Kurt SCHWITTERS, Ursonate
Notice
L'Ursonate est composée par Kurt Schwitters entre 1922 et 1932. Ce poème sonore reprend l'esthétique dada et nous propose ainsi une sonate de sons primitifs (Sonate in Urlauten). Un enregistrement a été réalisé le 5 mai 1932 à Francfort dans les studios de la Süddeutscher Rundfunk.
Éclairage
Né à Hanovre en 1887, Kurt Schwitters est un (sinon le) représentant du Dadaïsme en Allemagne.
Il étudie la peinture à l'académie de Dresde de 1909 à 1914. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Schwitters tourne le dos à la peinture traditionnelle.
Suite au refus de Richard Huelsenbeck de le faire entrer au club Dada de Berlin, Schwitters se construit une esthétique personnelle. Il fonde le mouvement Merz (au carrefour de tous les mouvements de l'avant-garde : Dada, Expressionisme allemand et Bauhaus) et une revue du même nom.
Entre 1922 et 1932, il compose son poème phonétique Ursonate, qu'il publie dans le 24e et dernier numéro de la revue Merz. Cette œuvre reprend la structure d'une sonate dans un esprit purement dadaïste. En guise d'instrument la voix et en guise de notes des consonnes et des voyelles.
La mise en partition de cette œuvre est quant à elle dans l'esprit du Bauhaus. Elle fut réalisée par le typographe Jan Tschichold, un des fondateurs de la typographie moderne. Il recourt à des symboles et des typographies pour rendre compte des différents éléments constituant la sonate. Un filet épais isole les indications relatives à la mesure des temps et se répéte à chaque page, un filet fin indique le passage d'un mouvement à l'autre etc.
« Dans un rythme libre, les paragraphes et la ponctuation sont utilisés comme dans la langue, pour un rythme rigoureux, les barres de mesure ou les indications de mesure apparaissent par la division proportionnée en sections spatiales égales de l'espace typographique, mais pas de ponstuation. Donc ,. ;!?: ne sont lus que pour la tonalité. » K. Schwitters, Merz n°24
Un enregistrement de ce poème a été réalisé le 5 mai 1932 à Francfort dans les studios de la Süddeutscher Rundfunk. Pour autant une polémique subsiste sur d'autres enregistrements. Le livre de Gérard Lebovici, Merz, reproduit fidèlement la partition originiale.
La Seconde Guerre mondiale le poussera à fuir en Norvège puis en Angleterre où il meurt en 1948.