Les Fourberies de Scapin mises en scène par Jean-Louis Benoît à la Comédie-Française
Notice
Interview de Jean-Louis Benoît qui explique avoir cherché à retrouver dans sa mise en scène l'esprit d'une pièce à tréteaux. Un extrait du spectacle, la scène où Scapin enferme Géronte dans un sac et le bat (acte III, scène 2), vient illustrer ce propos, puis Philippe Torreton insiste sur le caractère retors et solitaire de Scapin.
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Éclairage
Avec Les Fourberies de Scapin, qu'il crée en 1671, Molière revient à ses premières amours, la comédie farcesque à l'italienne mettant en valeur la virtuosité actoriale de ses interprètes : il cherche ainsi à réaffirmer le primat du théâtre pur après plusieurs années d'association avec le compositeur Lully, avec lequel il vient de se brouiller ; il s'efforce également de renouer avec le rôle du valet vedette qui lui avait offert ses premiers succès de comédien, avec le Mascarille de L'Etourdi et des Précieuses ridicules. Mais il est malade, physiquement diminué, et sa performance n'est pas à la hauteur de son ambition : le spectacle est un échec, et ne sera pas repris du vivant de Molière. La pièce connaîtra cependant une immense fortune dès 1680, après la mort de Molière.
Réécriture d'une comédie romaine antique, le Phormion de Térence, Les Fourberies de Scapin empruntent aussi largement à l'esthétique de la commedia dell'arte, pour laquelle Molière a beaucoup d'admiration (le valet fourbe Scapin reprend ainsi les caractéristiques du Scappino italien), ainsi que de la farce populaire du début du XVIIe siècle (la scène du sac est une version enrichie d'un numéro de Tabarin).
Au rebours de la tradition dominante, Philippe Torreton n'est pas un Scapin virevoltant et bouffon : au milieu d'une troupe déchaînée, il présente au contraire un calme désabusé, une gravité mélancolique et une surprenante économie de gestes. Solitaire et lucide sur les égoïsmes qui l'entourent, il semble intervenir dans les intrigues des autres personnages par pure passion du jeu, se jouant d'eux comme le ferait un montreur de marionnettes. La mise en scène tout entière est placée sous le signe de l'amour du théâtre, à commencer par la fameuse scène du sac, encadrée par un second rideau de scène.
Voir Les Fourberies de Scapin mises en scène par Jean-Pierre Vincent au Festival d'Avignon (1990)