Hervé BIROLINI, Swapping Substrat

15 juin 2008
09m 50s
Réf. 00601

Notice

Résumé :

« Ce travail débute en 2005 lors d'un court séjour à New York... A l'époque, Je m'imprègne simplement de la vie quotidienne sur place avec l'idée naïve de musicaliser ce que j'en entends et ce que je vis. Je compose donc environ vingt-cinq minutes de ... "quelque chose". (...) Comment se forme le souvenir dans notre esprit ? Quand et comment toutes ces strates se mélangent-t-elles pour donner naissance à ces images floues et trouées du passé ? »

Type de média :
Date de diffusion :
15 juin 2008
Personnalité(s) :
Autres lieux :

Éclairage

« Ce travail débute en 2005 lors d'un court séjour à New York... A l'époque, Je m'imprègne simplement de la vie quotidienne sur place avec l'idée naïve de musicaliser ce que j'en entends et ce que je vis. Je compose donc environ vingt-cinq minutes de ... « quelque chose ».

Je recherche à l'époque un vocabulaire qui me permettrait de toucher à la fiction musicale sans lâcher prise sur la composition de la pièce. Ces quelques plages restent dans le ventre de mon ordinateur plus de deux ans. En écoutant cette session aujourd'hui je prends conscience que mon regard et mon travail ont subit des modifications profondes et j'écoute ce premier jet comme un souvenir. Un écho de mon propre travail qui à l'époque cherchait une direction qui s'est beaucoup plus affirmée aujourd'hui et d'autres qui se sont perdues. Cependant à la réécoute de la maquette, une idée, celle du souvenir, semble traverser toute la pièce et j'ai l'intuition qu'il faut affirmer cela.

Comment se forme le souvenir dans notre esprit ? Quand et comment toutes ces strates se mélangent-t-elles pour donner naissance à ces images floues et trouées du passé ?

Reprendre cette base de travail et rebâtir dessus et dans les trous, glisser une seconde couche plus électrique, plus synaptique, plus abstraite où les moments musicaux presque pop de ce premier jet deviendraient le souvenir au sens propre pour la pièce. Des moments de présence imagés, parfois anecdotiques, où voix, sons réels et sons imaginaires se mêlent dans le seul but de faire traverser à l'auditeur les méandres du souvenir.

Extrait du carnet de notes

New York, 323 West 39th Str.

La chose visuelle qui me frappe en premier c'est l'architecture, sorte de mélange de toutes les grandes époques où la construction marque son temps. Les années 30 sont omniprésentes et se mélangent avec un modernisme dont l'esthétique est toujours un peu usée. Comme toutes les choses ici, tout semble avoir beaucoup vécu et en même temps témoigner d'un passé proche. Il me semble parfois déambuler dans une ville qui serait meublée par tous les vieux meubles rassemblés de ma mère et de ma grand-mère. Elles auraient pris beaucoup de soin à les astiquer avant de les mettre sur le trottoir par respect pour celui qui viendrait les récupérer.

La chose sonore omniprésente c'est le son de la circulation, « Plus doux que celui de Paris ». Mais s'il est discontinu dans la matinée au village du 523 Hudson Str il est permanent en journée ici au 323 West 39ème rue. Ce son de circulation cher à John Cage me commande de m'intéresser à lui comme s'il était l'élément incontournable de cette ville. En dormant les fenêtres ouvertes cette nuit j'ai pu entendre les différents moments de la circulation à Greenwich village, c'est pourquoi certainement cette nuit je vais enregistrer ce trafic pour le morceler en personnages sonores de la nuit New Yorkaise, je me dis qu'ils cohabiteront certainement assez bien avec mes drones radiophoniques.

New York, le 23/05/05.

Premières matières significatives.

Côté forme, j'ai très envie de quelque chose de violent et en rupture. Je voudrais réussir à rendre cette violence positive ou négative que je porte depuis trois jours. Je suis tellement préoccupé par la survie de mes sens qui sont bombardés de toutes parts que je me perds continuellement, ce qui m'oblige à marcher pendant des heures dans un état de semi conscience du chemin que je dois prendre. J'imagine devoir enregistrer des choses plutôt percussives pour pouvoir définir de manière sonore ce sentiment de violence.

D'autres enregistrements se profilent déjà demain je pars pour Boston en train... »

Une production d'Hervé Birolini

Réalisation de Gilles Mardirossian

Avec les voix de Daniel Pierson (comédien) mais aussi celles de Monique, Marie, Vincent et Dominique.

Atelier de création radiophonique, France Culture