La Sécurité sociale et le problème du logement

17 juillet 1957
01m 39s
Réf. 00002

Notice

Résumé :

Après la guerre, le nombre de logements décents est très inférieur à la demande. Une politique de réhabilitation et de construction est entreprise. Mais il s'agissait aussi de rendre solvables les occupants. Les allocations logements et les aides à l'accession à la propriété constitue un autre volet de cette politique.

Date de diffusion :
17 juillet 1957
Source :

Éclairage

Même si la situation du logement en France était critique depuis le milieu du XIXe siècle, elle est devenue réellement dramatique au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. En plus de centaines de milliers de logements détruits et de deux millions d'autres endommagés pendant cette guerre, le nombre insuffisant de logements, les normes et leur vétusté, mais aussi l'évolution démographique, l'exode rural et la concentration urbaine nécessitent une politique publique forte en la matière.

En effet, près de la moitié des logements sont surpeuplés, l'insalubrité touche 10% de la population. Le confort est très insuffisant, comparativement aux normes actuelles : 4 sur 5 logements ne possèdent pas de WC intérieurs, près de la moitié pas d'eau courante à l'intérieur, 90% des logements ne comportent ni baignoire ni douche.

Un certain nombre de mesures commencent à être prises dès 1944 pour juguler cette grave pénurie de logements décents. Un ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme est créé fin 1944. En 1945 une caisse nationale pour l'amélioration et l'entretien de l'habitat rural et urbain est créée, alimentée par un prélèvement sur les loyers du secteur privé. En 1948 le Fonds national d'amélioration de l'habitat (Fnah) lui succède (elle sera remplacée en 1971 par l'Anah Agence nationale de l'amélioration de l'habitat). De nouvelles modalités de fonctionnement des HBM (Habitations à bon marché) sont définies en 1947. En 1950, ils deviennent des HLM (Habitations à loyer modéré).

La loi de 1948 sur le logement permet une régulation du prix des loyers. Une allocation logement est également créée, qui permet aux ménages à bas revenus de pouvoir occuper des logements avec des normes de confort plus adaptées.

Mais le secteur de la construction n'est pas encore suffisamment organisé et structuré pour répondre à la demande de construction de logements. C'est à partir de l'année 1953 que le logement est mis dans les priorités des politiques publiques et fait l'objet d'un effort considérable. Dès 1953, près de 200 000 logements neufs sont construits, et 270 000 l'année suivante (le Plan « Courant » en prévoit 240 000 par an pendant 5 ans).

L'hiver 1954 rend encore plus aiguë la précarité en matière de logement, amenant l'Abbé Pierre à lancer son célèbre appel et à prendre la décision de construire par ailleurs des logements d'urgence.

La construction de logement ne pouvait résoudre à elle seule cette crise structurelle du logement, il était nécessaire également de solvabiliser les occupants potentiels, qu'ils soient locataires ou accédants à la propriété. Cela a été le rôle de la Sécurité sociale, notamment par l'attribution d'allocations logement dont la législation, les publics visés et les types de logement ont régulièrement évolué depuis (allocation de logement à caractère familial, ALF, à caractère social, ALS, aide personnalisée au logement, APL, etc).

Vincent Poubelle

Transcription

(Musique)
Journaliste
Cette rue, que l’on croirait sortie d’un cauchemar, se trouve être une rue de Paris. Elle pourrait aussi bien se situer à Lyon ou à Marseille. Trop de ces rues sans joie, trop de terrains vagues servent de refuges à des enfants qui n’ont même pas assez de place dans ces taudis. Combien de familles cherchent un logement décent, on n’ose fixer leur nombre. Pourtant, des maisons se construisent.
(Musique)
Journaliste
D’importants immeubles s’élèvent.
(Musique)
Journaliste
Et certes, il n’est pas impossible de trouver un appartement. Mais la plupart du temps, ce n’est pas trouver qui est difficile, c’est faire face à l’achat ou au loyer hors de portée. Ce problème national que ne peuvent résoudre que les constructions accessibles ne pouvait échapper à l’attention de la Sécurité sociale. Certes, il ne lui appartient pas de résoudre la crise du logement mais elle a consenti un effort important dans ce domaine en investissant dans la seule construction 25 milliards depuis huit ans. En subventionnant des offices et sociétés d’HLM, en accordant des prêts individuels ou collectifs sans intérêt, elle a donné des armes à la lutte contre le taudis. L’aide au logement dépasse d’ailleurs la construction proprement dite. Elle s’étend à l’amélioration du foyer, par exemple à l’achat d’appareils ménagers. Cependant, le nombre des intérieurs accessibles et confortables ne répond encore ni à la demande, ni à la nécessité. Mais un point est acquis, la lutte menée contre ce qui porte le plus atteinte à la santé de la famille : l’absence d’un foyer digne de ce nom.
(Musique)