Patrimoines et cultures contemporains

Patrimoines et cultures contemporains

Par Jean-Marie Guillon et Stéphane KronenbergerPublication : 2021

# Présentation

Comparé aux vestiges de la Préhistoire, de l’Antiquité, du Moyen Âge ou de l’époque moderne, le patrimoine qui correspond aux XIXe et XXe siècles est évidemment le plus considérable, puisqu’il reste en grande partie encore présent sous nos yeux. Mais il a été longtemps dévalorisé par rapport aux monuments plus anciens. Même si des changements significatifs se sont opérés en ce domaine, avec en particulier la mise en place d’une active politique de labélisation. Le « goût du passé » qui caractérise nos sociétés contemporaines tend à accélérer le processus de patrimonialisation. Les splendides paysages et la lumière exceptionnelle de la Provence ou de la Côte d’Azur ont par ailleurs attiré, dès la seconde moitié du XIXe siècle et au cours de tout le XXe siècle, de célèbres peintres français et étrangers, auxquels plusieurs musées majeurs sont désormais consacrés dans la région. Cette dernière accueille également de plus en plus de lieux et d’expositions consacrés à l’art contemporain. Enfin la Provence a été pour de nombreux écrivains une terre d’inspiration féconde, sans toutefois que ces derniers y laissent une empreinte aussi forte que les artistes. 

     

# La préservation du passé à l’époque contemporaine

Ce souci de préservation a d’abord concerné la vie rurale et la vie domestique à partir du moment où elles étaient menacées par la modernisation. Le précurseur en ce domaine a été Frédéric Mistral, figure de proue du Félibrige et fondateur à Arles à l’extrême fin du XIXe siècle avec son prix Nobel de littérature du Museon Arlaten où le poète entend témoigner des activités du « peuple des mas et des champs » dont il était issu, en même temps que de la culture provençale. 

Plus d’un siècle plus tard le musée d’ethnologie de la Provence, abritant des dizaines de milliers d’objets, a fait récemment l’objet d’une très importante rénovation. 

Dans la lignée de ce Museon Arlaten, se sont ouverts d’assez nombreux musées locaux à l’initiative d’associations folkloriques ou érudites - par exemple le Musée du terroir marseillais à Château-Gombert (1925) - faisant toute leur part à la vie quotidienne (costumes, outils, objets et meubles d’intérieur, etc.), reconstitutions d’intérieurs ou d’ateliers à l’appui. Plus récemment, la vogue des écomusées – notamment dans les vallées alpines (Champsaur, Ubaye, Queyras) – a prolongé cette vocation. Dans le dernier tiers du XXe siècle, étaient parallèlement créés sur des bases plus scientifiques des musées d’ethnologie comme le Musée départemental de Haute-Provence, non loin de Forcalquier, dans le prieuré roman de Salagon en 1981 (avec une spécialisation rare en ethnobotanique) ou le remarquable Musée des Arts et traditions populaires de Draguignan créé en 1985. Le même mouvement, avec la même inspiration, a touché la préservation du patrimoine artisanal et industriel. Les petites industries qui ont fait la fortune ou la réputation de bien des localités de Provence centrale, et qui ont souvent disparu aujourd’hui, ont suscité l’ouverture de lieux qui leur sont consacrés : Musée de la faïence à Moustiers-Sainte-Marie (Alpes-de-Haute-Provence), Musée départemental de la vannerie à Cadenet (Vaucluse), Musée des tourneurs sur bois à Aiguines (Var), etc. Ce souci mémoriel s’est étendu à des activités industrielles de plus grande envergure : Musée international de la parfumerie à Grasse (Alpes-Maritimes), Musée du cartonnage et de l’imprimerie à Valréas (Vaucluse), Musée de l’aventure industrielle du Pays d’Apt (Vaucluse) consacré au triptyque faïences, fruits confits et ocres, Musée de la mine de Gréasque (Bouches-du-Rhône) pour le lignite, et en 2012 Musée des Gueules rouges à Tourves pour la bauxite du Var, etc.

De plus en plus de bâtiments industriels abandonnés sont réutilisés à des fins mémorielles ou culturelles et sont ainsi sauvegardés. L’ancienne manufacture des tabacs de Marseille, non loin de la gare Saint-Charles, abrite depuis 1992 tout un ensemble d’institutions culturelles qui vont des Archives municipales à la Friche Belle-de-Mai, en passant par l’INA-Méditerranée. À Aix-en-Provence une Cité du Livre ouvre en 1993 après travaux dans l’ancienne manufacture d’allumettes.

C’est également à Aix-en-Provence que se trouve la tuilerie des Milles, témoignant à la fois d’une architecture industrielle remarquable et d’un des épisodes les plus noirs de notre histoire. Elle a en effet servi de camp d’internement pour étrangers entre 1939 et 1942 et d’antichambre à l’extermination des juifs par les nazis.

Ce phénomène de reconversion de bâtiments anciens est depuis longtemps d’usage pour les musées d’histoire. On le vérifie à Salon-de-Provence où celui de l’Armée est installé dans le château médiéval de l’Empéri, tandis qu’à Toulon, celui de la Marine bénéficie des vestiges monumentaux de l’arsenal. Dans cette dernière ville, sur le mont Faron, qui la domine, c’est un élément du système défensif du XIXe siècle, la Tour Beaumont, qui a été utilisé pour installer le Mémorial du Débarquement et de la Libération de Provence, inauguré en 1964 par le général de Gaulle et dont la rénovation a été actée en 2014 et achevée trois ans plus tard.

Si les fortifications anciennes ont depuis longtemps fait l’objet de mesures de préservation, l’intérêt pour l’architecture militaire des XIXe et XXe siècles est plus récent. Sa valorisation est souvent le fait d’associations qui restaurent et font découvrir certaines des constructions défensives les plus spectaculaires qui longent la frontière des Alpes (fortifications Séré de Rivières, par exemple à Sospel, ou ouvrages de la ligne Maginot à Sainte-Agnès, au-dessus de Menton).

# L’architecture contemporaine

La loi Malraux de 1962, en créant des secteurs sauvegardés, a donné une impulsion majeure à la préservation du patrimoine en milieu urbain. Celle-ci concerne de plus en plus, même si c’est de façon inégale, l’urbanisme de la deuxième moitié du XIXe siècle ou du début du XXe, y compris dans ses formes longtemps négligées, comme la statuaire. Mais, évidemment, ce sont les monuments les plus prestigieux qui bénéficient surtout de l’attention des responsables et acteurs du patrimoine, ainsi à Marseille, ces dernières années, pour la rénovation de Notre-Dame de la Garde, de la cathédrale de la Major ou, dans le cadre de « Marseille Provence 2013 Capitale européenne de la Culture », celle du Palais Longchamp dans lequel est notamment  installé le Musée des Beaux-Arts de Marseille.

Les ensembles urbains datant de la « Belle époque » les mieux préservés, en dépit de nombreuses atteintes, se trouvent sur le littoral qui a été transformé par la fréquentation des plus hautes classes de la société à partir de la fin du XIXe siècle. La période est marquée par la construction de grands hôtels et de villas. Dans les Alpes-Maritimes, les villas d’Ephrussi de Rothschild au Cap-Ferrat et de l’archéologue Théodore Reinach, Kérylos, tout à côté, à Beaulieu, en sont les exemples les plus extraordinaires parmi celles que l’on peut visiter. Mais c’est à Nice que l’on trouve l’ensemble le plus remarquable et le plus dense de ces constructions nouvelles, liées à l’essor que la ville a connu après 1860, alors qu’elle devenait la résidence d’hiver d’une partie des plus grandes fortunes européennes. C’est donc ici le tourisme qui a généré un patrimoine exceptionnel.

Les effets de ce tourisme au XXe siècle sont moins positifs. Pourtant, même si l’urbanisation débridée de la deuxième moitié du siècle a largement défiguré la façade littorale, quelques créations architecturales originales par leur modernisme radical ont été sauvées. C’est le cas de la villa Noailles à Hyères, œuvre de Mallet-Stevens, où se sont côtoyés de nombreux artistes. Après un temps d’oubli cette dernière est aujourd’hui devenue, après restauration, un centre d’art d’intérêt national proposant chaque année des expositions remarquées d’architecture, de photographie, de design ou de mode. L’hôtel Latitude 43 à Saint-Tropez ou la villa E-1027 à Roquebrune-Cap-Martin ont également retrouvé toute leur splendeur. 

Cette villa est marquée par la présence de l’architecte suisse Le Corbusier, dont l’œuvre majeure dans la région demeure, bien entendu, l’unité d’habitation - La Cité radieuse - qu’il a construit sur le boulevard Michelet à Marseille entre 1947 et 1952.

# Une région attractive pour les artistes

La région provençale et son littoral qui, de Hyères à Menton, devient la Côte d’Azur après la description que publie en 1887 Stephen Liégeard, ont attiré les peintres qui allaient acquérir une réputation internationale, en même temps que la haute société européenne qui leur achetait leurs œuvres. C’est ce qui vaut à la région une densité exceptionnelle de musées dédiés à des artistes mondialement connus. L’un des premiers a été Paul Signac qui découvre Saint-Tropez grâce à Guy de Maupassant et s’y installe. Le Musée de l’Annonciade conserve certaines de ses œuvres et celles de peintres qui l’ont suivi dans le petit port varois. Matisse et Bonnard ont été de ceux-là, avant d’opter pour les Alpes-Maritimes. C’est pourquoi a vu le jour à Nice, dès 1963, le Musée Matisse, installé dans sa villa de Cimiez, et, bien plus récemment, le Musée Bonnard au Cannet ouvert en 2011.

Ces deux artistes avaient été précédés par Renoir qui s’est installé à Cagnes-sur-Mer à la Belle Epoque et dont le musée a été aménagé, lui aussi, dès 1960, dans la villa ou Domaine des Collettes où il a passé la fin de sa vie. Classé au titre des monuments historiques et labélisé « Patrimoine du XXe siècle », l’écrin de ce musée a bénéficié en 2012-2013 d’une totale rénovation.  

Bien d’autres peintres les suivent, notamment Dufy, Picabia, puis Masson, Chagall dont le musée à Nice consacré initialement au Message biblique est inauguré en sa présence et celle d’André Malraux en 1973, De Staël et, bien entendu, Picasso qui marque plusieurs lieux de son passage, d’abord Antibes où le château abrite depuis 1966 le musée qui lui est consacré, mais aussi Vallauris où il a résidé autour de 1950.

Les rapports de Fernand Léger avec la région sont plus minces. Mais son musée installé à Biot dans une propriété acquise peu avant sa mort, est pourtant l’une des premières constructions de ce type ex nihilo, puisque le bâtiment et son parc sont aménagés sur un ancien terrain horticole.

Les galeristes ont suivi les peintres et leur clientèle. Ils se partagent entre Paris et la Côte. Le plus connu d’entre eux est Aimé Maeght qui, depuis la guerre, a accompagné les principaux artistes du temps (Miro, Chagall, Calder, Kandinsky, Giacometti etc.). Son épouse et lui créent, en 1964, leur Fondation aux abords de Saint-Paul-de-Vence. Le village perché au sommet de sa butte est l’un des rendez-vous du monde littéraire et artistique, avant d’être atteint par la vague touristique, tandis que la Fondation joue d’emblée un rôle pionnier dans l’appréhension par le grand public des formes artistiques neuves.

Son succès tient aussi au cadre que lui a donné l’architecte catalan Josep Lluis Sert, ouvrant ainsi la voie à la création de musées associant l’intérêt d’une collection et l’originalité de l’œuvre qui l’abrite. La plus récente réalisation de ce type, le Musée Cocteau à Menton, ouvert en 2011, le démontre, tant l’attraction qu’il exerce tient aussi à l’écrin que l’architecte varois Rudy Ricciotti a conçu en sublimant extérieurement, comme à son habitude, le béton, tout en faisant jaillir à l’intérieur du musée la lumière méditerranéenne.

Que la Côte d’Azur concentre les principaux lieux consacrés à des peintres du XXe siècle ne peut faire oublier tous les autres, qui, dans la région, ont été marqués par la présence d’artistes. Installé depuis 2013 dans l’ancienne station sanitaire du port de Marseille construite par l’architecte Fernand Pouillon, le musée Regards de Provence, créé par la fondation éponyme, s’efforce de mettre en exergue ce patrimoine artistique et culturel. Martigues possède un musée Félix Ziem depuis 1908, car l’artiste séjournait dans la ville lorsqu’il n’était pas à Nice. Le village de Gordes dans le Luberon a été fréquenté par des photographes comme Willy Ronis ou des peintres comme Chagall ou Vasarely. De leur côté Saint-Rémy-de-Provence et Arles sont indissociables de Van Gogh

Arles abrite également chaque année depuis 1970 les Rencontres internationales de la photographie fondées notamment par le photographe arlésien Lucien Clergue, ami de Picasso ou de Cocteau. Ce dernier a tourné, en 1959, son film « Le testament d’Orphée » avec Jean Marais aux Carrières de Lumières en contrebas du village des Baux-de-Provence. Et puis il y a les sites cézaniens, la Sainte-Victoire et Le Tholonet près d’Aix-en-Provence, L’Estaque à Marseille, par où beaucoup de peintres passent - Monet, Dufy, Braque, Renoir - pour découvrir les lieux et la lumière qui inspirent le maître aixois. Cézanne leur ouvre la route de la Côte d’Azur en même temps qu’il les lance sur la voie que la peinture du XXe siècle allait suivre. Aix-en-Provence, sa ville, l’a pourtant longtemps boudé, avant de se rattraper à partir des années 1950 et d’utiliser la notoriété internationale qu’il lui laisse en héritage. Un film, intitulé « Cézanne au Pays d’Aix » est ainsi diffusé de manière permanente dans une salle du centre d’art aixois de l’hôtel de Caumont, ouvert en 2015 au cœur du quartier Mazarin. L’entreprise Culturespaces, qui le gère, propose aussi aux Carrières de Lumières, au pied du site des Baux-de-Provence, des expositions numériques et immersives mettant en valeur les œuvres majeures de grands peintres, dont en 2021 « Cézanne, maître de la Provence ». Le Musée Granet, l’un des plus vieux musées des Beaux-Arts de la région (1838), complètement rénové en 2006, a par ailleurs enrichi ses collections grâce au dépôt par l’État de plusieurs tableaux du maître en 1984.

Mais, reflet d’une tendance plus générale, le Musée Granet s’oriente aussi vers la peinture contemporaine grâce à d’autres dépôts, qui lui permettent en 2013 d’inaugurer le « Granet XXe » dans l’ancienne chapelle des Pénitents blancs.

# La valorisation de l’art contemporain

Cette évolution, dont le Musée Cantini de Marseille a été l’un des précurseurs en se consacrant aux œuvres contemporaines dès les années 1950, s’inscrit dans un courant qui a vu se multiplier les lieux dédiés à l’art le plus récent. Au premier plan, se trouve la Fondation Lambert à Avignon, créée en 2000 pour mettre en valeur la collection du galeriste parisien Yvon Lambert et agrandie en 2015. Comme Cantini elle réutilise un hôtel du XVIIIe siècle. D’autres ont pris le parti de la création avec des réussites diverses, entre la massivité du MAMAC (Musée d’art moderne et d’art contemporain) de Nice inauguré en 1990 et l’audace du nouveau siège du FRAC (Fonds régional d’art contemporain) de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, ouvert à Marseille en 2013 sur les plans de l’architecte japonais Kengo Kuma

Dès 1976 avait ouvert ses portes dans le quartier du Jas de Bouffan à Aix-en-Provence la Fondation Vasarely, conçue par le père de l’art optique et destinée à accueillir une partie de ses œuvres monumentales. Inscrit aux monuments historiques en 2013, ce centre architectonique, mêlant art et architecture, a retrouvé tout son lustre et sa qualité lumineuse en 2019 à l’issue de plusieurs années de travaux. Ces derniers visaient à enrayer la dégradation du bâtiment, y compris ses célèbres façades, et de certaines œuvres. Le parc a également fait l’objet d’une attentive restauration. 

Depuis 2014, la Fondation Van Gogh, soutenue par le défenseur de l’environnement et mécène suisse Luc Hoffmann fait dialoguer à Arles les œuvres du maître hollandais avec celles réalisées par des artistes contemporains. Officiellement inaugurée en 2021 et portée par sa fille Maja Hoffmann, la Fondation Luma veut allier développement durable et art contemporain. Elle a pour écrin la tour vrillée de l’architecte Frank Gehry, qui s’inspire du coup de pinceau de Van Gogh.

Au large de Hyères sur l’île de Porquerolles la villa Carmignac, ouverte en 2018 par la fondation d’entreprise éponyme, constitue un lieu d’exposition supplémentaire consacré à cet art contemporain. La même année le MUCEM invite l’artiste chinois Ai Weiwei à exposer ses œuvres souvent inspirées d’objets du quotidien, à l’instar du savon de Marseille. En 2021, à l’occasion d’une autre exposition temporaire, c’est cette fois au célèbre plasticien provocateur américain Jeff Koons d’avoir carte blanche pour faire dialoguer certaines de ses œuvres avec les collections du musée.              

Une nouvelle tendance voit par ailleurs l’art contemporain fleurir de plus en plus au sein  de certaines propriétés viticoles de la région parallèlement au développement récent de l’oenotourisme. Ce dernier doit en effet procurer à l’amateur de vin une expérience mémorable, allant bien au-delà de la simple dégustation. Au Puy-Sainte-Réparade, non loin d’Aix-en-Provence, le domaine Château La Coste propose à ses visiteurs une promenade dans les vignes entre art et architecture à la découverte de plusieurs dizaines d’œuvres en suivant notamment le sentier de pierres aménagé par Ai Weiwei. Le chai de vinification, auparavant simple lieu de travail, est désormais magnifié par des architectes de renom, à l’instar de Jean Nouvel au Puy-Sainte-Réparade, de Jean-Michel Wilmotte au domaine La Cavale dans le Luberon ou de Carl Fredrik Svenstedt au Château de Selle à Taradeau dans le Var.   

# L’empreinte légère des écrivains

Si les artistes ont laissé une marque profonde de leur passage ou de leur séjour dans la région, il n'en va pas de même de la foule des écrivains français et étrangers qui, en même temps qu'eux, fréquentant les mêmes lieux et le même monde, s'établissent sur le littoral de Provence depuis la fin du XIXe siècle. Beaucoup y ont écrit, mais peu ont laissé une trace significative, à moins qu'ils sont restés fidèles à la région où ils étaient nés ou qu'ils avaient adopté. C'est plutôt la Provence intérieure qui a apprécié leur présence. C'est Manosque grâce à Giono, l'arrière-pays marseillais pour Pagnol, Maillane et les Alpilles pour Mistral et Marie Mauron, Fontvieille et son moulin pour Daudet, l'Isle-sur-Sorgue avec René Char, Lourmarin où se croisent les traces d'Henri Bosco et d'Albert Camus

Mais c’est à Aix-en-Provence que le prix Nobel de littérature Saint-John Perse lègue ses collections, désormais intégrées au sein de la Cité du Livre.

Un village du littoral varois, Sanary-sur-Mer, devient à partir de 1933 la capitale des écrivains allemands en exil. Après avoir longtemps été oublié, cet accueil d’intellectuels ayant fui le nazisme, comme Thomas Mann, Berthold Brecht ou Lion Feuchtwanger, a fait plus récemment l’objet d’une redécouverte et d’une patrimonialisation. D’aucuns de ces intellectuels exilés à Sanary-sur-Mer sont, dès 1939, internés par les autorités françaises au camp des Milles près d’Aix-en-Provence.      

Faut-il la ranger parmi les écrivains ? En tout cas, c’est par le livre qu’Alexandra David-Néel a fait connaître le Tibet et le bouddhisme et c’est un bout de Tibet - Samten Dzong, « la Forteresse de la méditation » - qu’elle a légué à la ville de Digne.

Littérature, arts plastiques, photographie, cinéma, philosophie, histoire, anthropologie, tout se croise au sein de la création la plus ambitieuse et la plus emblématique de ce début de XXIe siècle : le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MUCEM), inauguré à Marseille en 2013. Associant le vieux fort Saint-Jean et l’architecture audacieuse de Rudy Ricciotti, il entend relier le passé et le présent des sociétés méditerranéennes. Conçu comme un lieu de culture vivante, il est aussi un pôle touristique à vocation internationale. Enraciné par ses collections permanentes en Europe, il concerne les deux rives de la mer commune et il était  donc naturel que le voyage des Repères méditerranéens (devenus Sudorama) se termine par lui. 

# Pour continuer le voyage dans le patrimoine culturel de la région

Pour continuer la visite dans le patrimoine culturel de la région, vous disposez de deux autres parcours thématiques

# Bibliographie

  • 1918-1958. La Côte d’Azur et la modernité, Paris, Réunion des musées nationaux, 1997.    
  • Le patrimoine des communes des Alpes-Maritimes, Paris, Flohic, 2000. 
  • Pascal Bartoli et Jean-Luc Bonillo, L’architecture du XXe siècle dans le Var, Marseille, Éditions Imbernon, 2010.
  • Boris Grésillon, Un enjeu "capitale" : Marseille-Provence 2013, La Tour d’Aigues, Éditions de l’Aube, 2011. 
  • Laurent Jeanpierre, Christophe Kihm et Denys Riout et al., L’art contemporain et la Côte d’Azur. Un territoire pour l’expérimentation 1951-2011, Dijon, Les Presses du réel, 2011.  
  • Béatrice Joyeux-Prunel, Naissance de l’art contemporain 1945-1970. Une histoire mondiale, Paris CNRS Éditions, 2021.