Présentation des sources
Les documents sélectionnés pour la fresque "Lumières sur Rhône-Alpes" proviennent exclusivement des fonds d'archives audiovisuelles de l'Ina : presse filmée, archives des télévisions publiques nationales et des télévisions publiques régionales.
La presse filmée
De 1940 à 1957 les documents proviennent principalement du fonds de presse filmée dont a hérité l'Ina : "Les Actualités françaises" (AF). La presse filmée, débute au tout début du XXe siècle, soit près de 50 ans avant la télévision. Elle était diffusée dans les salles de cinéma et offrait au public un panorama, généralement hebdomadaire, de l'actualité nationale et mondiale.
Durant la période de guerre les actualités de la presse filmée, hors Pathé et Gaumont qui s'étaient repliés en zone Sud, étaient produites et contrôlées par le régime nazi et les autorités vichystes. Formidable outil de propagande, les documents issus de ce fonds sont donc à prendre avec tout le recul nécessaire.
La fresque présente sur cette période des documents sur "Le retour des prisonniers à Roanne" ou sur "Les bombardements de Chambéry, Saint-Etienne et Lyon". Mais dès 1944 les Actualités françaises relatent l'avancée des troupes de libération "La libération de Lyon" et puis rapidement vient le temps de la reconstruction "Passy : le village de la guérison", "Le premier barrage du Rhône", puis des grands évènements sportifs comme la "Victoire d'étape de Louison Bobet".
Les débuts de la télévision régionale
L'année 1954 voit l'installation de l'émetteur de Lyon Fourvière et le 8 novembre 1954 est inaugurée par Édouard Herriot, maire de Lyon, la télévision régionale installée à Villeurbanne. Les débuts sont difficiles (équipe restreinte, matériels et locaux insuffisants) et permettent, aux rares privilégiés propriétaires d'un poste de télévision, de recevoir surtout les émissions de la 1ère (et seule) chaîne nationale.
Les programmes régionaux débutent le 4 décembre 1954 par un Panorama hebdomadaire qui devient rapidement bi-hebdomadaire. Mais ce n'est que le 10 janvier 1964 que le Journal télévisé régional devient quotidien. C'est aussi cette même année qu'est créée la 2ème chaîne de télévision et l'installation de nombreux émetteurs, étendant de ce fait considérablement les zones de diffusion et potentiellement le nombre de téléspectateurs.
A partir des années 60, les équipes s'étoffent et les caméras (films 16 mm) de muettes (sans possibilité d'enregistrer le son) sont devenues sonores. Les reportages sont plus vivants et tentent de couvrir le territoire et les grandes mutations de cette période : "La construction de Bron Parilly" ; "L'ouverture d'un planning familial à Grenoble" ; "L'ouverture d'un libre service Carrefour" mais aussi "Le tremblement de terre de Corrençon en Vercors".
La fin de l'ORTF
Avec les Jeux Olympiques (JO) de Grenoble de 1968, l'Office de Radio Télévision Française (ORTF) déploie tout son savoir-faire (ce furent les premiers JO retransmis en couleurs). Quelques mois plus tard la télévision régionale couvre les manifestations et les grèves dans les villes de la région, avant elle-même de se mettre en grève. Et si les JO furent retransmis en couleurs, la télévision régionale diffuse, elle, toujours en noir et blanc. La couleur ne fera son apparition sur les antennes régionales qu'au début des années 70 et se généralisera avec la création de la 3ème chaîne en 1973. Après mai 68 la télévision régionale s'enhardit et tente de faire oublier sa réputation de télévision du préfet. La part des sujets "politique et société" croit dans les journaux télévisés, les campagnes électorales sont suivies et la technique aidant, la télévision régionale se professionnalise. Puis en 1974, c'est l'éclatement de l'ORTF en 7 sociétés indépendantes : 3 chaînes de télévision (Télévision Française1, Antenne2 et France-Régions3), la Société française de production (SFP), Télédiffusion de France (TDF), Radio France, et l'Institut national de l'audiovisuel (INA).
Le développement des télévisions régionales
La suppression du monopole de l’État en 1982 dans la télédiffusion et l'augmentation de la durée des programmes quotidiens régionaux confirment le rôle régional de FR3 (la station de Grenoble est inaugurée en juin 1982). Cependant, face à la libéralisation du Paysage Audiovisuel français (PAF), les chaînes régionales de FR3 doivent faire désormais face à la concurrence (à Lyon, TLM est créée en 1988 et M6 Lyon en 1993).
C'est dans ce contexte que les chaînes régionales de FR3 tissent un réseau de correspondants (Archamps, Valence) puis de télévisions locales (locales de Grenoble, de Lyon et Saint Etienne) pour être au plus proche de leur téléspectateurs.
Un outil au service de l'histoire régionale
La presse filmée puis la télévision ont été les témoins du XXème siècle. ujourd'hui internet bouscule les moyens habituels de diffusion de l'image. Les écrans et les modes d'accès sont multiples, l'image est omniprésente et disponible à tout moment. Pourtant le document audiovisuel est devenu sujet d'étude et n'a obtenu son statut d'archive que très récemment.
Les documents sélectionnés pour la fresque Lumières sur Rhône Alpes sont multiples et variés, documents de la presse filmée, documents muets de la télévision, en noir et blanc ou en couleurs ils retracent 70 ans de l'histoire de la Région Rhône Alpes. Leur lecture aurait pu être, avec le recul du temps, parfois difficile à interpréter mais les notices rédigées par des universitaires du Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (LARHRA) replacent l'évènement dans son contexte et font de cette fresque un formidable outil utile à la compréhension de notre histoire régionale.
Pascal Toublanc
Responsable documentaire, délégation Ina Centre-est