Rugby : Bourgoin Jallieu champion de France
Notice
Le Club Sportif de Bourgoin Jallieu a remporté la finale du championnat de France de seconde division en battant en finale l'équipe du Creusot à Bourg-en-Bresse.
Éclairage
En mai 1984, la finale du groupe B du championnat de France de rugby, l'équivalent de la seconde division, oppose le Club Sportif de Bourgoin-Jallieu (CSBJ) au Creusot. Le magazine des sports « 3 Partout » résume le déroulement du match jusqu'à la victoire des Berjalliens sur le score de 12 à 9. Le reportage s'attarde sur quelques phases de regroupement en mêlées et en touches, montre quelques lancement de jeu et des tentatives de pénalités réussies ou infructueuses, et commente quelques chocs rugueux entre les joueurs avec la formule sobre, mais souvent reprise par les médias, d'un « jeu engagé, viril et correct ».
Les joueurs du CSBJ portent le maillot ciel et grenat, les couleurs que le club a choisies dès sa création, en 1906. Le Nord-Dauphiné, l'Ain et l'Isère sont en effet terres de rugby. La présence d'échanges commerciaux et universitaires avec l'Angleterre y a favorisé l'implantation précoce du jeu à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, en permettant à certains clubs comme le CS Vienne en 1937 ou le FC Grenoble en 1954 de remporter le Bouclier de Brennus, symbole du titre national. Bourgoin, cependant, n'accède à la première division qu'en 1966, et ne parvient pas à s'y maintenir de façon régulière avant 1981. La finale du groupe B de 1984 se situe donc à un moment où le club semble stabiliser sa position dans l'élite nationale.
Le match se déroule à Bourg-en-Bresse, où la culture du rugby est également solidement implantée. Les spectateurs, que rien ne sépare du terrain, envahissent la pelouse à l'issue du coup de sifflet final. Le rugby demeure alors un sport de passionnés, suivi par des aficionados qui apprécient le beau jeu, en connaissent les subtilités et cèdent rarement à la violence dans les tribunes malgré, ici, l'importance de l'enjeu et le score équilibré pendant l'essentiel de la partie. En dépit des applaudissements de la foule, le style de jeu n'est pas spectaculaire. Pourtant, la population des campagnes et villes moyennes du Dauphiné apprécie les déploiements de force collective dont Bourgoin s'est fait une spécialité.
Le magazine télévisé donne à voir des joueurs aux gabarits encore peu transformés par les séances biquotidiennes d'entraînement qui deviennent la norme dans le rugby après son passage au professionnalisme en 1995. Au milieu des années 1980, la pratique est encore officiellement amateur ou semi-professionnelle. Les fautes d'arbitrage, que les commentaires se plaisent à égrener, sont considérées comme faisant partie du jeu et n'entraînent pas de commentaires désobligeants : « Bourgoin devient champion de France avec de la chance, mais c'est la loi du sport », conclut le journaliste. Il faudra cependant encore attendre pour fleureter avec les tout meilleurs. Les grandes années du CSBJ, avec ses Marc Cécillon, Sébastien Chabal ou Lionel Nallet, sont encore à venir.