenne du versant nord ayant été définitivement attribuée à l’Espagne par le traité des Pyrénées en 1659.
Marceau Esquieu peut légitimement et fièrement proclamer qu’il est en Gascogne. Reste à préciser dans quelle Gascogne. Le paysage nous montre à l’évidence qu’il n’est pas dans la forêt des Landes ou de la Gironde, ni non plus dans les vallées pyrénéennes, où les caractères linguistiques du gascon sont les mieux conservés. Il est dans ce que l’on qualifiera de partie centrale de la Gascogne, dans ce que l’on pourrait appeler la Gascogne « bossue », pays de « coteaux modérés ».
Remarquons que Marceau Esquieu, qui parle si bien de cette Gascogne et qui visiblement s’y trouve si bien, n’est pas gascon lui-même, bien qu’il en ait le meilleur du caractère. C’est un voisin du Lot-et-Garonne qui s’exprime ici dans son languedocien natal mais que tous les Gascons n’ont aucune peine à comprendre.
À ces critères objectifs, Marceau Esquieu ajoute donc des considérations sentimentales : ce paysage harmonieux est le fruit d’un travail acharné depuis des siècles qui respire une humanité et un art de vivre. Bref, selon sa formule, un pays à la dimension de l’homme
.
Pour ajouter à la difficulté de délimiter la Gascogne, on note enfin qu’elle est partagée, depuis le 29 septembre 2016, entre la Nouvelle Aquitaine et l’Occitanie.
Bibliographie
- Marceau Esquieu, Un biais de dire, Escòla occitana d’estiu, 1977.
- Marceau Esquieu, Lo libre de Paul Froment, 2 vol., Escòla occitana d’estiu, 1986 et 1988.
- Marceau Esquieu (ill. de Jean-Claude Pertuzé), E nos fotèm d'èstre mortals !, IEO ATOTS, 1990.